LUIS VICENTE LEÓN
Le gouvernement du Président Obama a décidé d’annoncer des sanctions contre plusieurs fonctionnaires du régime vénézuélien, ce qui a eu comme effet de chauffer l’ambiance politique du Vénézuela. Obama a agit dans le cadre d’une déclaration d’urgence nationale face à la menace que, selon lui, représente la crise vénézuélienne pour son pays.
Au delà du fondement de ses mesures unilatérales, que je ne prétend ni analyser ni justifier, cette décision a des impacts politiques très différents au Etats Unis et au Venezuela. En politique, l’important n’est pas tellement la réalité, mais la perception qu’on en a, et c’est en fonction de cette dernière que sont crées les appuis ou les rejets. Déjà l’année dernière, une enquête de Datanalisis sur le sujet était claire: sept de dix vénézuéliens de considérait pas nécessaire que les Etats Unis prenne des mesures unilatérales par rapport à la crise vénézuélienne, et une grande majorité ne voyait pas l’utilité de ces mesures pour résoudre cette crise.
La réalité concrète, au delà de la tonitruante déclaration d’urgence, est que le gouvernement des Etats Unis applique des sanctions contre des fonctionnaires spécifiques, de manière individuelle, en leur retirant leurs visas et en congelant leurs biens personnels. Rien d'autre.
Il n’y a pas d’embargo, ni de blocus, et encore moins n’est prévu aucune invasion de mon pays, action que soit dit au passage, je rejette.
Mais si on se place sur le plan de la perception, nous avons quoi? un acte souverain comme peut l’être celui de donner, refuser ou retirer des visas, ou d’enquêter sur l’origine de certains fonds déposés dans des banques nationales par des personnes résidant officiellement dans un autre pays. Et ceci, passé par la moulinette du régime vénézuélien, devient une sanction nationale et il est rajouté une déclaration d’urgence face au “danger” yankee, qui se fait publique en publiant les noms des sanctionnés. Donc automatiquement, elle n’est plus une sanction à caractère individuel, pour être perçu comme une action globale.
La réponse du régime vénézuélien était prévisible. Il peut maintenant construire une tragédie épique autour de sanctions injustes, qui termineront pas être ce que les gens comprendront …. ou pas! Il est possible que l’impact des sanctions soit positif pour la politique interne des Etats Unis dans le débat entre les démocrates et les républicains, et leurs relations avec les électeurs cubains et les nouveaux électeurs vénézuéliens récemment émigrés; mais l’histoire au Vénézuela va certainement être très différente.
Quand le sujet délicat pour le régime vénézuélien est la terrible crise économique, dans laquelle il n’a aucune possibilité de s’en sortir, le débat maintenant se déplace au plan politique et international, où il a une plus grande marge de manoeuvre. Le régime concentrera toute l’attention de son discours et de son action politique pour faire diversion sur le sujet des sanctions des Etats Unis, qui tombe à pic en ce moment de déclin de popularité (que 17% d’acceptation).
Faut quand même comprendre que les Etats Unis n’ont pas à agir en fonction de l’impact politique interne au Vénézuela, mais il est évident que leurs actions ont un impact sur notre politique. Chaque pays a le droit souverain et unilatéral sur leurs visas, et peut se sentir menacé par qui il veut, mais dans ce cas précis, il donne au régime vénézuélien un excellent argument pour orienter ailleurs le débat interne. Et en effet, il n’a pas fallu attendre bien longtemps pour voir en les Etats Unis un coupable idéal, dans le discours officiel, de la crise, de l’inflation, des pénuries, de la délinquance et de tout ce qui s’en suivra. Que ce n’est pas nouveau comme stratégie? c’est vrai, mais maintenant le régime à un excellent bouc émissaire.
C’est à nous de ne pas être si naïfs pour tomber dans le piège de cette propagande trop facile, car offerte sur un plateau