"Enfin", me suis-je dit en entendant hier matin sur France Inter une info (non confirmée à cette heure) selon laquelle l'Eglise catholique française s'apprêtait à pratiquer des mariages religieux avant les mariages civils, ce qui est strictement puni par le Code pénal, en rétorsion contre l'instauration du mariage entre personnes du même sexe.
Pourquoi cet "enfin"? Parce que, "enfin" donc, l'assimilation systématique entre intégrisme et islam va trouver de vraies bonnes raisons, actuelles, solides, de devenir totalement obsolète. Car, comme pour le "coup" de la prière du 15 août afin de demander l'intercession de la Vierge Marie pour protéger la famille menacée par ce gouvernement de soudards débauchés, ce ne sont pas d'obscurs groupuscules extrémistes qui s'expriment mais l'Institution, l'officielle, la labellisée par le Vatican. En choisissant de se placer carrément hors des lois de la République, si elle persiste dans son intention, elle rentre dans un rapport de force qui préfigure d'autres affrontements. Et, comble de ma jubilation, la journaliste précisa que des courants pudiquement qualifiés de "conservateurs" d'autres cultes s'apprêtaient à emboîter le cas de Mgr Vingt-Trois et de ses petits camarades.
Je sais bien que la notion de laïcité n'est pas comprise de la même manière partout (à commencer par les Etats-Unis). Il faut bien synthétiser le propos dans le titre d'un article... En fait, je veux dire ceci: on voit se dessiner une convergence de tous les courants fondamentalistes de toutes les religions monothéistes pour engager le fer avec les autorités civiles et imposer leur point de vue dans les affaires de la cité. Il existe des régions du monde où ce combat est à son apogée de violence et d'intolérance. Nous vivons encore sous des climats tempérés à cet égard. Mais, puisque les raisons qui conduisent nombre de nos contemporains à se retourner vers les images, les préceptes et les pratiques rassurants et simplistes des "vrais fois" (car l'un des problèmes de "la" foi, depuis la nuit des temps, est, pour chacune d'entre elles, de se proclamer plus "unique" que ses concurrentes...) ont déjà été analysés (en constatant d'ailleurs qu'elles recoupent souvent les fondements du vote Front National), les conditions paraissent réunies pour une conjuration, une convergence des bureaucraties religieuses intégristes afin d'avancer les pions qu'elles ont en commun.
La stratégie a le mérite d'avancer masquée derrière les oripeaux de la morale réputée donc apolitique. Sauf que, là où ces choses se pratiquent, on a jamais vu un banquier véreux lapidé à la différence des femmes adultères. Et que l'on attend que les cardinaux instaurent des prières pour implorer la Vierge de protéger les salariés contre les patrons incompétents ou voyous. On peut gloser sur les catastrophes attendues d'une atteinte au cadre familial traditionnel. Pourquoi ne pas dénoncer en chaire, ou sur la Thora, ou sur le Coran, les ravages d'un libéralisme amoral et cupide?
Je sais bien qu'il existe, au sein de toutes les religions, des courants modérés, sensibles aux questions sociales, soucieux de ne pas mélanger croyances et affaires publiques. Admettons simplement qu'ils sont aujourd'hui devenus inaudibles et, probablement, très minoritaires.
Le respect le plus profond doit être accordé à toutes celles et ceux vivant leur foi comme une aventure et une recherche intimes, personnelles. C'est le prosélytisme qui est à l'origine de toutes les dérives et, pour l'instant, triomphe en débordant des temples pour se répandre avec de plus en plus d'arrogance là où devrait s'imposer seulement la seule notion qui rassemble, celle de citoyenneté.