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Billet de blog 17 février 2013

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Le rêve en crise

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Depuis la fin des années 1990 et débuts 2000, mon intérêt s’est principalement porté sur l’amorce d’un dérèglement qui, sans crier gare, touche aujourd’hui tous les pays d’Europe. Ce phénomène, dont son ampleur s’apparente véritablement à une calamité, plonge aujourd’hui la totalité de ses pays membres dans le marasme le plus complet, sans que quiconque puisse lui donner un sens logique.

         Depuis ma plus tendre enfance, d’une part grâce au cinéma, et plus tard à la télévision, j’ai ingurgité jusqu’à plus soif des « images merveilleuses » d’un peuple barbotant dans un bonheur total : les USA. Ce pays de cocagne, vantant de par le monde les bienfaits de sa culture, comme certains de mes camarades, me subjuguait !  La puissance de son armée qui, après avoir mis à genou les « salles Peaux-Rouges », et tandis qu’elle matait avec la même force les rébellions noires nous arracha, grâce à ses héros, aux griffes du nazisme !  Ma jeunesse durant je me mis donc à rêver de ce pays auquel je tentais de m’identifier, faute de mieux, par la musique, la lecture, et tout ce que nous n’avions pas et qui « venait des states » ! Heureusement, ou malheureusement, l’âge venant, l’écho des « states » devint de plus en plus dissonant, voire même inaudible lorsqu’un jour la guerre froide s’imposa avec son cortège de désillusions. Le conflit du Vietnam nous montra soudain la réalité de ce qu’était une vraie guerre avec en scène des GI, jeunes hommes de notre âge, en train de se faire massacrer presque en direct *! Moi-même soldat à l’époque, et je n’étais pas le seul, je m’imaginais dans cette situation. L’histoire nous confirme que cette guerre ne fut que la première d’une longue série. Nous en sommes là ! Dérouté par une crise de non sans ! Nous demandant pour la plupart, sauf pour les convaincus qui s’imaginent vivre la genèse d’un  rêve européen, comment avons-nous pu en arriver là ? Pourtant, car depuis mon sentiment proatlantiste a beaucoup évolué, l’information contradictoire faisant état du caractère localisé de cette crise, tandis que d’autres sources la réfutent fermement, arguant que nous vivons le début d’un mondialisme flamboyant ! Or, rien de par le monde ne confirme cette idée ! Il est vrai que nous assistons à l’émergence de nouvelles puissances économiques, comme la Chine, L’Inde. Il est vrai que ces pays bougent déjà en prenant de plus en plus de place sur l’échiquier du commerce international. Il est vrai que les vieux voisins et amis de ces puissances se retrouvent propulsés du même coup vers de nouvelles destinées ! Tout cela est vrai, mais pas la cause de tous nos maux ! Plutôt la conséquence ! Alors, qui est en cause ? C’est le capitalisme, et son corolaire, le libéralisme ! Le capitalisme libéralisé est un capitalisme dérégulé, le même actuellement fortement contesté par les capitalistes « traditionnels » respectueux d’une certaine éthique. Autant dire le monde à l’envers ! Ce monde bouge, et parce qu’il bouge, telle une rangée de dominos, les règles bougent également. La règle d’or du commerce d’hier perd pied. L’économie des États-Unis d’Amérique, fondée sur le capitalisme, se retrouve au deuxième rang, voire plus bas. De reine elle devient vassale. Les règles jusqu’alors dictées avec fermeté par les USA changent de main ! L’hégémonie puissante de cette nation, et son contrôle sur le commerce international commencent à se fissurer. Deuxième puissance mondiale jusqu’à peu, l’Europe est devenue alors la vache à lait des marchés boursiers afin d’aider une économie nord-américaine très mal en point, et je résume ! L’économie d’Amérique du Nord a trop longtemps vécu en marge des intérêts de la population de ce pays, en laissant les libéraux dilapider ses propres richesses, son propre potentiel, son réel savoir-faire. Les libéraux, aidés des financiers et des gouvernements pourris successifs, ont mis à mal toute la société américaine, laissant dans la rue des dizaines de millions de gens sans aucune ressource, très certainement plus de soixante-dix millions ! Le mode de vie, mais aussi et surtout la part infime de l’aide l’état apporté aux plus démunis, pèse aujourd’hui très lourd dans la balance. Les retraites par capitalisations, objet d’une attention très particulière des boursicoteurs, jettent dans la rue des millions de pauvres vieux obligés de travailler tant que ceux-ci peuvent marcher : des laveurs de voitures à 85 ans. Le rêve se meurt si tenté qu’il ait un jour existé ! De l’avis d’une opinion de plus en plus large d’Américain, s’il a un jour existé, il ne reste que le rêve !   

        Je joins à ce document un article relatant, en résumé, le film* produit et réalisé par Michael Moore sur la situation économique de son pays à la veille du renouvellement du deuxième mandat de Barack OBAMA ? C’est édifiant !

*Je n’évite pas nos propres guerres coloniales tout aussi iniques.

*Téléchargeable gratuitement.

L'Amérique a toujours aimé le capitalisme. Dans ses péplum ou dans ses films bibliques, le sous-texte n'est-il pas éconoique ? Ne pourrait-on entendre ici un appel de Jésus à suivre la voie du capitalisme, ou refuser ici de soigner un malade non assuré ?

Moore lui-même, enfant, adorait aller chercher son père à la sortie de l'usine ; adorait changer de voiture ; adorait le mode de consommation américain.

Comment en est-on arrivé aujourd'hui à une telle disproportion entre les gens qui ont tout et ceux qui n'ont rien ? Le miroir aux alouettes du crédit s'est mis en place. Alors que les entreprises voyaient exploser leur profit, elles ont maintenu un bas niveau de salaires. Pour écouler leurs marchandises, elles ont usé de persuasion pour convaincre les Américains que leur maison valait de l'or. Il leur suffisait s'emprunter sur la valeur de leur maison, en hausse avec la hausse de la richesse nationale, pour continuer à dépenser sans compter avec leur bas niveau de salaire. Pour les plus fragiles, la catastrophe ne s'est pas fait attendre. Escroqués par des contrats qu'ils avaient à peine lus avec des taux exorbitants ou simplement victime d'un accident les privant de leur emploi, ils ont du vendre leur maison. Ils se retrouvent sans rien après avoir remboursé les crédits.

Un agent immobilier de Miami a pu fièrement baptisé son agence "Vautour Immo". Il revend des maisons saisies. Il cède pour 350.000 dollars une maison achetée 800.000 par ses anciens propriétaires. "Bienvenue à Miami crash", lance-t-il fièrement avant de se justifier : "Tout le monde a envie de profiter du malheur des autres. Les vautours ne tuent pas, ils nettoient. La différence entre eux et moi : je ne me vomis pas dessus le matin."

La situation tragique se révèle dans ce couple de classe moyenne qui s'est fait piéger et se retrouve aujourd'hui devoir quitter sa maison et même plus tôt que prévu. Le shérif a en effet un ordre d'expulsion plus précoce que ce que la banque avait indiqué. L'homme doit lui-même nettoyer la maison qu'il abandonne. La banque le paye 1 000 dollars pour cela, sachant qu'il lui en coûterait bien plus pour le faire faire.

Au début des années 1980, Ronald Reagan, conseillé par les banques de Wall Street, Merrill Lynch en tête, a lancé une vaste opération de dérégulation planétaire, enrichissant les plus riches au détriment de la classe moyenne. La logique du capitalisme est de faire des profits.

Ainsi ce propriétaire qui avait investi dans un centre de redressement privé pour mineurs du comté de Wilkes-Barre (Pennsylvanie). Les gestionnaires rémunéraient les juges qui leur envoyaient de jeunes pensionnaires et les incitaient à multipliert les condamnations pour les faits les plus anodins, rallongeant les peines en cours de route pour faire du chiffre. Le propriétaire avait appelé son yacht : "Le justicier des mers".

Si encore la dérégulation permettait de payer bien ceux qui travaillent dur. Ce n'est pourtant pas même le cas. Ainsi ces pilotes de ligne, endettés sur vingt ans pour avoir financé leurs études à crédit et... payé 20 000 $ par an. Cela les contraint à pointer à la soupe populaire ou à trouver un job d'appoint. Des étudiants contractent des prêts de 100 000 $, et devront les rembourser au quintuple, faute de trouver un boulot assez rémunérateur.

A Flint, c'est depuis longtemps le cas. Moore revient avec son père sur les lieux aujourd'hui désaffectés où s'étendait l'usine Generals Motors. Aujourd'hui, cinq voitures de police viennent expulser un père et sa fille. Celle-ci tient la caméra et regarde son père refuser de coopérer.

Comment coopérer avec une société qui fait des bénéfices sur ses employés en souscrivant sans leur dire une police d'assurance ? Moore dénonce aussi les sociétés, parmi les plus respectables des Etats-Unis (American Express, Bank Of America, Coca-Cola, Dow Chemical, Wal-Mart, Walt Disney...)., qui prennent des contrats d'assurance-décès sur leurs employés. A ceci près que c'est l'entreprise qui, à la mort du salarié, touche l'argent, laissant la famille dans le dénuement. On appelle ces contrats " dead peasants " ("paysans morts"). Sans rire, ces subtils spéculateurs pondent régulièrement des rapports pour identifier les "problèmes" de rendement au sein des entreprises. Comprenez : pourquoi si peu de morts dans certaines sociétés...

Cette dérégulation des marchés, Carter s'y était opposé mais il avait prévenu les Américains que leur train de vie était surévalué. Il a perdu face à la propagande de Ronald Reagan et des financiers, ceux de leman brothers qui finançaient sa campagne. Ronald Reagan avait des réponses simples à ceux qui défiant la confiance dans l'Amérique, de bonnes claques, Moins drôle pourtant l'avidité des financiers a engranger des profits à court terme en faisant fi des principes de l'Amérique. La bulle spéculative était en marche jusqu'à la crise d'aujourd'hui.

Car Moore s'est rendu à Washington et n'a jamais vu inscrit dans la constitution le mot capitalisme simplement le droit au bonheur. Lorsque l'un contredit l'autre certainement qu'il y a problème. Il interroge aussi le seul sénateur socialiste de l'Amérique et trouve son discours humain et non radical. Quand Michel Moore présente un modèle de gestion d'entreprise dans lequel tous les salariés sont payés au même tarif (65 000 $) et où toutes les décisions se prennent en communauté. Prenant pour exemple la société Isthmus Engineering, gérée sur un mode coopératif (donc communiste), le réalisateur y évoque la "démocratie" d'entreprise, sans presque jamais nommer la chose comme il se doit : socialism (au sens américain). Juste une histoire de mots...

Il constate que les gens refusent les expulsions et qu'en se mettant à tout un quartier on permet le relogement et au quartier de survivre. Georges Bush le capitalisme c'est la psosibilité de choisr son trvail. deux petites vieilles ne trouvent un travail de strip-teaseuse

Les financiers incapables de faire face à la crise ont demander 700 millions de dollars au travers du plan Paulson ancien de lehman brothers. Leur lobbyin fut efficace et pourtant les sénateurs démocrates ont provoqué un sursaut démocratique et ont reçu des milliers de lettres de soutient. Le plan a été refusé. Mais refusé une fois seulement, les lobby se sont montrés suffisamment actifs pour refaire voter cette fois positivement le plan.

Cet argent volé au contribuable, Moore se met en tête de le récupérer.

Dans le même temps, il voit toutes les actions menées par les salariés pour obtenir de juste rétribution. Les louanges de la fibre sociale de l'Eglise catholique. Il croit aussi en l'élection de Barack Obaham, capable d'opposer à nouveau un pouvoir politique représentatif de la démocratie face aux lois des marchés régit par des principes de courts termes qui ne portent plus aucun sens. La hiérarchie catholique du Michigan, elle, a déjà choisi son camp : " Le capitalisme est contraire à la parole de Jésus. "Signé : Mgr Thomas Gumbleton, évêque de Detroit.

Le monde est aujourd'hui à la croisée des chemins, Moore s'en vient interpeller les banquiers de Wall streets. Sera-t-il le seul, il commence à se lasser de faire ainsi le guignol, ou sera-t-il rejoint par nous ?

La première qualité des films de Moore est l'énergie déployée pour renverser les fausses idoles, les faux discours qui masquent la réalité sociale, celle qui laisse dans la misère une part croissante de l'ex-classe moyenne américaine pendant que d'autres s'enrichissent sans vergogne se drapant avec cynisme dans les habits d'un capitalisme qu'ils ont dévoyé.

Moore mêle ainsi le discours économique théorique (le recours irresponsable au crédit, la dérégulation des marchés pour permettre un enrichissement à court terme), les exemples concrets des dérives du capitalisme (maison de redressement privée, bas-salaires des pilotes), des alternatives possibles (le sénateur, la lutte pour le relogement, la lutte pour les indemnités, une entreprise coopérative). Il tente aussi de payer de sa personne (jouant à tenter d'arrêter les banquiers, en interviewant les sénateurs, et, plus émouvant, en visitant en compagnie de son père les chantiers abandonnés de General Motors).

On pourra trouver certains coups mal ajustés, ou approximatifs. Les entreprises assurent leurs employés pour ajouter à leurs bénéfices commerciaux les revenus non imposables qu'apportent les décès prématurés de leurs collaborateurs. Elles exploitent une faille du systeme en sytématisant les assurances. Seuls la recherche de la rentabilité à tout prix sur ces contrats, pointée un peu approximativement par Moore est vraiment choquante. L'étalage des douleurs des familles après un décès est un peu hors sujet sans doute.

Moore en rejetant le plan Paulson se montre aussi un peu démagogue. Les leçons de la crise de 29 montrent qu'il n'est pas très responsable de laisser faire la crise et de ne pas sauver les banques. Mais sans doute est-ce le désir secret de Moore : seule une prolongation de crise peut amener la révolution qu'il espère.

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