L'UMP éclatera-t-elle? Peut-être oui, peut-être non. En tout cas, elle est en train de revenir à son état chimique antérieur, à savoir le RPR. Ou, pour rester fidèle au titre de cet article, le RPR à la Chirac se réincarne dans la formation dirigée par... on ne sait qui au juste, mais qui a nom UMP.
On a tendance, éloignement de la scène politique obligent, à conserver de Chirac l'image du brave type qui aimait bouffer et tâtait le cul des vaches avec brio. Pas beaucoup d'idées, certes, mais quelle jovialité. C'est oublier "le bruit et l'odeur" ou, puisque le geste revient à la mode, le bras d'honneur adressé en 2002 aux électeurs de gauche qui votèrent pour lui au second tour. Elle était déjà décomplexée, cette droite-là. Et réunissait, dans des proportions variables, orléanistes et bonapartistes pour reprendre la classification de René Rémond. Elle laissait à ses franges les centristes regroupés dans l'UDF et le Front National qui avaient quelques couleurs déjà, même si elles étaient moins éclatantes qu'avant.
Aujourd'hui, avec l'UDI de Borloo qui, au moins jusqu'aux échéances nationales, devrait avoir le vent en poupe on revient à peu près à ce schéma.
Côté socialiste,l'heure est au molletisme, référence échappant aux plus jeunes, mais renvoyant à Guy Mollet, qui fut le dirigeant de la SFIO avant que Mitterrand ne finisse par manger tout cru un parti qui, néanmoins, comme le PS de 2012, conservait de fortes implantation locales.Un parti de notables, déjà. Et Guy Mollet aurait certainement pu proclamer, en campagne, que "son ennemi était la finance" pour, au gouvernement, mener une politique, au mieux de centre-droit.
La réapparition de la SFIO sous la bannière du poing et de la rose est d'autant plus frappante que l'aile gauche du PS est marginalisée, les communistes, anémiés au sein du Front de Gauche, absents de la coalition gouvernementale et qu'à l'évidence certains ministres rêvent tout haut d'une OPA sur Bayrou. Si Hollande a un peu de mal à endosser l'habit de Président de la République version contemporaine, c'est peut-être parce que sa vraie mesure, il l'aurait donné comme... Président du Conseil de la IVème République.
Il y a donc un petit côté "revival" à tout ceci, avec cette différence frappante du glissement général vers la droite du champ politique et, bien entendu, les ravages de difficultés économiques et sociales dont le premier signal fut donné en 1973, ce qui commence à remonter loin.
Il est peu probable que la fin du monde intervienne le 12 décembre prochain. En revanche, derrière le flou et les incertitudes, c'est une triste couleur sepia qui, pour l'heure, recouvre le théâtre politique français.