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Billet de blog 20 août 2012

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Comme un vieux parfum de nostalgie du "Sarkozysme effréné"

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Lorsque Giscard, battu à la présidentielle, se représenta à une cantonale dans le Puy-de-Dôme, la chose fit ricaner ou sourire. Personne, à l'époque, n'envisagea sérieusement l'esquisse d'une reconquête et, en tout cas, personne ne prit l'initiative de la préparer (sauf, peut-être, dans son for intérieur, le principal intéressé). Il faut dire que l'alternance de 1981, même si la déception ne tarda pas à se manifester, avait fait l'effet d'un grand souffle.

François Hollande n'a été, ni mieux, ni plus mal élu que François Mitterrand. Le souffle, en revanche... Est-ce pour cela que se manifeste déjà un léger parfum de nostalgie du président précédent? 

Il y a bien sûr les demi-soldes, les Guéant, Hortefeux et Mignon (Emmanuelle), qui n'ont rien de plus pressé que de constituer une association pour célébrer les mérites de l'ancien boss. Pour le coup, on sourit à peine. Car, j'en suis persuadé, comme le prouve le communiqué sur la Syrie, nous assisterons dans les mois à venir à une stratégie destinée à entretenir la flamme, elle sera organisée, construite et relayée comme il convient. Mais ce n'est pas l'essentiel de mon propos.

La nostalgie, on peut la percevoir en contrepoint des développements divers et variés concernant la "Présidence" dite "normale". Le concept, il est vrai, se prête bien à la raillerie, au scepticisme et à toutes sortes de légitimes interrogations. Mais, au fond, tous ces commentaires ne pointent-ils pas également le fait que "l'autre", l'hyper-président et fier de l'être, l'excité, le ludion, le type qui parlait de tout, n'importe quand et, souvent, n'importe comment, constituait en fait un excellent "client", non seulement autour des comptoirs des bistrots, mais aussi dans les salles de rédaction, les couloirs de l'Assemblée nationale et autres lieux de pouvoir. Heureusement, encore, qu'il y eut le fameux "tweet". Sinon, tous sont condamnés à guetter la première contradiction avec les principes affichés: le feu rouge grillé, le ministre qui abandonne le métro pour la voiture, la note de restaurant un peu salée, le copinage trop évident lors d'une nomination. Si jamais le dérapage est significatif, cela vaudra la peine d'avoir tant attendu, tant veillé. Sinon, eh bien oui, comme dans tant de démocraties voisines, il faudra se résoudre à admettre qu'il peut être un brin "tristounet" de suivre à la trace les détenteurs du pouvoir. Il se trouvera nombre d'observateurs pour le déplorer et faire l'amalgame avec le rythme de la gouvernance, qui est, pourtant, un autre sujet. En ce qui me concerne, cela ne me chagrinera que modérément (combattons nos addictions...).

En revanche, la vraie question qui affleure est la suivante: l'élection du Président au suffrage universel couplée au quinquennat ne constituent-ils pas un encouragement mécanique à une personnalisation exacerbée de la fonction? En d'autres terme, est-il envisageable de gouverner "normalement" (sans occuper à tous propos le devant de la scène, sans braquer systématiquement sur soi les projecteurs, sans concentrer tous les centres de décision) en étant soumis à ces modalités institutionnelles si particulières? Ou, pour le dire autrement, sans verser franchement dans un régime présidentiel à l'américaine qui, au moins, a le mérite de la clarté constitutionnelle.

Je ne sais si cette problématique sera esquissée dans les années à venir. Ce serait pourtant la seule façon intelligente, constructive et politiquement sensée de sortir du débat déjà éventé et sans intérêt sur la "normalité".

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