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Billet de blog 14 mars 2018

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La première liste transnationale européenne de candidats aux élections est née

Malgré le rejet des listes transnationales par le Parlement Européen, la première liste transnationale européenne de candidats aux Elections de 2019 a été créée à Naples, le 10 mars.

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La première liste transnationale

Le 7 février dernier à Bruxelles, le Parlement Européen a rejeté la proposition d’autoriser la présentation de listes transnationales aux Elections Européennes de 2019.

Le 10 mars, à Naples, la première liste transnationale européenne de candidats aux Elections de 2019 a tout de même été créée.

Sur l’initiative du mouvement de démocratisation de l’Europe, DiEM25 fondé en 2016 par l’ancien ministre des finances grec Yanis Varoufakis, plusieurs forces politiques nationales, régionales et municipales venues de toute Europe se sont réunies publiquement dans la Domus Ars de Naples :

  • le mouvement français de gauche, écologiste Génération-s guidé par Benoît Hamon;
  • la plateforme DeMA, Democrazia e Autonomia, lieu de convergence des luttes napolitaines, guidée par le maire de la ville rebelle, Luigi De Magistris ;
  • le mouvement travailliste, femministe anti-austéritaire polonais, Razem, représenté entre autres par Agnieszka Dziemianowicz-Bąk ;
  • le mouvement de gauche, européiste, libertaire, écologiste, portugais, Livre, représenté entre autres par son co-fondateur Rui Tavarez ;
  • le parti écologiste progressiste européiste danois, Alternativet, représenté par Rasmus Nordqvist ;
  • l’aile électorale de DiEM25 en Allemagne, Bündnis – DiEM25.

Observées par les représentants du mouvement roumain DEMOS, du parti allemand DiB, du Parti Communiste Français, des partis croates Nova ljevica et Zagreb Je NAŠ!, du parti slovène Levica, ainsi que du Parti des Verts Européens et du Parti de la Gauche Européenne, sous le regard bienveillant d’une grande dame de la gauche européenne, Susan George, les forces réunies à Naples ont décidé, dans le contexte d’une réunion ouverte au public et diffusée en direct, de présenter aux Elections Européennes de 2019 :

  • un programme unique,
  • un spitzenkandidat (un candidat fléché pour la tête de la commission) unique ,
  • une coordination unique,
  • une liste de candidats (correspondant à la somme des listes présentées dans chaque pays par chaque parti et mouvement adhérent) qui sera concertée et démocratiquement approuvée par les membres des différents mouvements et partis et qui pourrait prévoir des échanges de candidats entre pays.

Un acte de désobéissance constructive

Cette initiative se présente de manière explicite et délibérée comme un acte désobéissance constructive, c’est-à-dire de désobéissance concertée, manifeste et accélératrice du changement.

Les technocrates de Bruxelles n’ont pas voulu les listes transnationales? Il suffit d’un peu d’imagination et de créativité politique pour les simuler dans le cadre des lois en vigueur.

Une rébellion se développe

Cet acte de désobéissance n’est que le premier d’une longue série, annoncée par les forces réunies à Naples.

L’European New Deal, par exemple, c’est-à-dire le programme économique, élaboré au sein de DiEM25, autour duquel la liste construira son programme, préconise de désobéir au status quo, en utilisant les institutions européennes existantes de manière à simuler un fonctionnement fédéral dans le cadre des traités actuels - et donc sans prévoir de sorties ruineuses et peu réalistes de l’Union Européenne. Ce fonctionnement fédéral assurera la création d’un cadre de politique économique, écologique et sociale capable de lutter contre le sous-investissement, la pauvreté, les inégalités en Europe, de faire face aux crises de la dette publique et privée, de promouvoir les biens publics et communs, et de mettre en œuvre un programme d'investissements verts massifs représentant au moins 4,5% du PIB de l'Union Européenne, en coopération directe avec les villes européennes.

Par une démarche similaire, les forces réunies à Naples prévoient de lancer un processus d'assemblée citoyenne, à partir des villages et des villes de toute l'Europe. Ce processus permettra aux citoyens européens de mettre en place, au moins symboliquement, le processus constitutionnel dont l’Europe a besoin et que les institutions européennes n’ont pas la force de assurer. Ce processus de démocratie participative mettra en chantier une Constitution démocratique écrite par les peuples d'Europe pour les peuples d'Europe, capable de placer les citoyens, les communautés locales et les municipalités au centre de la prise de décision, avant d'aboutir à une Assemblée constituante qui, conjointement avec le Parlement européen, élaborera la future Constitution démocratique européenne d'ici 2025

C’est cela, le noyau dur du programme qui constitue le terrain commun des participants à la réunion de Naples.

Un mouvement de libération européen

Loin d’être un simple cartel électoral, donc, la liste qui vient d’être créée représente l’expression électorale d’une vision commune qui commencer à traverser tout le peuple européen.

Conscientes du fait que les problèmes européens peuvent être résolus seulement au niveau européen, et fièrement opposées à tout projet de compromis avec les institutions européennes, les forces réunies à Naples se sont données comme objectif non seulement la participation aux élections de 2019, mais plus généralement le lancement d’un mouvement que Rui Tavares à a proposé d’appeler de libération européen.

Comme l’a bien formulé, Luigi De Magistris, pendant des années les forces nationales, locales, de la société civile ont résisté à la violence institutionnelle de Bruxelles, le moment est venu de passer à la contre-attaque.

Un appel

Les forces réunies à Naples comptent élargir le périmètre de ce mouvement bien au delà de ses premiers adhérents. Un appel a été lancé à d’autres forces politiques et de la société civile partout en Europe pour qu’elles participent à l’élaboration politique et à l’expression électorale du programme.

Nous soulignons que le processus est grand ouvert à la société civile.

Pendant trop d’années, les politiques professionnels ont eu intérêt à approfondir une distinction artificielle entre politique de terrain et politique institutionnelle, en séparant ainsi l’action citoyenne du pouvoir.

DiEM25, avec tous les protagonistes de Naples, invite les forces de la société civile, les collectivités locales, les initiatives citoyennes à répondre à l’appel et à porter leur savoir-faire, leurs expériences et leurs exigences dans le jeu institutionnel, en contribuant ainsi à forger, par la lutte au coeur des institutions européennes, le peuple européen. 

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