Comment faire parler de soi quand les sondages annoncent des scores médiocres aux prochaines élections régionales ?
par Audrey Mukoko MuikaEh bien, en utilisant la bonne vielle recette du grand-père Le Pen : un concentré de rhétorique simpliste, une bonne cuillerée d'instrumentalisation avec un zeste de plagiat et ça vous donne une grosse polémique: celle de la campagne d'affiche du Front National pour les régionales de 2010.
Placardée en région PACA sous le titre "NON À L'ISLAMISE", l'affiche en question présente une femme en niquab à côté d'une carte de la France recouverte du drapeau algérien d'où s'élancent des minarets en forme de missiles.
Tous les préjugés et amalgames auxquels nous a habitué le parti sont réunis, avec une obsession: celle de l'islamisme.
Plusieurs associations antiracistes comme le MRAP, l'Espace franco-algérien, le CRAN ou encore le collectif "devoir de mémoire" ont réclamé la suppression de l'affiche sous peine de poursuites judiciaires.
Outre le fait d'assimiler algériens et franco-algériens à des terroristes islamistes, ces associations reprochent au FN d'inciter à la haine raciale, à la diabolisation de l'Algérie mais aussi de stigmatiser les musulmans de France en reprenant le symbole des missiles utilisé dans la campagne suisse contre la construction de nouveaux minarets.
Le responsable de la section FN des bouches-du-Rhône, Jacky Blanc, justifie l'utilisation du drapeau algérien comme une réponse aux tee-shirts en circulation à Marseille qui représenteraient la carte de la France aux couleurs de l'Algérie avant d'ajouter d'un ton offusqué « Il est scandaleux que la France soit recouverte du drapeau du FLN [ sic !] ».
Jacky Blanc aurait besoin de revoir sa copie car faut-il rappeler que le FLN (Front de Libération National) n'est qu'un parti politique et certainement pas l'Etat algérien actuel. Mais tout s'explique lorsqu'on sait que ce même parti à lutter contre l'Algérie française, tant regrettée par Monsieur Le Pen.
Cette affiche aussi nauséabonde soit-elle n'a rien de surprenant de la part du parti d'extrême droite. On est même surpris par son retard relatif dans la flopée de controverses dans ces élections régionales.
Peut être s'est -il senti piétiner dans son ego après les affaires Frêche, Soumaré et a voulu rétablir sa place de grand briseur du "politiquement correct".
Décidément, la campagne des régionales 2010 aura eu son lot de coups bas, d'instrumentalisation et de polémiques malsaines à défaut de débats et de propositions concrètes aux problèmes des français confrontés à la récession;
Un nouveau record du taux d'abstention pourrait bien pointer son nez les 14 et 21 mars prochain.