Je suis professeur dans un collège et j'étais en grève ce lundi, le jour de la rentrée : ce n'est pas de gaité de coeur, mais parce que je considère que cette rentrée ne se fait pas dans de bonnes conditions pour mes élèves. Voici donc rapidement une liste des problèmes, que j'ai découverts depuis mardi dernier.
Dans mon établissement, les emplois du temps que j'ai passé une demi-heure à faire copier vendredi à mes élèves, ne sont pas prêts (ils ont d'ailleurs déjà changé depuis). J'ai du leur faire noter un emploi du temps fantaisiste (pas assez d'heures de français, organisation absurde de certaines journées...) car le chef d'établissement m'a expliqué qu'il n'avait toujours pas reçu toutes les information nécessairesà la préparation des emplois du temps définitifs.
Dans mon établissement, une classe n'a pas de professeur de mathématiques (le problème était déjà connu en juin dernier, aucune solution n'a été proposée depuis).
Dans mon établissement, presque tous les projets préparés en juin dernier et qui nécessitaient des moyens, ont disparu : classes à projets, soutien individualisé pour les élèves les plus en difficulté, voyages... Un seul voyage a été maintenu, les élèves et leurs parents sont seulement en train de découvrir la différence entre ce qui était annoncé en juin et ce qui sera effectif cette année.
Dans mon établissement, nous accueillerons cette année 50% d'élèves primo-arrivants de plus que l'an dernier, mais avec 25% de moyens horaires en moins. Nous sommes intervenus pour qu'un professeur réellement qualifié pour l'enseignement du français-langue-seconde enseigne, mais un poste "précaire" d'assistant pédagogique a disparu.
Plusieurs de mes collègues ont reçu pendant l'été une lettre leur demandant d'être tuteur d'un professeur stagiaire, dans des conditions beaucoup plus contraignantes qu'auparavant ... et pour une rémunération qui serait "examinée ultérieurement" !
D'ailleurs, il y aura par exemple un professeur stagiaire seul à enseigner sa matière dans l'établissement, chargé d'autant d'heures d'enseignement que moi et ne bénéficiant que de l'aide hypothétique d'un tuteur enseignant dans un autre établissement et des quelques heures à l'IUFM.
Enfin, mon établissement étant en travaux de réhabilitation, je vous passe les problèmes de confort, de sécurité ou de matériel (comme une ligne téléphonique, ou un portail d'entrée !) liés au chantier...
Bien sûr, si nous informons les parents d'élèves, on aura l'impression de favoriser la fuite des élèves qui le peuvent vers les établissements privés. On pourra aussi nous rétorquer que la situation serait meilleure si nous faisions plus d'heures supplémentaires, par exemple...
Mais la réalité, c'est quand même que le mammouth a été suffisamment dégraissé comme ça et que poursuivre dans cette voie s'apparente plutôt à du démantellement, non ?
Moi, je suis payé que mes élèves apprennent quelque chose ou pas... mais je fais grève aujourd'hui pour dénoncer l'indigence de cette situation.