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Billet de blog 4 août 2014

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Du droit, du monde et de la Palestine

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La lecture de ce billet de l'excellent concombre démasqué, Ici, et surtout du fil qui l'a suivi amène à plusieurs réflexions.

On doit se poser la question de savoir si un palestinien peut devenir un israélien à part entière, pour légitimer le droit à la révolte des palestiniens non israéliens, expulsés de leur pays, ou israéliens qui vivent en situation d'assujettissement particulier. On justifiera ou condamnera ainsi la sauvagerie des moyens utilisés, pour se défendre (disent-ils), par l'Etat et le peuple israélien qui l'a démocratiquement élu.

En ce sens, la responsabilité de la situation à Gaza peut se discuter, bien que celle d'un massacre appartienne toujours à ceux qui le commettent.

Si l'égalité de droit entre les citoyens définit une démocratie, alors, une inégalité de droit fondée sur la religion, ou toute autre considération, installe cette démocratie dans une dimension particulière, celle de la discrimination légale.

La démocratie est un système qui exprime la souveraineté du peuple, pour exercer le pouvoir.

La définition de ce qu'est ce peuple permettra de la juger sur ses valeurs humanistes.

Dès l'instant où un pays souscrit aux valeurs des droits universels humains, puis les nie dans les faits, il se situe ipso facto en dehors du champ des démocraties modernes établies sur ces valeurs.

En ce sens, la responsabilité de celles et ceux qui le soutiennent est engagée, directement, par la démonstration qu'ils adhèrent à un projet de légitmer l'inégalité de fait entre les hommes, en regard des valeurs universelles qu'ils prétendent protéger ou cultiver.

Dès lors, le problème du droit n'est plus qu'une question de pouvoir, de force.

J'ai depuis longtemps dans l'idée que la question de la négation des droits du peuple palestinien, déporté, expulsé, massacré, relève directement de la considération de la légitimité de notre droit démocratique, en Europe et dans les pays qui se réclament de la civilisation des droits de l'homme.

Quand la négation d'un droit à l'égalité s'établit sur la violence, on retrouve le domaine de la loi du plus fort.

Dès lors, tout est permis.

C'est le problème de nos sociétés de droit actuelles, où la prééminence d'intérêts particuliers inflige des restrictions à l'intérêt général, il se trouve nié ou instrumentalisé.

Le fonctionnement aberrant du système électoral, qui ne tient aucun compte de l'abstention, massive désormais, dans une énorme proportion des pays dits développés, montre le degré d'absurdité auquel nous arrivons, dans la manifestation de l'intérêt général, objectivement effacé, par les élites qui pourtant s'en justifient.

On peut se demander combien de temps la situation peut perdurer, avant que les contradictions de fait ne se manifestent dans le droit.

Ou bien le droit commande, ou la situation commande la loi.

Si la liberté n'existe plus, le droit et ses lois suivent automatiquement, puisqu'ils empêchent la négation de la liberté, ou la justifient.

Aujourd'hui, dans la dimension d'oppression économique et politique dans laquelle nous nous inscrivons, le droit inscrit l'inégalité dans ses textes, comme il le fait déjà de nombreux abus.

Or, le fondement du droit, en démocratie, c'est la légitimité, face au nombre des décideurs en dernier recours: les gens qui subissent la loi.

Ils l'acceptent ou se révoltent.

Quand la seule loi est celle de la force, on comprend quelle légitimité finit par régner, celle de la violence.

Et le droit n'est plus qu'un mot vidé de sens, le masque de la force.

La situation en Palestine le démontre.

Mais ses conséquences vont bien plus loin que le malheur de la guerre, pour les quelques millions d'habitants de la région concernés, leurs problèmes font la démonstration d'un problème aujourd'hui mondial, celui de la légitimité des décideurs aux sommetx économiques et politques.

Et le black-out sur les questions d'une importance aussi grave que celle de la légitimité, n'a jamais permis de les effacer.

Si les tenants du pouvoir ne sont plus légitimes, n'importe qui peut demander et s'autoriser à les remplacer, par n'importe quel moyen.

Le désordre de la loi en Palestine, c'est le désordre à l'échelle mondiale.

Cette région prend donc énormément d'importance, elle signale la fin et les limites du droit qui ne peut supporter longtemps les contradictions, avant de tomber le voile sur les forces qui l'ont tué, et qui deviennent des cibles pour leurs victimes.

Une mise en perspective aussi évidente, de la réalité du pouvoir, ferait bien d'interroger ceux qui se le donnent au nom du droit.

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