Journaliste à Mediapart, je suis venue à Grenoble ce mercredi 6 mars, suivre la marche blanche organisée à 16h30, dans le quartier Mistral, en hommage à Adam, 17 ans, et Fatih, 19 ans, décédés le 2 mars, suite à une course-poursuite avec des policiers (reportage que l’on peut lire ici).
Comme tous les soirs depuis le drame, les émeutes reprennent. Aux alentours de 22h30, je décide de retourner dans la cité, accompagnée de deux confères, pour y retrouver des habitants rencontrés l’après-midi.
A l’une des entrées du quartier Mistral, plusieurs fourgons de CRS sont stationnés. Nous les dépassons, munis de notre matériel, sorti et visible. Des caméras pour mes confrères, et en ce qui me concerne, un micro et un appareil pour enregistrer le son (nagra). Donc, aucun doute sur notre identité. Néanmoins, quelques secondes plus tard, sur le trottoir d’en face, un policier, nous crie « lâchez ! ». Interpellé, l’un de mes confrères explique qu’il a une caméra et j’explique que nous sommes journalistes.
Sourd à nos réponses, il hurle « Levez les mains, comme des marionnettes » et nous met en joue avec un lanceur de balle de défense.
Ayant laissé mon micro ouvert, l’ensemble de la scène a été enregistré :