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Billet de blog 1 mai 2014

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29 avril 2014, naissance de Hollande 2017?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

"On n'a pas eu besoin du centre ou de la droite pour faire passer le texte". Ce propos prêté à "l'entourage" de Manuel Valls (Libé daté du 30.04) laisse pantois. Il s'agit bien entendu de l'une des interprétations optimistes envisageables du vote sur le pacte de responsabilité, mais celle-ci semble particulièrement hors-sol. Que, sous la Vème République, et avec un PS pour l'instant encore majoritaire à lui tout seul en nombre de sièges, ce constat soit présenté comme une victoire en dit long sur l'état d'esprit réel de l'exécutif.

De même, les développements sur "le réveil du parlementarisme" ne sont pas sans intérêt. D'un autre côté, comment ne pas souligner que l'esprit des institutions actuelles n'est pas particulièrement celui d'une émancipation de la représentation nationale et que, surtout, dans l'hypothèse où l'ensemble des députés socialistes auraient voté en faveur du texte, l'événement aurait, à coup sûr, été présenté avec des accents triomphaux à Matignon et  à l'Elysée, sans plus de considération pour les "godillots" de service. Dès lors, se féliciter de la nouvelle dimension prise par l'Assemblée nationale apparaît surtout comme une sorte de lot de consolation.

En fait, je crois principalement que ce mardi 29 avril 2014, à bas bruit, aura marqué l'avènement de la stratégie présidentielle qui se dessine pour 2017, quel que soit le candidat socialiste.

Car le vote positif de quatre députés de l'opposition (3 UDI, 1 UMP) et l'abstention "bienveillante" de 20 autres (17 UDI et 3 UMP) jointe à l'abstention "d'avertissement" de 41 PS (sans compter, bien sûr, le positionnement du Front de Gauche, d'EELV et d'une élue "Nouvelle Donne") dessine les contours de ce que pourrait être la posture du héraut de l'actuelle majorité à la prochaine élection présidentielle.

Qu'il s'agisse de Hollande, ou, s'il est par trop démonétisé, de Valls, il est peu probable que ce candidat puisse nous "refaire le coup du Bourget". Trois ans après avoir officialisé le choix d'une stratégie économique néo-libérale, le renouvellement du tour de passe-passe devient vraiment impossible, quel que soit le talent des communicants recrutés pour l'occasion. Cette évidence conduit à construire un espace majoritaire centriste, ou, en d'autres termes, à faire du Bayrou sans Bayrou.

Il n'est pas impossible que l'opération fonctionne d'ailleurs, tant il peut être facile d'appâter le chaland sur la thématique de la "réconciliation nationale" ou de la "coalition des hommes et des femmes de bonne volonté".

Je suis frappé du peu d'écho de l'hypothèse parmi les commentateurs officiels. En revanche, il me semble qu'elle doit être très vit prise en considération par celles et ceux qui n'ont pas envie de mordre à l'hameçon. 

Il y a du boulot pour construire le contrepoids à cette dérive. Autant s'y mettre tout de suite...

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