Selon les estimations faites par des chercheurs économiques de plusieurs universités vénézuéliennes, la proportion de pauvreté pour l’année 2015 sera du 55%, c’est à dire: 18 millions de vénézuéliens seront en situation de pauvreté à la fin de cette année, ceci causé par la chute des revenus, par l’inflation estimée à 150% et aux pénuries d’aliments.
Déclarations de Marino González, professeur du Département de Sciences économiques et administratives de la USB (Universidad Simón Bolívar).
González a coordonnée l’Enquête Conditions de Vie des Vénézuéliens 2014 ENCOVI, à laquelle ont participé l’UCV (Universidad Central de Venezuela), l’UCAB (Universidad Católica Andrés Bello) et l’USB, de laquelle ressort que la situation sociale au Vénézuela est vraiment critique, car selon les chiffres obtenus, l’année dernière, 48% de la population du pays se trouvait en situation de pauvreté selon le niveau de leurs revenus, ce qui selon le Professeur, veux dire que: “ que si la population totale est de 30 millions de personnes, nous parlons de 15 millions qu’en termes de revenus sont en situation de pauvreté, et 23% d’entre eux sont en situation de pauvreté extreme, c’est à dire, qu’ils n’ont pas accès aux aliments, ils n’ont pas de quoi les acheter, et donc se retrouvent en situation alimentaire critique.”
Si à cette situation de pauvreté de 2014, avec une décroissance de 4%, nous ajoutons que les perspectives de croissance économique mondial, le Venezuela figure, selon le FMI avec une décroissance du 7% pour 2015. C’est à dire, que le Vénézuela sera la seule économie d’Amérique qui n’aura pas de croissance positive cette année. Et cela est très inquiétant, car la proportion de pauvreté de l’année dernière va augmenter en 2015, et sera très supérieure aux indices de pauvreté de 1998.
González explique qu’une enquête similaire a été réalisée en 1998, sous la coordination de l’OCEI, et l’indice de pauvreté en termes de revenus était de 45%; en 2014 elle était de 48% et cette année elle sera de 55%. Donc la pauvreté au Venezuela a augmenté de 10 points depuis 1998
La chute des revenus des vénézuéliens est une autre démonstration de l’échec ces dernières années en ce qui concerne la gestion publique, car le Venezuela a subi une décapitalisation de la production durant ces 16 dernières années. La fermeture d’entreprises, les expropriations et les nationalisations, n’ont eu comme conséquence que la cessation et la fuite de l’investissement productifs national et international et on arrive à la situation actuelle: l’économie vénézuélienne n’accroit pas et n’ajoute pas de la valeur. La décroissance du pays ces sept dernières années à causé la fuite vers l’étranger d’une main d’oeuvre qualifiée, ainsi que de professionnels hautement qualifiés.
Le Vénézuela souffre du phénomène de décapitalisation productive le plus rapide d’Amérique, et cela est due aux conditions dans lesquelles est exercé la fonction publique, qui justement n’encourage pas la production nationale, ni l’embauche, ni la sécurité sociale et tout cela à un impact négatif dans la qualité de vie des citoyens.
A ce rythme là, le Venezuela est le pays avec les pires perspectives de croissance au monde d’ici 2020, et ceci est la conséquence directe de cette politique qui n’encourage pas un climat positif pour les investissements, ni la productivité. Donc avec une inflation de plus du 100%, les indices de pauvreté eux aussi décollent.
Lorsque on parle de hyperinflation, on doit aussi considérer le contexte dans lequel se produit ce phénomène. Au Venezuela, avec une décroissance du 7% et une inflation de plus de 100%; la situation est critique.
Inefficacité des “Misiones”
Il ressort de cette enquête ENCOVI 2014, que l’impact des Misiones mis en place par le gouvernement, n’atteint que 8% de la population. Il y a un immense secteur de la population en situation de pauvreté extreme qui ne compte avec aucun mécanisme d’aide, dans un contexte d’augmentation constante des prix des aliments, sans oublier les pénuries, ce qui a un impact négatif supplémentaire dans la qualité de vie des gens.
En 1990, se produisaient dans le pays 20 kilos de viande par personne et immédiatement disponibles à la consommation; les dernières données du BCV (Banco Central de Vénézuela) pour 2013 indiquent 7 kilos par personnes, mais par le biais des importations et non de la production nationale. Ceci est la conséquence directe des expropriation des fermes productrices de viande et le manque de politique encourageant l’investissement dans le secteur agroindustriel. Le résultat est la disparition de la viande de boeuf et du poulet des étals des supermarchés, ainsi que des oeufs, aliment sources de protéines traditionnellement plus accessible aux secteurs les plus pauvres de la population.