J'ai sans doute été inattentif, mais je n'ai pas lu ou entendu beaucoup de commentaires autour de la décision de Groupama de renoncer à être noté par Standard and Poor's (Le Monde daté du 8.12.). Dans le même article, il était mentionné que la Communauté urbaine de Lille, ainsi que quelques villes californienne (dont, tout de même, Los Angeles), avaient suivi un chemin identique. Quant à la Deutsche Post, elle avait juste basculé de S & P vers Moody's et Fitch.
Il aurait pourtant été salutaire de donner un écho plus puissant à ces évolutions. Nous vivons depuis quelques années dans ce monde étrange où la perte du fameux triple A émeut bien davantage commentateurs, économistes et élus que l'envolée du taux de chômage. Et, plus gravement encore, l'essentiel des décisions politiques se prennent en fonction des réactions des "marchés" devenus l'unique phare de notre vie publique. Certes, de l'eau a coulé sous les ponts depuis qu'avec un panache déjà légèrement désuet (voire un tantinet forcé) de Gaulle affirmait que "la politique de la France ne se déterminait pas à la Corbeille". Mais le fameux "principe de réalité" devenu, aujourd'hui, l'alpha et l'omega de tout discours public pointe surtout deux choses tout aussi regrettables l'une que l'autre: une formidable paresse intellectuelle à imaginer ce que pourrait être, y compris au niveau européen, une autre stratégie économique et sociale, et une capitulation idéologique des partis de gauche désormais dominés par le centre droit. C'est bien simple: en dehors de la grossesse de Kate, seul un froncement de sourcils d'une agence de notation peut interrompre le cours tranquille de l'activité médiatique (ah si, j'oubliais: il y a également l'hypothèse d'une rencontre Copé-Fillon...).
Ce bref billet a donc pour unique objet de signaler qu'à la résignation gourmande du social libéralisme ("on ne peut pas faire autrement"), certains, qui ne figurent pas forcément parmi les adhérents du Front de Gauche (par exemple le maire de Los Angeles...) opposent des attitudes dignes d'un horrible qualificatif parfaitement ringard: le volontarisme.
Allez savoir pourquoi on en parle si peu...