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Billet de blog 30 août 2011

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Les réfugiés somaliens aiment-ils la tomatina?

Dans la Une d'un journal espagnol apparaissait une photo présentant des dizaines de personnes en train de lancer violemment des milliers de tomates sur les personnes entassées dans les rues. En tournant la page, une briève information plagiée d'un télétype d'une grande agence de presse, évoquait que 30 000 enfants étaient morts de faim en Somalie les trois derniers mois.

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Dans la Une d'un journal espagnol apparaissait une photo présentant des dizaines de personnes en train de lancer violemment des milliers de tomates sur les personnes entassées dans les rues. En tournant la page, une briève information plagiée d'un télétype d'une grande agence de presse, évoquait que 30 000 enfants étaient morts de faim en Somalie les trois derniers mois.

«Una imagen vale más que mil palabras, Une image vaut mille mots.» Une honteuse contradiction graphique de notre époque.

Bien que la valeur de ce proverbe populaire est à discuter sur un plan strictement intéllectuel voire philosophique en ce qui concerne le débat sur la valeur des apparences, du réel, le rôle de la perception...je crois qu'il colle très bien avec les propos du présent billet, et ce malgré la dualité graphique qu'il comporte.

Je suis à l'étranger pendant quelques jours, profitant du soleil, de la spiaggia et de la bonne musique. Cependant j'ai pu me procurer un exemplaire d'un des journaux à plus grande distribution en Espagne et j'ai été troublé par l'esthétique résultant de la présentation des informations. Dans la une apparaissait une photo présentant des dizaines de personnes, surtout des hommes, barricadées dans des grands camions semi-remorque en train de lancer violamment les milliers de tomates se trouvant sous leurs pieds sur les personnes entassées dans les rues . L'image présentée en très grand format évoquait la 'tomatina', une fête qui se tient chaque année à Buñol (Communauté Autonome de Valencia) fin août et qui consiste au lancement de tomates entre les participants, mettant en évidence la hausse des bienfaits économiques qu'un tel évèmement entraîne dans la contrée... Par ailleurs une chronique journalière des fêtes de la tomatina serait assurée par l'envoyé spécial du quotidien, assurait-on dans la rubrique.

En tournant la page, une briève information plagiée d'un télétype d'une grande agence de presse, évoquait que 30 000 enfants étaient morts de faim en Somalie les trois derniers mois du fait de la crise humanitaire provoquée par les effets de la guerre fratricide en cours dans ledit pays arabe. Collée à cette information se trouvait un appel de l'Agence des Nations Unis pour les Réfugiés affirmant l'impérieux besoin de collecter 1000 millions d'euros pour pallier la situation. J'ai trouvé la succession des nouvelles, ainsi que le traitement des informations très troublant et révélateur des contradictions de notre existence.

C'est une image de deux évènements au coeur de l'information de cet été en Espagne, mais il est bien connu que les les producteurs de certains légumes en Espagne suivent des pratiques aussi repréhensibles car ils détruissent des centaines de tonnes du résultat des récoltes afin de jouer sur les prix. Et ce malgré les considérables subventions de la politique agricole commune.

Il y a d'autres fêtes en Espagne qui ont soulevé des interrogations semblables notamment conernant le monde animal : le lancement d'un chevreuil depuis le clocher d'une église à Zamora, les Bous embolats oú l'on lache des toreaux aux cornes en feu à Valence et en Catalogne...


Ces images soulèvent en moi d'importantes questions de fond sur les problèmes sociaux, économiques et éthiques accablants de notre temps , mais je tiens éviter tout jugement moral (Que celui qui est sans péché jette la première pierre). L'effet esthétique -aussi limité soit t-il- que peut provoquer la juxtaposition de ces images chez le lecteur justifient pour moi la publication de ce billet.

Parmi ces interrogations : Tradition et culture populaire peuvent elles justifier des atteintes à la dignité des animaux? (La dignité animale existe t-elle?) Rendent elles raisonnable une atteinte à la moralité publique? (Qu'est ce que la moralité publique?) Les revenus économiques d'un tel évènement empêchent ils de réflechir sur leur juste valeur culturelle et anthropologique? D'un autre coté l'esthétique devrait-elle servir de fondement pour l'exercice de la police administrative? Que faire pour obtenir un système de production agricole plus juste? Doit-on essayer de lutter contre les inégalités provoquées par la mondialisation? Comment?

Qu'en pensez vous?

Pbl

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