Ainsi, le jeune Andy, qui a massacré sa famille en 2009, a été déclaré "irresponsable" par la Cour d'Assises d'Ajaccio. On ne commente pas une décision de justice, et, de toute manière, je ne connais pas le dossier.
En revanche, des "meurtres familiaux", en Corse, il n'y a que ça. Et depuis bien longtemps. Je place à part le meurtre du préfet Erignac, acte de terrorisme intérieur sans guère d'équivalent en France depuis 1945 (je veux parler du fait d'abattre avec préméditation un représentant de l'Etat juste parce qu'il fournit un symbole intéressant et, de plus, une cible sans risque), crime vite oublié, toute honte bue, par la Corse en particulier et la France en général. Sinon, la "famille", au sens maffieux du terme, bien entendu, a toute sa place dans la vie locale, en particulier dans la rubrique règlements de comptes, assassinats, fusillades et racket.
C'est sûr, la Corse, c'est très joli: le GR 20, le fromage, les chants polyphoniques, les plages, les villages haut perchés... Cadre de rêve. Pour le reste, on nous a sur-vendu pendant des années le code d'honneur, l'enracinement d'une culture millénaire, la fierté nationaliste, la morale ombrageuse, la saga insulaire, le tout promu par quelques encagoulés censés défendre un admirable patrimoine menacé par la barbarie continentale et centralisatrice. A l'arrivée, quand les masques (et pas seulement les cagoules) tombent, on a quoi: le clientélisme, la corruption, la fraude, l'affairisme et le grand banditisme.
Il paraît que la population corse (que l'on m'épargne le refrain sur le "peuple" corse) serait elle-même victime de ce système. Peut-être. sauf qu'il y a une manière ne demandant aucun héroïsme particulier de se désolidariser: le bulletin de vote. Or si les notables prospèrent de père en fils, si l'entrecroisement du politique et des trafics en tous genres constitue le socle social, institutionnel et économique de l'île, c'est bien parce que les électeurs se sont prêtés au jeu.
Alors, franchement, "rétablir l'ordre républicain", oui, je veux bien. C'est un air qui a déjà été joué avec de grands succès d'estime et, très vite, le retour aux bonnes habitudes. Franchissons donc un pas supplémentaire et soumettons à référendum national l'indépendance de ce territoire enchanteur. Je suis prêt à voter "oui" avec enthousiasme, et, s'il le faut, dans le pur respect de ces traditions locales séculaires si remarquables, à bourrer les urnes pour débarrasser la France de cet abcès.
Et puis, avoir à portée de main, dans quelques années, un Macao méditerranéen, évolution logique de l'autonomie ainsi accordée, ça peut permettre de passer des week-ends sympa pour pas trop cher.