Le 8 mars 2018
Madame la Préfète,
Le comité de soutien des parents d’élèves mobilisés autour de la famille Yepremian a bien pris acte de votre réponse jugeant nos propos « inutilement agressifs » dans la lettre ouverte que nous avons publiée dans les quotidiens locaux et nationaux.
Tout d’abord, Il ne s’agit pas « d’accusations », et permettez-nous de recontextualiser nos propos à lumière de ces éléments :
Depuis octobre, nos messages et demandes de rendez-vous répétés sont demeurés sans réponse. Cette conduite n’est pas respectueuse vis à vis des citoyens et administrés qui vous interpellent.
Nous rappelons la situation d’urgence sociale dans laquelle la famille, dont deux enfants sont scolarisés, se situe : elle se retrouverait à la rue si elle ne bénéficiait pas de la solidarité du comité de parents d’élèves et des associations militants pour les droits des sans-papiers et des demandeurs d’asiles (le Collectif « D'ailleurs Nous Sommes d'Ici » et le Réseau Éducation Sans Frontière).
Nous rappelons que la famille Yepremian a souscrit à toutes vos conditions concernant la révision de son dossier.
Nous rappelons que votre administration a délivré un récépissé à la famille pour rester sur le territoire jusqu’au 1er avril mais sans possibilité de travailler, donc d’obtenir un logement. Contrairement à ce que vous affirmez dans la presse, la famille n'est donc pas en situation irrégulière. En revanche, elle le sera bientôt si rien n'est fait de votre côté, et cette régularisation temporaire, octroyée par vos soins, serait alors sans effet alors qu’elle aurait pu constituer un appui véritable à l'intégration de la famille. Si de votre point de vue la procédure est « accélérée », que devons-nous penser de n’obtenir qu’une seule réponse par voie de presse et seulement début Mars après notre lettre ouverte, conséquence du long silence ce votre administration, et ce, malgré nos nombreuses relances régulières durant ces 5 derniers mois?
Enfin, plus largement, s’il y bien une situation « complexe et délicate » concernant le sort de familles sans papiers ou migrantes, elle est le fruit de l’application de politiques inhumaines sous formes de routines administratives. Nous ne remettons pas en cause le travail et l'intégrité des fonctionnaires que vous représentez, mais bien les politiques mises en place en matière d’immigration depuis plusieurs décennies.
En effet, la « maltraitance des demandeurs d'asile » dont parle M. Toubon, Défenseur des Droits, dans Le Monde du 22 février, au sujet du projet de loi Collomb, ne date pas d'aujourd'hui. Elle va même s'exprimer, nous dit-il, dans une « accélération » des procédures, confinant à l'« expéditif» et débouchant de fait sur des « délais impossibles à tenir ». Comme nous le constatons ici, une fois de plus, pour les demandeurs d'asile, l'accès aux droits est devenu un véritable parcours du combattant.
Avec nos meilleures salutations citoyennes,
Le Comité de soutien de la famille de Karen et Jano,
pour les parents d’élèves de l’école Damien Allard-Jules Ferry, en soutien à la famille Yepremian, avec l'appui des collectifs RESF 86 et DNSI 86 et pour les 400 citoyen(ne)s de Poitiers, signataires de la pétition de soutien.
Contacts :
Florence Paillat (florence.paillat@gmail.com), membre du comité de soutien de la famille Yepremian, présidente de l’APE de l’école Jules Ferry.
Dominique Terrier (artistiquemm@orange.fr), membre du comité de soutien de la famille Yepremian, trésorier de l’APE, délégué des parents d’élèves de l’école Damien Allard Jules Ferry.
Mathilde Vallespir (mathildevallespir@club-internet.fr), membre du comité de soutien de la famille Yepremian, déléguée des parents d’élèves de l’école Damien Allard Jules Ferry.