Quelle est donc ma gauche?
Après les accusations régulières de me trouver à l'extrême-droite ici et là, il faut bien que j'examine mes valeurs.
Lesquelles?
L'égalité? Bien sûr.
La solidarité? Tout à fait.
Voilà deux principes qui fondent la gauche.
Un autre?
Je dirais le progrès, au sens progressiste, puisqu'on définit une valeur, on peut voir très largement.
Alors oui, il faut sauver l'idée de progrès, dans toutes les dimensions sociales et sociétales.
Ensuite? J'en imagine quelques uns qui se grattent la tête. Mdr.
La lutte.
Bien, on est calé.
Passons aux moyens.
On ne se passera pas de l'analyse, bien que des combats doivent être menés dans l'urgence, il faut voir où ils conduisent, mais aussi où ils ne conduisent pas.
Personnellement, je pense sous la haute autorité de Camus que la fin ne justifie pas les moyens.
On sait qu'ils la transforment facilement, dit autrement, ça s'appelle l'enfer est pavé de bonnes intentions.
Par exemple, parlons d'évidence, la manifestation. On a vu ses limites sous Sarkozy.
Cela fait du bien, mais est complètement subordonné à la bonne volonté du pouvoir, qui vous le rappelle à tout bout de champ, le pouvoir n'est pas dans la rue, parce qu'il serait dans les urnes, pense-t-on.
Ce n'est plus le cas, mais cela appartient à l'analyse, on réserve pour une autre fois.
Vu le nombre de suicidés, dans certaines entreprises publiques, dans l'agriculture fermière ou dans la police et la gendarmerie, avec le résultat obtenu, on se prend à penser à celui des islamistes. Si un salarié s'était donné la sortie avec une ceinture d'explosif, au milieu d'un conseil d'administration, on se souviendrait encore de son nom.
La lutte des classes fait des morts, sans parler des estropiés de la misère.
Enfin, là, on est dans les moyens à éviter, voir Camus.
Restons sur la manifestation pacifique, actuellement, un concert de beaux esprits nous dit qu'elle fonctionnerait, désormais, avec le pouvoir soc... avec le pouvoir.
Encore une fois, je retourne à l'analyse.
C'est faux évidemment, le pouvoir ne fait que ce qu'il veut.
S'il lâche quelque chose, ce n'est pas pour donner raison à une manif qui ne demandait rien à un sujet, c'est qu'il en traitait un autre, dont personne ne semble ne réaliser la vraie portée, dans les médias et les discours politques qui suivent leur propre logique.
Ils traitent eux aussi d'autre chose que le sujet en cours, celui de leurs objectifs non avoués.
On aurait donc un discours et un débat des apparences, qui masquent les vraies préoccupations des uns et des autres?
Oui. On peut le contester, mais enfin, si on voit de la paranoïa et du complot partout, peut-être est-ce justement pour que l'on ne voie pas où les calculs sont véritablement.
C'est compliqué. Comment faire? C'est simple, on regarde les faits.
Par exemple, on a une manif jour de colère, allez, voyons large, cinquante mille personnes, réunies sur un mot d'ordre fascisant, plutôt en style galimatias, j'ai vu très large et un peu noir.
Compte-rendu à la télé: le fascisme des ligues des années trente est de retour.
Quand elle a fini de rigoler, ma gauche regarde la vérité des faits, un virage économique tout à fait édifiant du gouvernement.
Les fachos, ultraminoritaires, au milieu d'une majorité de très mécontents, peuvent continuer de marcher et crier dans le désert.
On a des choses à faire et à penser au sujet du gros, gros problème qui vient de se matérialiser finalement.
Autre exemple, manif le mariage pour tous, là, il est impossible d'avoir des chiffres, ma gauche se demande pourquoi.
Donc entre 80 et 500 000 personnes.... Bonjour la fourchette.
Donc, il y avait peu ou beaucoup de monde, en rapport de l'importance précédente du mouvement et surtout de ses moyens, qui interpellent.
Compte-rendu à la télé : l'extrême-droite fait un retour en force dans le pays.
La rue est à l'extrême-droite.
Aïe.
On a un souci, vu que Sarko a fait quasi 50% sur des idées qui ressemblent à celle de la rue, que Le Pen monte soi-disant dans les esprits.
Que se passe-t-il? Et contre qui la manif combat-elle?
Jour de colère, on le sait, c'est du tous à la poubelle, genre manif pour la sixième république, qui disait on change tout, alors je compare le nombre des manifestants et je sors tranquille.
Mais le mariage pour tous, c'est une levée de bouclier contre le gouvernement et ses décisions, ce n'est pas une demande de destruction des institutions.
C'est de l'expression claire d'opposition, moins de 500 000 personnes?
Avec un Hollande à 15% dans les sondages d'opinion?
Où est le hiatus?
Quelque chose n'est pas clair, ma gauche se pose un tas de questions, elle analyse.
Et n'oublie pas ses principes, tous ses principes.
Pour le reste, on verra une autre fois.
L'ennemi, c'est la finance.
Avec la désinformation.