
En lisant les chiffres sur le site du ministère de l'intérieur, on s'aperçoit que sur presque 66 millions de Français et 46 millions d’inscrits sur les listes électorales, 35 millions se seront exprimés clairement, 10 millions se seront abstenus et presque un million aura voté blanc ou nul (ce qui revient pratiquement au même étant donné que le vote blanc n’est pas considéré).
20 millions de français ne sont pas inscrits sur les listes.
Presque 16 millions de votants auront à part égale montré leur attachement à une droite dure et xénophobe (7.1m pour les "Républicains", 7.6m pour le FN, 1.6m pour N. Dupont Aignan), et si l’on considère le vote Macron comme de droite, cela nous amène à presque 25 millions de votants acceptant l’idée de sacrifices sociaux et écologiques au détriment du capital, donc 55% des électeurs.
Les pouvoirs économiques et financiers auront été, à de nombreux niveaux d’influences, extrêmement appliqués à peser sur l’opinion.
L’oligarchie médiatique dominante soutenait Emmanuel Macron: le groupe Bouygues (TF1, LCI, TMC donc Quotidien), Patrick Drahi (Libération, BFM…), Matthieu Pigasse, Xavier Niel et Pierre Bergé ( Le Monde, L’obs…), Arnaud Lagardère (Europe1, Paris Match), Vincent Bolloré (Canal+, C8, Cnews), Bernard Arnault (Le Parisien, Les échos…)...
L'Etat également, à travers son service public, Radio France et France Inter en particulier (les commentateurs Patrick Cohen, Léa Salamé, Dominique Seux...), mais aussi France 2 avec les interventions de David Pujadas et Léa Salamé lors de "l'émissions politique", se seront évertués à produire une campagne dévoyée des questions programmatiques à de déconstruite l'adhésion à Jean-Luc Mélenchon.
La quasi totalité de ces médias, représentant la quasi totalité de l’information, aura surfé sur les dénonciations contre le candidat des "Républicains", créant du sensationnel, effaçant les débats de fond issus des programmes, créant un nuage de fumée protégeant Emmanuel Macron qui n’en avait pas. Ils se sont évertués également à attaquer, souvent de manière injuste et fausse, le candidat le plus capable de se hisser un second tour en battant la candidate du Front National, Jean-Luc Mélenchon.
Ces mêmes puissances économiques se seront servis des instituts de sondages pour créer le succès du jeune banquier en le hissant très vite et durablement dans l’idée qu’il serait le seul capable de battre Marine Le Pen, elle-même montrée comme favorite.
Ces incantations auront fonctionné, et il faut reconnaître qu’ils auront su appréhender et se servir de millions de manques de convictions politiques existant dans les consciences en France.
Car comment imaginer que l’on puisse porter à un niveau aussi haut un homme si jeune et inexpérimenté, participant des politiques libérales et inégalitaires depuis plusieurs décennies, sans programme, autrement que par l’option d’une adhésion au "probable sauveur".
Ce fameux effet "bandwagon" montre que ceux qui n’ont pas de pensées politiques acquises préfèrent voter pour celui qui est susceptible de gagner car ils se doivent, en société, et plus que tout, d’être associés au "vainqueur". Cette catégorie importante d’électeurs s’appuie sur l’envie de croire aux bonnes nouvelles et, en les annonçant, contribuent à les produire.
L’utilisation des sondages au bénéfice d’Emmanuel Macron aura permis, en annonçant des intentions de vote très hautes dès sa candidature et en maintenant les progrès d’un candidat pour l’accentuer, de le créer de toute pièce.
"Car si les sondages ne sont que des instruments de connaissance sans effets sur le réel, à quoi servirait-il d’en faire? La passion de connaître ? En tout cas, cela ne convaincrait guère ceux qui les paient, les dirigeants politiques et les grandes entreprises qui n’ont pas que des buts intellectuels." disait déjà Alain Garrigou en 2012.
Imaginons un instant qu’ils n’y ait pas eu d'enquêtes d'opinions durant cette campagne électorale. Probablement que les positions d’allégeance des médias au candidat du "marché libre et non faussé" auraient été plus visibles encore, plus agréssives, les délégitimant au yeux des électeurs.
La campagne aura malheureusement pu se dérouler avec un discours médiatique dont la propagande pro-Macron aura été adoucie, allégée, comme portée par le tapis volant des sondages.
Il est donc tout à fait possible de parler d’une forme manifeste de confiscation de la pensée démocratique.