Rendez-nous nos visages et gardez…

Rendez-nous nos visages, rendez-nous nos pensées, rendez-nous la joie de vivre, l’insouciance. Rendez-nous le sourire que vous nous avez enlevé. Rendez-nous la fraternité inscrite sur le fronton des mairies. Rendez-nous la parole. Rendez-nous la musique, le chant, la danse. Rendez-nous le rire ! Rendez-nous le droit d’échanger et de reconnaître l’autre. Rendez-nous la beauté du monde. Rendez-nous, le risque, le sel, le piquant. Rendez-nous notre liberté, bien-sûr ! Rendez-nous le droit de disposer de nous-mêmes, de penser par nous-mêmes. Rendez-nous le droit de débattre, de nous faire entendre. Écoutez-nous ! Nous sommes toujours là. Derrière vos masques, l’humain existe, pense, souffre, rêve… Rendez-nous le droit de crier, de hurler notre rage… Non, nous ne sommes ni des robots, ni des machines que l’on pose là, que l’on envoie ici, que l’on enferme là, que l’on trace, que l’on teste. Rendez-nous nos illusions, nos espoirs, à défaut d’utopies. Rendez aux enfants le droit de rester des enfants (non, ceux-ci ne sont pas des serials-killers de grands-parents). Rendez-nous le droit de faire société avec et non société contre. Rendez-nous le désir de continuer à être… Être-humain, être vivant et non mort-vivant…
Puis gardez… Gardez vos leçons perpétuelles, vos principes de précautions sclérosants et mortifères. Gardez vos royales condescendances et redescendez avec nous. Vous verrez, la vie, la vraie, se déroule là, plus bas. Gardez vos décomptes macabres pour les mauvaises séries télévisées et surtout gardez la tête froide. Gardez l’esprit ouvert et écoutez bon sang ! Ecoutez l’intelligence d’où qu’elle vienne. Gardez à l’esprit que la vie et la mort ne font qu’un et que la seconde est toujours là, cachée… Qu’elle m’attend… Qu’elle vous attend… Qu’elle nous attend.
Alors, en attendant, laissez-nous vivre, ici et maintenant. Nous n’avons pas de temps à perdre.