Nocturnal animals ou comment se méfier tout autant des affiches de films que des sondages politiques.
Une bande annonce bien ficelée, des comédiens en vogue et encore peu vus, et surtout des affiches ou l'on peut lire que le film est "Lynchien" auront suffit à piquer ma curiosité.
Mais pour qui aura vu des films de David Lynch, ce long-métrage est au mieux une tentative d’inspiration, au pire une pâle copie, tant il flotte à la surface de compréhensions bien trop conscientes et qu'il utilise jusqu'au trop plein le sensationnel et un esthétisme hyper séducteur (beaux décors, beaux hommes parfois nus, femmes belles ou "magnifiées" mais peu séduisantes, peu glamour mais plutôt "tristes", musique charmeuse, cadrages, lumières et mise en scène efficaces).
Surtout, à l'inverse de ce que la scène inaugurale augure comme promesses d'un travail subversif et critique envers la société à l’esthétisme féminin élitiste, le film nage dans les eaux saumâtres du mépris pour la gente féminine.
Et il y a là peut-être la seule liaison possible avec le cinéma de Lynch, le rapport à l’inconscient. A la différence que l’inconscient ici ne réside pas dans la profondeur du film mais est celui du réalisateur et de sa misogynie.
Ce trait de caractère pousse le réalisateur à peindre des femmes tantôt repoussantes ("l’œuvre d'art" introductive, même magnifiée par l'image cinématographique, belle, ralentie, ne cachera finalement pas la moquerie sensationnaliste du réalisateur), provocatrices (la fille fait un doigt d’honneur à ses agresseurs), faibles (violées ou soumises à l'idiote reproduction d’une vulgate maternelle malveillante) et pour finir victimes de leurs travers (tuées pour les unes, abandonnée pour l'autre). Oui, jusqu’à la clôture du film ou même lorsque l'héroïne comprends sa fausse route, la punition est de mise. Pas de rédemption américaine, pas de mansuétude humaniste.
Même les agresseurs portent, sur des actes horrifiants, des atours faits de décontractions tranquilles et souriantes.
Peu importe finalement que le réalisateur issu du monde de la mode (mais pourquoi n'ai-je pas fait une recherche préalable?) exacerbe son rapport aux femmes (fascination/répulsion) et aux hommes (attirance dans la nudité d’un corps au relents scatologiques, rapport de grande proximité des comédiens principaux au point qu'ils donnent l'impression de s'embrasser parfois), ce qui est ennuyeux est cette impression d'avoir été dupé. Quel sentiment décevant de s'être fait bêtement hameçonné par le marketing promotionnel pour assister à un cabotin, luxueux et clinquant règlement de comptes tout personnel et quelque peu malsain.
Vous me direz, ceux qui ont des griefs envers le sexe féminin, n'ont jamais vu Lost highway, Fargo ou plus récemment Take shelter pourraient être séduits, mais tout de même, il est bien plus enthousismant d'aller voir La fille de Brest, I Daniel Blake ou Premier contact, encore dans les salles...