Judaïsme, je te quitte
Devant le reflux d’antisémitisme que notre époque traverse, je me suis demandé s’il fallait que j’abandonne ma judéité. Que je plaque tout. Que j’aille réclamer le prépuce qui m’avait été ôté quelques jours après ma naissance pour qu’on me le greffe de nouveau et que je puisse enfin me fondre dans la masse. Que je balance par la fenêtre la Ménorah qui trône sur l’étagère de mon salon. Que je mette à la poubelle cette kippa poussiéreuse jamais utilisée trainant au fond d’un vieux tiroir. Je me suis dit que c’était peut-être ça la solution finalement. Pas nécessairement pour moi d’ailleurs, mais surtout pour ceux qui viendront après moi. Serait-ce si difficile après tout ? Je suis un juif parfaitement sécularisé et sur le plan religieux, je ne me définis pas comme juif puisque je ne crois pas dans la Torah. En terme spirituel, je serais d’ailleurs plus proche du bouddhisme, voire d’une forme d’animisme.
Mais voilà déjà que je vois se profiler deux obstacles à mon ambitieux projet : tout d’abord, contrairement aux autres grandes religions monothéistes, le judaïsme possède cette particularité souvent mal comprise par qui n’est pas juif : il ne s’agit pas uniquement d’une religion, mais aussi et peut-être surtout, d’une ethnie, c’est-à-dire un « ensemble de personnes que rapprochent un certain nombre de caractères de civilisation notamment la langue et la culture » (source : définition du terme « ethnie » dans le dictionnaire Robert). Ensuite, second obstacle à prendre en considération et non des moindre : l’opinion de l’antisémite pour qui un juif demeure juif quoi qu’il fasse, qu’on pourrait qualifier de « syndrome Dreyfus ». Pour bien comprendre de quoi il s’agit, je prends un exemple simple et malheureusement assez banal par les temps qui courent : si je m’appelle Cohen et que je commande un Uber dont le chauffeur est antisémite, je risque aujourd’hui de subir des réflexions antisémites, voire des actes de violence juste parce que je porte ce nom-là. Peu importe que je ne me sois jamais considéré comme étant juif ou que ma mère ne le soit pas : je m’appelle Cohen, je suis donc nécessairement un juif et ma volonté de ne pas l’être n’y fera rien dans le regard de ce chauffeur Uber. Finalement, être juif, c’est un peu comme être noir : ça vous colle à la peau.
Le judaïsme est donc d’une certaine manière un fardeau que l’on n’a pas d’autre choix de porter lorsque l’on nait avec. Cela me fait penser à ce que j’avais lu quelque part dans le livre d’un auteur italien : le judaïsme serait finalement comparable à une maladie héréditaire. Comme elle, il se transmet d’une génération à l’autre et il existe de grandes chances d’en souffrir, voire à certaines périodes, d’en mourir. A l’époque où j’avais lu ces mots, j’avais trouvé la formule exagérée mais plus j’avance dans l’existence, plus je comprends à quel point il y a du vrai dans cette affirmation. J’en suis en quelque sorte la preuve vivante : du côté de mon père, mes grands-parents sont tous deux des rescapés miraculés d’Auschwitz-Birkenau (l’intégralité de leurs familles respectives ont été assassinées dans les camps) tandis que du côté de ma mère, mes grands-parents ont fui leur pays (la Tunisie) en raison de l’antisémitisme, laissant leurs souvenirs, leurs biens, en somme toute leur vie derrière eux. Et me voilà né ici par hasard, portant le poids du traumatisme de l’holocauste en même temps que celui du déracinement. La double peine.
Je ne vais pas entrer dans les détails de mon histoire personnelle car elle n’est pas le sujet de cette tribune. Mais tout de même, elle a son importance puisqu’elle est la raison d’être des mots que vous lisez en ce moment même. Mes grands-parents paternels (qui faisaient partie des derniers juifs polonais vivants) ont quitté la Pologne après la guerre car l’antisémitisme, même après la Shoah, atteignait un niveau intolérable. Ils ont donc rejoint la France avec comme objectif de prendre un bateau pour les Etats-Unis. Mais pour des raisons liées à la santé de ma grand-mère, le visa pour le nouveau monde ne leur a pas été accordé. Il a donc été question de rejoindre la Palestine et l’État juif en devenir. Tout était prêt pour le départ mais au dernier moment, compte tenu des conditions de vie difficiles en Israël, mes grands-parents ont décidé de rester en France. Mon père n’est donc pas passé loin de naitre en Israël et de fait, je ne peux m’empêcher de me dire que j’aurais pu tout aussi bien naitre là-bas.
Le sionisme : un projet colonial comme les autres, vraiment ?
Mes grands-parents, en planifiant de rejoindre le jeune État juif, n’avaient pas l’intention de voler la terre de qui que ce soit. Ils cherchaient quelque part un refuge où vivre, où marcher dans la rue sans courber l’échine, où élever leurs enfants sans craindre pour leur intégrité physique. C’était cela qui a guidé leur décision (même si elle ne s’est pas concrétisée) comme celle des autres juifs qui ont commencé à émigrer massivement en Palestine à la fin du 19e siècle, étant rappelé cette chose essentielle : à cette époque, la Palestine n’était pas un État. C’était une région du monde faisant d’abord partie de l’empire ottoman puis sous protectorat anglais où la majorité de la population autochtone était musulmane mais où il y avait aussi des juifs installés là-bas depuis des siècles, voire très probablement, des millénaires. Le sionisme a eu pour conséquence l’arrivée d’un nombre importants de juifs fuyant les pogroms avec l’objectif à terme de créer un foyer juif où ceux-ci pourraient simplement vivre en sécurité.
A l’heure où il est à la mode d’assimiler le sionisme à un pur projet colonial, on voit bien qu’on est tout de même assez loin du concept des colonies espagnoles et portugaises en Amérique latine, des colonies françaises en Afrique ou en Asie ou encore des colonies anglaises un peu partout dans le monde. Ces projets coloniaux poursuivaient principalement le but d’accaparer des terres et d’en piller les ressources au bénéfice de la puissance coloniale. Or, en Palestine, à part des hommes et des femmes, il n’y avait que du sable et pas de ressources particulières à glaner. Il n’y avait pas non plus de puissance coloniale à enrichir comme ce fut le cas dans toutes les entreprises coloniales précédentes. Non, il y avait un peuple qui cherchait à tout prix à assurer sa survie. Attention, cela ne veut pas dire qu’aujourd’hui, il n’y a pas de colonies dans les territoires palestiniens : c’est bien le cas à mon sens et j’y reviendrai après. Mais de fait, il y a une différence conceptuelle fondamentale entre le colonialisme européen reposant sur une logique d’accaparement des ressources locales et le projet sioniste reposant sur une logique de survie d’un peuple martyrisé depuis 2000 ans. Et quand bien même vous ne seriez pas convaincu par ces explications et considéreriez toujours que le projet sioniste est un projet colonial comme un autre, quelle serait la solution proposée ? Expulser les 7 millions de juifs israéliens qui vivent désormais sur cette terre depuis des générations ? Si on applique ce raisonnement, ne faudrait-il pas vider les Etats-Unis, le Canada, le Brésil, l’Argentine, l’Australie, etc. de leur population pour restituer leur terre aux peuples autochtones ? Pourquoi seul Israël devrait cesser d’exister ?
Israël, un État légitime ?
Sur le plan historique, il faut rappeler qu’en 1947, l’assemblée générale de l’ONU a voté un plan de partage de la Palestine prévoyant d’un côté la création d’un État juif sur 56% de la Palestine mandataire et principalement concentré sur le désert du Néguev quasiment inhabité et de l’autre un État arabe sur 42% du territoire de la Palestine mandataire. A l’heure où l’antisionisme se répand et où l’on appelle ouvertement à la destruction d’Israël, il est utile de rappeler que cet État résulte d’un vote entériné par la communauté internationale. Son existence est donc de fait légitime à moins que l’on considère l’ONU comme une organisation illégitime.
Le plan de partage fut accepté par le Yichouv (représentant les communautés juives de Palestine) et refusé par le Haut comité arabe palestinien ainsi que la Ligue Arabe, ce qui débouchera sur une guerre civile qui fera des morts des deux côtés. Dès la fin du mandat britannique et la déclaration d’indépendance l’État d’Israël, ce sera la première guerre israélo-arabe qui débouchera sur une victoire du jeune État juif et sur ce que les Palestiniens ont appelé la Nakba, c’est-à-dire la fuite et l’exil de centaines de milliers de palestiniens vers les pays voisins tels que le Liban, la Syrie et la Jordanie. Dans le même temps et dans les années qui suivirent, des centaines de milliers de juifs habitant les pays musulmans seront eux aussi contraint de quitter leur pays, comme ce fut le cas pour la famille de ma mère. Sur ce sujet dont on parle assez peu, les chiffres sont éloquents : en 1948, on comptait environ 100.000 juifs en Tunisie. Aujourd’hui, ils ne seraient plus que 1200. Au Maroc, la population juive comptait 200.000 âmes, tandis qu’ils ne sont plus que 4000 aujourd’hui. Beaucoup de ces juifs en exil ont d’ailleurs rejoint Israël.
Il peut d’ailleurs être rappelé que malheureusement, le déplacement de populations n’est pas un phénomène isolé dans l’histoire de l’anthropocène : pour ce qui concerne l’Europe au sens large, on peut citer par exemple le cas de l’Espagne qui a expulsé en 1492 entre 40.000 et 100.000 juifs après l’adoption du décret de l’Alhambra (250.000 juifs se seraient quant à eux convertis pour éviter les persécutions). En 1609, l’Espagne (encore elle décidément) expulsera 300.000 morisques descendants des populations musulmanes convertis au christianisme par le décret des rois catholiques du 12 février 1502. En Turquie, la deuxième guerre gréco-turque au début du XXe siècles aboutira au massacre et à l’expulsion de l’ensemble des populations grecques et chrétiennes d’Anatolie, soit un demi-million de personnes. Dans le même temps, 500.000 musulmans doivent quitter la Grèce pour rejoindre la Turquie. En 1947, lors de la partition entre l’Inde et le Pakistan, 12,5 millions de personnes seront déplacées vers l’un ou l’autre de ces pays selon des critères ethniques et religieux sans que ni le Pakistan, ni l’Inde ne soient accusés de racisme. Dans le Caucase, des centaines de milliers d’Azerbaïdjanais ont fait l’objet d’un nettoyage ethnique à partir de la révolution d’Octobre puis tout au long du 20e siècle. Après la victoire en 2023 de l’Azerbaïdjan sur l’Arménie dans le Haut Karabakh, 100.000 arméniens qui vivaient dans cette région depuis des siècles ont été chassés de chez eux. On peut s’étonner que ce fait historique récent n’a donné lieu à aucune manifestation particulière dans les universités occidentales, comme si le sort des Arméniens était finalement moins important que celui des Palestiniens dans l’esprit de certains. On peut aussi s’étonner du fait que sur l’ensemble des déplacements de population précités (qui ne représentent qu’un fragment des déplacements de populations qui ont eu lieu dans l’histoire de l’humanité), le cas palestinien semble être le seul qui n’a pas été réglé à ce jour.
Mais revenons-en au Proche Orient où la situation a profondément évolué depuis 1947. On peut fixer le point de bascule en 1967 à la suite de la guerre des six jours, remportée par Israël face à la Syrie, la Jordanie, l’Égypte et l’Irak. Cette évolution s’est produite au moins sur deux plans : d’abord, dans l’esprit collectif, Israël est passé du statut de petit état susceptible d’être annihilé à tout moment à celui de puissance militaire. Et puis, la situation sur place a elle aussi profondément changée à ce moment-là. Dans le sillage de la guerre, Israël a pris le contrôle de la Cisjordanie (et de Jérusalem-Est) qui était auparavant occupée par la Jordanie. Pour rappel, la Cisjordanie était en grande partie la zone géographique où il était prévu de créer un État arabe dans le cadre du plan de partage proposé par l’ONU en 1947. A partir de 1967, des Israéliens ont commencé à s’installer en Cisjordanie car ceux-ci considéraient qu’il s’agissait de la terre ancestrale du peuple juif puisqu’à une époque reculée (plusieurs siècles avant J.C), c’était là que se trouvaient les royaumes d’Israël et de Judée. C’est sans doute vrai sur le plan historique mais le problème, c’est que des gens vivent désormais là-bas depuis des siècles. Ces gens, ce sont les Palestiniens. Et les Palestiniens, comme tous les autres peuples du monde disposent du droit à l’autodétermination.
Le sort des Palestiniens
J’ai commencé à m’intéresser aux Palestiniens il y a plusieurs années, lorsque l’espoir des accords d’Oslo et de la poignée de main entre Yitzhak Rabin et Yasser Arafat était déjà loin. Quand j’étais adolescent, les Palestiniens m’évoquaient surtout les attentats suicide sanglants des années 2000. Au 20h défilaient les images de corps d’hommes, de femmes et d’enfants israéliens gisant sur le sol à moitié déchiquetés par l’explosion d’une bombe dans un bus bondé à l’heure de pointe. Quand je voyais ces images, il me semblait normal qu’Israël livre bataille à des hommes capables de pareille monstruosité. Peu à peu, les attentats-suicide se sont raréfiés (très probablement grâce au mur très décrié construit par Israël à sa frontière avec la Cisjordanie). Et dans le même temps, l’installation d’israéliens en Cisjordanie, un phénomène dont j’ignorais tout, a commencé à prendre de l’ampleur et à être de plus en plus médiatisée. Alors je me suis demandé pourquoi. Pourquoi, puisque l’objectif du sionisme avait été réalisé (établir un foyer national juif), fallait-il que des Israéliens s’installent sur des terres où les arabes étaient de loin majoritaires en nombre ? Des terres qui en outre avaient été allouées aux arabes dans le cadre du plan de partage voté par l’ONU en 1947 (bien que ce plan ait été refusé à l’époque par les arabes) ? Je savais qu’il y avait côté palestinien des fanatiques islamistes qui avaient juré la destruction d’Israël par tous les moyens (le Hamas), avec lesquels il était par nature impossible de coexister. Mais j’ignorais qu’il y avait du côté Israélien des extrémistes qui rejetaient d’emblée cette même idée de coexistence. J’ignorais que ces israéliens œuvraient de toutes leur force pour qu’un État palestinien ne voit jamais le jour en mettant en place une politique de colonisation des terres arabes au-delà des frontières d’Israël officiellement reconnues par la communauté internationale avant 1967.
Alors j’ai compris. Compris qu’en réalité, aucun des camps israéliens et palestiniens n’était tout blanc ni tout noir. Que ce conflit était d’une immense complexité et qu’il n’y avait pas d’un côté les gentils et de l’autre les méchants (ce qu’on a tendance à croire aujourd’hui en compte tenu du déséquilibre flagrant sur le plan militaire avec d’un côté les méchants israéliens et de l’autre les gentils palestinien). Que dans chacun des camps, il y avait de la noirceur et de la lumière : d’un côté des gens prêts à la guerre perpétuelle et de l’autre des forces progressistes œuvrant pour la paix. J’ai même découvert que des Palestiniens et des Israéliens luttaient non pas l’un contre l’autre, mais ensemble dans une même direction pour la paix, par exemple à travers l’ONG israélo-palestinienne Friends of Roots fondées par Shadi Abu Awad et Rabbi Hanan Schlesinger et qui chaque jour crée des initiatives pour instaurer un dialogue entre israéliens et palestiniens. Que depuis 10 ans, des femmes palestiniennes et israéliennes (souvent endeuillées par la perte d’un enfant) manifestaient pour réclamer la fin du conflit à travers l’ONG Women Wage Peace, une association qui revendique près de 50.000 membres en Israël. Que de telles initiatives visant à rapprocher israéliens et palestiniens sont aussi nées en France avec les Guerrières de la Paix.
J’ai bien conscience du fait que la situation depuis le 7 octobre est devenue encore plus complexe qu’elle ne l’était déjà et qu’écrire ce texte est loin de régler quoi que ce soit. Qu’il me sera sans doute reproché mon manque de légitimité pour m’exprimer sur la question, et probablement, une certaine naïveté. Que depuis ces évènements tragiques et la guerre terrible qui s’en est suivie, la haine atteint des sommets de part et d’autre et que cette haine semble s’être propagée au reste de la planète. Qu’il subsiste en outre d’innombrables obstacles à la paix dont entre autres :
- le Hamas et son idéologie jusqu’au-boutiste et mortifère, se terrant dans ses tunnels et préférant sacrifier le sang palestinien plutôt que de libérer les otages et de mettre fin à la guerre ;
- l’extrême droite israélienne au pouvoir qui fait tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher la création d’un État palestinien ;
- le cynisme de Netanyahu qui sacrifie les otages et poursuit une guerre qui a déjà fait trop de morts par calculs politiciens ;
- l’implication de tierces parties comme l’Iran et le Hezbollah qui sous couvert de termes romantiques (« axe de la résistance ») destinés à mieux piéger les jeunesses révoltées du monde, ont inscrit dans leur ADN la destruction d’Israël ;
- les colonies israéliennes toujours plus nombreuses en Cisjordanie ;
- les programmes scolaires palestiniens qui présentent les juifs comme des monstres assoiffés de sang et qu’il est dès lors légitime de tuer ;
- la question du droit au retour des Palestiniens sur leur terre régulièrement exigée par les autorités palestiniennes pour parvenir à la paix alors qu’un tel retour signifierait la fin d’un État à majorité juive au Proche-Orient.
Alors non, ce texte n’a pas pour objectif de tout régler à l’heure où des otages vivants et morts sont encore retenus à Gaza et où des civils gazaouis innocents sont pris au piège de cette guerre sans fin, luttent pour trouver de quoi se nourrir et meurent sous les bombes. La situation était déjà difficile, elle est devenue insupportable au point d’empêcher de dormir bon nombre d’entre nous. Et je vois bien que notre monde change, que l’antisémitisme renait alors qu’on le croyait battu en brèche, que les opinions se polarisent de plus en plus au sujet du conflit israélo-palestinien si bien qu’on voit désormais fleurir des discours appelant à la fin de l’existence de l’un ou de l’autre. Dans ce contexte inquiétant, notre devoir est sans doute de rappeler ce fait essentiel : la paix ne viendra que le jour où israéliens et palestiniens trouveront le courage de se mettre chacun à la place de l’autre. Nous pourrions croire que c’est impossible vu l’état catastrophique de la situation actuelle. Mais plutôt que de céder à la violence et à l’absence de nuance, notre génération et celle qui viendra après nous auront cette lourde charge sur les épaules : celle de ne pas faillir et de garder espoir pour qu’un jour la paix devienne une réalité au Proche-Orient.