Radio numérique terrestre. Le projet promettait une révolution numérique. Il ressemble de plus en plus à un fiasco.
par Delphine Bouchard
La radio du futur devait être la clé d'une meilleure couverture géographique et d'un foisonnement de nouvelles stations. La numérisation apportant des bonus tels que l'écoute en différé ou l'accès à des données interactives. Seulement, l'enthousiasme des premières heures passé, les contraintes réelles apparaissent. Promis pour 2008 par Christine Albanel, alors ministre de la Culture, la pertinence du projet est aujourd'hui remise en cause. Parmi les obstacles rencontrés, le procédé technique de diffusion ne fait pas l'unanimité. La norme choisie, le T-DMB, diffère de celle utilisée dans les autres pays européens. Développée spécifiquement pour la télévision, elle est onéreuse et limite le nombre de fréquences. Les radios indépendantes s'inquiètent alors de leur survie, dans un marché en perte de concurrence. Cependant, les grands groupes ne sont pas en reste. Tout d'abord favorables au projet, la redistribution de l'audience qu'il implique semble leur poser problème. D'autant qu'en période de crise, les revenus publicitaires sont moindres, et les aides de l'Etat incertaines. Dans ce sens, le rapport sur le financement de la RNT précise que « l'intérêt collectif n'est pas suffisant pour que l'Etat y apporte son soutien ». Coup fatal, avant même sa concrétisation, le projet emploie une technologie devenue obsolète. La pluralité de la radio est assurée aujourd'hui par une écoute gratuite sur le net, les mobiles, et le téléchargement de podcasts. Quel public fera alors le choix d'utiliser une radio payante, par le biais de sa facture internet ? Choix idéologique d'accepter l'entrée de ce média dans le monde de la téléphonie.