Ce billet n'est pas pour tout le monde, bien qu'il soit ouvert à tous.
Oh, son sujet est au sommet de ce qui devrait nous appeler, mais, très précisément, ce ne sera ni une question d'intelligence, ni de culture, encore moins de mérite, qui séparera les lecteurs à son propos. Je parlerais bien de timing, d'autres vous diraient de préoccupation, enfin les gurus et les bien penseurs vous feraient l'accolade de leurs vérités.
Non, simplement, on prend le train dont on a besoin, et pas les autres, ou alors on ferait partie non pas des aventuriers, mais plutôt des paumés.
On peut dire que c'est un billet pour les paumés, ils ont l'usage de tout ce qui leur arrive, il sera aussi certainement un moment pour celles et ceux qui savent le plus exactement où ils sont.
Un avertissement, pour commencer, on m'a dit souvent être abscons, obscur, nébuleux, bref, insensé, et on a eu raison.
Cette fois-ci, ce sera pire, je vous le redis, ce billet n'est pas pour tout le monde, d'abord pour qui se sent du temps, ensuite pour celles et ceux qui sont assez curieux, chaque fois, pour se faire avoir, tromper, gruger, embarquer, et toutefois encore assez innocents pour s'en apercevoir, sans rancune à renvoyer.
Les autres, sauvez-vous, vous ne manquerez rien, et si l'on vous disait que vous n'êtes pas prêts, riez. Evidemment que vous êtes parfaits, seulement, autre chose vous convient.
Vous pensez le savoir, et c'est vrai, allez à ce qui vous manque, ce qui vous fait défaut, ou peut-être à l'inverse, votre extraordinaire richesse exige de se répandre autrement.
Les débuts demandent à s'établir sur un bilan, on fait le tour de ses bagages, on vérifie n'avoir rien oublié, avant de partir pour le grand voyage.
Celui-là consiste à se débarrasser.
On a tant de nécessités, tant d'injonctions, tant de contraintes voulues ou imposées, on a tant de possessions.
On vous a dit qu'elles vous possédaient. C'est vrai et faux à la fois, j'imagine.
Peu importent les wagons, la locomotive doit seulement pouvoir les tirer.
Il n'existe pas d'impossibilités en ces matières, comme on voit bien l'étonnant épatant de la technologie ne jamais cesser de se développer.
Donc, un crochet, et de l'espace en queue du train, on trouvera bien une gare propre à tout réorganiser. Ceci, pour les plus forts, l'exception, forcément. Mais aussi pour les plus fous, qui vont s'épuiser, sur place, ou se perdre dans les triages.
Les autres doivent faire de la place.
On vous l'a dit, de l'orient à l'occident, c'est le vide qui est important. Comment remplir ce qui est déjà plein, comment recevoir, sans pouvoir le stocker? On dit donc abandonner ou mieux, donner.
Les poches vides, seules peuvent se remplir, et si vous suivez l'opération, vous décousez les poches de votre costume, puis tout vous appartient.
Les philosophies et les théologies de l'abstinence, du dénuement ou de l'humilité l'ont expliqué cent et mille fois, il faut s'oublier, pour voir l'autre et, à moment donné, vous en devenez la loi.
C'est tout bête, il suffit qu'il sente se faire du bien, alors l'ordre est conforme à ce qu'il doit.
Ici, on a compris, on sait, c'est acquis.
Puis, on se cogne aux aspérités de l'infini.
Histoire de justement réaliser qu'on a encore du neuf à engranger, du vieux à oublier.
Pitié pour nos os, pitié pour la chair, pitié pour les nerfs.
Ils vont payer l'addition que l'on pensait laisser.
Ça ne marche pas.
Comprendre, cela ne suffit pas.
Alors?
Et bien, on est perdu. Voilà la dépression, ou l'exaltation, l'effort soutenu, l'exploit quotidien habituel, l'au-delà des forces et des combats.
S'écrouler, c'est normal, grandir tout autant, mais ça ne suffit pas.
Pourquoi?
Un maître l'est de savoir ce qu'il ne sait pas.
S'émerveiller. Le guide apprend de la cordée, sinon, pourquoi sans cesse recommencer? Pourquoi partager?
On ferait bien de l'écouter, jusqu'à l'avoir dépassé, sauf que nous sommes tellement différents, les meilleurs vous l'ont dit, cent fois, on n'a que soi, que ses jambes pour marcher et elles sont courtes, c'est avéré.
Les plus grands les ont courtes autant et plus, absurdement, sur le chemin immense qu'ils arpentent, auquel on ne devrait pas se mesurer, en solitaire.
Un peu d'humilité. Qui veut marcher sans des souliers à sa pointure?
Ça fait mal. Rage. Je ne dis pas colère, elle est bien trop minuscule pour attester de ce qui dort si bien, mais se réveille à chaque écueil d'un océan que l'on pensait à soi.
Oui, je sais bien, une fois au large, plus d'écueil, mais on cherche un rivage, Avalon n'est pas au milieu de rien.
L'Eden remplit le rien de bon à éprouver, extase?
C'est facile.
Chacun son chemin.
La foi vous donne les ailes, et il ne faut pas s'étonner de décoller.
Problème, pas d'atterrissage, ou bien, si dur...
On se retrouve pire que précédemment, ce qui est complètement faux bien sûr.
Pleurez, souffrez, vous réussissez le mieux quand vous échouez.
Ainsi le vide se fait... Si vous ne le gardez rempli de peines.
Comment l'éviter, cette révolte folle et dense, brûlante et inconsciente, qui ouvre les portes des ailleurs rêvés?
On ne peut pas. En fait, on ne peut rien, mais on n'en n'a pas besoin.
Oh, ceux qui ont pris les sentiers de l'action, du faire et du bien construire vous feront forcément réveiller l'envie et la jalousie.
Vous avez gagné.
Ethique.
Là où la compréhension vous échappe, la morale qui convient vous ancre. Si vous lui désobéissez, vous mourrez.
Ce n'est pas plus compliqué.
Vivre, c'est vivre selon.
L'échelle des valeurs vous fait un destin, si vous en avez trop, vous grimpez sans fin, si vous en avez peu, vous tombez, une fois à leur limite.
On ne le croit pas. Et oui, l'enfer n'existe pas, dit-on.
Tu parles.
Tout ce qui se réfléchit à une réalité, sinon, comment le représenter?
Un reflet ne peut l'être de rien, sans être rien lui-même.
Et le rien, c'est inconcevable, mais l'on peut s'y fracasser.
Difficile.
Quand la difficulté vous apparaît, elle est dépassée, ne doutons pas.
C'est maintenant terminé. Je reprends.
Une éthique.
Une énergie à renouveler, suivant les principes de la générosité, et enfin, la joie.
Elle nous attend, se donne, puis s'évanouit, avant de dire, de loin, viens ici.
Je la poursuis sans fin, fortune aux longs cheveux qui s'échappent entre mes doigts...