L’Union Européenne constitue un enjeu majeur pour tous les citoyens européens, du fait des effets des politiques de l’Union dans nos vies quotidiennes et au vu du traitement médiatique constant c’est un sujet d’une permanente actualité…
Par exemple nous profitons des bienfaits de dispositions de droit communautaire lorsqu’on réalise des gestes anodins comme parler au téléphone, lorsqu’on allume la lumière chez nous ou lorsqu’on veut inscrire notre mariage à l’Etat civil du pays européen dans lequel on a décidé de s’installer… de même les institutions européennes veillent à ce que le droit communautaire soit respecté : il y avait seulement quelques heures une délégation du Parlement Européen intégré parmi autres par la députée européenne espagnole (du Groupe Socialist & Democrats et membre du PSOE) était en déplacement au « Village Rom » de Saint Denis et d’Aubervilliers dans le 93 pour connaître les politiques d’intégration municipales .
Mais au-delà de ce but d’enquête et d’information, ce déplacement avait aussi pour but politique implicite de vérifier que le droit à la libre circulation de citoyens européens d’ethnie rom était respecté par les autorités françaises (Notamment vis-à-vis de la politique de l’exécutif français, au sommet duquel se trouve Nicolas Sarkozy).
I. L’idée des « Etats-Unis d’Europe » est une idée française extérieure au débat sur l’Europe des principaux partis espagnols…
Victor Hugo, brillant écrivain et homme d'Etat français fut le concepteur de la notion des Etats Unis d’Europe. Il le conçut au moment ou un fort nationalisme occupait les débats politiques des différents états européens, ce qui rend encore plus évident l‘avant-gardisme de la pensée politique qui était la sienne. Voulant fédérer autour de cette idée, et profitant de l’unité autour du charisme de la figure de Victor Hugo, la Motion Désirs d’avenir lui emprunta cette idée pour rendre davantage évident son ferme engagement européen.
Cependant, en Espagne, bien que le débat sur le devenir juridique et politique de l’union soit riche et passionné, cette notion ne connaît pas une présence remarquable dans les débats politiques autour de la question européenne.
Certes le PSOE porte depuis l’origine le fédéralisme dans son idéologie mais cela était une revendication visant à proposer une structure adaptée à un Pays où les particularités territoriales sont très prononcées.
Sacrifiée, avec les dernières références au marxisme, au nom du consensus constitutionnel pour donner un cadre juridique à l’état complexe qu’est l’Espagne avec la création de l’« l’état des autonomies », cette idée fait encore partie de nos idées.
Cependant le fédéralisme du PSOE sert d’élément d’inspiration à notre politique territoriale interne et surtout à notre organisation interne, et n‘est pas une prétention ou un idéal qu‘on porterait pour la défense d‘une Europe fédérale.
- …ce qui n’empêche pas de reconnaître les mérites du PSOE dans l’impulsion de la construction d’une Europe plus intégrée et plus sociale
(Principaux aspects)
Gonzalez
-Soutien inconditionnel de Felipe Gonzalez à l’intégration de la RFA issue de la réunification au sein de l’Union Européenne. Soutien réciproque de Kohl avec son appui pour une plus grande solidarité européenne (fonds de cohésion). Fonds de cohésion pour la gestion desquels les Communautés Autonomes (Les unités administratives et politiques intégrant la système constitutionnel d'organisation territoriale de l'espagne sous la constitution de 1978) jouent un rôle important. Ce rôle important est à remarquer et de même l'impulsion par l'Espagne socialiste de "l'Europe des régions".
- Felipe Gonzalez contribua au processus d’intégration européenne en soutenant le processus d’intégration politique et monétaire que conduirait au Traité de l’UE.
- Malgré la crise économique de 1993 l’enthousiasme européiste se maintint et ce malgré les très dures critiques du Parti Populaire et son atlantisme fanatique.
- Felipe Gonzalez se plaça aux cotés de Mitterrand dans sa conception d’une Union Européenne plus forte et était sensible aux positions de Kohl
Zapatero
« Sortir d’Irak » et « retourner en Europe » fut le slogan du PSOE lors du retour au pouvoir avec José Luis Rodriguez Zapatero,
L’Europe fut à nouveau une priorité et la très grande campagne lancée à l’occasion du référendum pour l’approbation du référendum sur la Constitution Européenne en rend compte. Des diplomates ayant une notoire expérience communautaire furent nommés aux sommets du Ministère des Affaires Etrangères pour favoriser le retour de l’Espagne au centre du processus d’intégration. Cependant les ampliations à l’est et le nouveau paradoxe des institutions européennes contrôlées par la droite ne permirent pas à Zapatero jouer un rôle aussi central que celui qu’avait été celui de Gonzalez dans le passé.
- Rôle important dans la défense de l’Europe sociale au sein des institutions européennes : Rapport Cercas, de l’Eurodéputé Alejandro Cercas permit de conduire au rejet par le Parlement Européen de la directive de la honte proposée par le Conseil Européen, la directive des 65 heures.
Contributions au débat fédéraliste Européen de l’homme de gauche et homme d’Etat qu’est devenu Pasqual Maragall:
- L’ancien Président PSOE de la Catalogne, Pasqual Maragall, a déclaré, après sa fin de mandat et sa sortie du PSOE, que ’le fédéralisme a été et est depuis un siècle la seule solution aux problèmes de format politique en Espagne et en Europe, maintenant c’est le tour de l’Europe, qui est d’ailleurs devenue notre nouvelle grande patrie » .
- La relative vocation européiste de la droite espagnole comme cause de l’absence de discours fédéraliste européen dans la droite espagnole
Atlantisme eurosceptique du PP
- L’européisme affiché du Parti Populaire espagnol dans son discours se heurte à une défense à outrance des intérêts nationaux au sein des instances européennes, ce qui renoue avec la tradition nationaliste de la droite espagnole et ce sous le prisme d’un clair libéralisme économique et d’un atlantisme exacerbé .
-Cette affirmation peut être prouvée par les différentes décisions et prises de position sous les Gouvernement Aznar (de 1996 à 2004)
L’agenda du Parti Populaire par rapport à l’UE fut axée sur trois thèmes:
- L’Agenda de Lisbonne, invention de Blair et de Aznar, visant à une libéralisation radicale de l’économie de l’UE.
-Agenda de Tampere visant à la création d’un espace de liberté, sécurité et justice, ce qui bien qu’important vis-à-vis de la lutte contre le terrorisme reste dans l’idée de renforcement des pouvoirs « régaliens » sans se soucier des politiques sociales ou économiques.
- Lors des nombreux processus de révision des traités dans cette période, les Gouvernements Aznar ont gardé un profil bas, défendant une Europe intergouvernementale, peu intégrée du point de vue institutionnel et dans sa dimension stratégique liée étroitement à l’axe euro-atlantique. Cela éloignait l’Espagne du fédéralisme promu par la France et l’Allemagne et nous rapprochait de la position
Au-delà de la de la recherche d’une structure fédérale suivant l’idée des Etats-Unis d’Europe il est important de se souvenir de la forme et les circonstances exceptionnelles de création de l’UE, ainsi qu’il ne faut pas oublier qu’il y a seulement 65 on était à l'origine d'une guerre sanglante qui eut un impact très important dans le devenir historique.
Des projets intégrant très rapidement ont souvent échoué, et de mon point de vue personnel il vaut mieux continuer par des réalisations concrètes qui entraîneront in fine la naissance d’un état européen. Voici de mon point de vue personnel les aspects substantiels du débat européen qui nous rassemble nous social-démocrates européens et européistes:
- la promotion d’un approfondissement plus important des institutions de l’Union Européenne pour relever les défis du XXIe siècle et de la crise . Cela permettra la prise de décisions plus agiles, rapides et solidaires pour contrer les inégalités entre Etats européens, englobé dans la notion de l‘« Europe à deux vitesses »
La nécessité d’une gouvernance économique, d’un budget européen digne de ce nom, et déterminé par les représentants des citoyens de l'Union, au sein du Parlement, capable de boucler avec la naissance concomitante de l’impôt européen une vraie structure économique intégré par le volet Monétaire, Fiscal et Budgétaire.
- Le renforcement des pouvoirs du Parlement par le Traité de Lisbonne ne nous sert à rien si on ne convainc pas nos concitoyens et on ne génère pas une participation massive aux élections au Parlement et visant à l’élection d’une majorité de gauche qui est la seule à même de donner une impulsion à la construction européenne et d’élire un président de la commission européiste et non eurosceptique comme Barroso.
Ce scepticisme européen ou du moins cette déconsidération pour l’institution la plus démocratique de l’Union, le Parlement a été remarquée par le député Européen S&D espagnol Miguel Angel Martinez. Il dénonce la pratique Barrosique de se soumettre, sous leur invitation aux questions des Parlements Nationaux dominés par la droite. Cela est une pratique déguelasse car il doit rendre des comptes devant les représentants de l'ensemble des citoyens européens, c'est à dire devant le Parlement. Cette pratique est tellement abérrante et mérite un tel rejet que lors des négociations ayant mené à la signature du Traité de Lisbonne elle fut rejeté très fermement par la majorité des parties.
Un Parlement à majorité progressiste et légitimé par une forte majorité rendrait davantage évident le caractère fallacieux de l'argument utilisé par les gouvernements de droite consistant à défendre la légitimité du conseil européen au détriment de celle du PE. Cet argument veut que le conseil, étant intégré par des représentants de gouvernements qui subissent dans leurs Etats un contrôle poussé par des Parlements légitimés par un vote plus important en proportion aux votes exprimés pour les élections au PE, le conseil aurait davantage de légitimité démocratique que le parlement européen alors même que celui-ci est élu au suffrage universel direct depuis 1979.
- La crise économique est un vrai défi pour l’Union. Pendant des décennies l’intégration du marché s’est faite beaucoup plus vite que l’intégration politique, celle-ci devra désormais prendre le pas. Le monde a changé autour de nous et on doit s’adapter à ce nouveau paradigme.
A un moment où il paraît que le nationalisme est de retour et que le déficit de légitimité de nos institutions communes s’accroît, les nouvelles initiatives européennes auront besoin d’un grand soutien de la part des citoyens et des Etats.
Il faut certes un important approfondissement des institutions pour répondre aux interrogations que nous offre la crise. Elle nous les offre, oui, car un moment de crise est un moment propice pour avancer, pour présenter des plans ambitieux capables de relever ces défis. Se poser la question de la création d’un nouvel état, d’une fédération européenne est légitime et très intéressante mais au vu de l’évolution parcourue des buts et des méthodes très ambitieuses mais peut-être aussi plus plausibles sont à notre portée. Il ne nous reste qu’à saisir l’opportunité que la crise nous offre!
Or malgré cela on a parcouru un chemin plein de réussites et d’avancées depuis 60 ans.
Pour conclure je me poserais la question de savoir si l’idée de Victor Hugo sur les États-Unis d’Europe ne serait elle déjà « atteinte » ou réalisée, vis-à-vis des succès obtenus. Sans vouloir plonger dans le conformisme je veux finir par une citation de Victor Hugo tirée de son discours du 21 août 1849, à l'occasion du Congrès international de la paix de Paris :.
« Un jour viendra où les boulets et les bombes seront remplacés par les votes, par le suffrage universel des peuples, par le vénérable arbitrage d'un grand sénat souverain qui sera à l'Europe ce que le parlement est à l'Angleterre, ce que la diète est à l'Allemagne, ce que l'Assemblée législative est à la France ! . Un jour viendra où l'on montrera un canon dans les musées comme on y montre aujourd'hui un instrument de torture, en s'étonnant que cela ait pu être ! »
Principales sources :
La política exterior de España. De 1800 hasta hoy, 2ª edición, de Juan Carlos Pereira, coordinador. Editorial Ariel. Barcelona, 2010. 728 pág. 45 euros
La Politica Europea de España, Barbé, Esther, (aut.) Editorial Ariel, S.A.1ª ed., 1ª imp.(11/1999) 224 páginas; 21x13 cm
http://www.fundacionideas.es/working_documents