Personne n'a oublié que le candidat Nicolas Sarkozy s'était autoproclamé, en 2007, "président du pouvoir d'achat". Aussitôt élu, cette priorité était passée aux oubliettes des promesses de campagne. Confronté à l'échec de sa stratégie de droitisation de son discours, qui ne lui a pas permis de remonter dans les sondages d'opinion et encore moins de gagner des voix aux dernières cantonales sur le Front National, le président nous fait aujourd'hui le coup du "virage social". Avec la proposition d'obliger les entreprises versant des dividendes à leurs actionnaires à attribuer une prime - dont le montant est l'objet de disputes entre les différents ministères concernés - à leurs salariés, la question du pouvoir d'achat fait donc un retour fracassant dans le débat politique.Preuve, s'il en fallait une, que notre cher président a la préoccupation sociale fort utilitariste... Le problème est de taille: en 2010, le pouvoir d'achat des français n'a progressé que de 1,2%, soit moins qu'en 2009 (1,6%), alors même qu'on nous assène quotidiennement que nous sommes en train de sortir de la crise. Par unité de consommation, le pouvoir d'achat a même ralenti au 4e trimestre. La reprise louée par la majorité présidentielle semble pour le moment circonscrite aux géants Cac40... Les français n'ont que faire des arguments techniques et des statistiques qui leurs sont opposés: malgré tous les artifices statistiques que le gouvernement utilise avec dextérité, entre flambée des prix des matières premières et des carburants, les plus modestes comme les classes moyennes subissent de plein fouet une conjoncture économique qui leur est défavorable. Alors qu'il devient impossible pour nombre d'entre eux de payer leurs factures de gaz, d'électricité, ou encore les produits de première nécessité, on ne peut se contenter d'un bricolage approximatif et de mesures éparses, inappropriées, lancées à la hâte au grès des caprices présidentiels. Ne nous y trompons pas: une prime ponctuelle de 1000 euros, qui ne touchera par définition pas la majorité des travailleurs, ne saurait constituer une réponse à la hauteur des besoins de cette "France qui souffre" si chère à Nicolas Sarkozy. Le Parti socialiste doit apporter une réponse claire, crédible, et concertée à ce problème. Il doit réaffirmer avec force que la question sociale constitue depuis toujours une préoccupation fondamentale qui a toujours guidé son engagement et contribué à définir son identité politique. Il est essentiel de montrer qu'il ne s'agit pas pour les élus du parti socialiste d'une préoccupation temporaire à visée électoraliste, mais véritablement d'une priorité pour le projet de société qu'ils portent, et que des solutions existent pour régler le problème du pouvoir d'achat.
Billet de blog 20 avril 2011
Les fanfarons du pouvoir d'achat
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