Alors que la répréssion se durcit à Caracas et en province, le régime vénézuélien cherche à polir son image à l'international. Et se sert de Chávez comme d'un étendard.
Alors que le Venezuela durcit chaque jour son niveau de répression et s'enfonce un peu plus dans la dictature (le principal opposant Leopoldo Lopez est derrière les barreaux depuis un an; le maire de Caracas Antonio Ledezma, depuis deux semaines; sans oublier une centaine d'autres prisonniers politiques), le gouvernement bolivarien de Nicolas Maduro s'offre un encart publicitaire, un tantinet décalé, dans... Le Parisien!
Ladite publicité prend la forme d'une annonce en couleurs en hommage à Hugo Chávez dans les pages "Carnet du jour", à côté des avis de décès. Le président, mort voilà deux ans, le 5 mars 2013, apparait à côté de son successeur Nicolas Maduro, tout sourire. Pour ce dernier, il s'agit surtout de surfer sur la popularité du défunt à l'heure où l'image humaniste que tente de projeter son gouvernement à l'international fait de moins en moins illusion.
Un nombre croissant d'observateurs semble en effet ouvrir les yeux sur la véritable nature du régime bolivarien. Signe des temps: un diplomate brésilien interrogé par L'Express sur ce sujet répond du tac-au-tac: "Mais c'est une dictature, point." Un changement de ton notable par rapport à la bienveillance dont a longtemps bénéficié la "révolution bolivarienne", notamment au Brésil et en Europe.
Afin de polir son image à l'étranger, le gouvernement de Caracas -toujours riche de ses pétrodollars malgré la gravissime crise économique où il a plongé le Venezuela- ne lésine pas sur le marketing et la propagande.
A Madrid, par exemple, une exposition fait actuellement la promotion du régime chaviste au Circulo de Bellas Artes, à 250 mètres du Congrès, sur le thème "Le vrai Venezuela". "Le Venezuela n'est pas le pays dépeint par les gros titres des journaux ces derniers mois", peut-on lire tandis qu'un autre panneau évoque, sans rire, "la stabilité politique, économique et sociale" du pays. Pas un mot en revanche sur la répression, les détentions arbitraires ou encore les pénuries de lait, de viande ou de papier hygiénique...
D'autre part, la formation de la gauche radicale espagnole Podemos est actuellement embarassée par les révélations récentes sur les transferts d'argent reçus en provenance de Caracas par certains de ses dirigeants: au moins 3,7 millions d'euros. Soit un montant nettement plus impressionnant, c'est vrai, que le tarif d'un simple encart publicitaire dans les pages "Carnet du jour" de notre confrère Le Parisien!