Les débats autour de l'affaire Dieudonné, on connaît mes opinons sur le sujet, ne doivent pas occulter de la vérité d'un autre débat auquel il faut savoir donner, sinon un point d'arrêt, au moins une conclusion en ce qui me concerne.
Les Etats-Unis sont une démocratie, les représentants du pays sont régulièrement élus.
On sera d'accord ou pas avec leur politique, mais si l'on me dit que Bush et Obama, c'est pareil, alors je réponds qu'il faut se nettoyer les yeux et les oreilles.
Israël est une démocratie, les élections se déroulent régulièrement. Les conditions de la vie du pays, par l'état de guerre continu qui règne dans cette région du Moyen-Orient, font qu'à de nombreux égards l'Etat d'Israël est condamnable sur de nombreux points.
La question des crimes de guerre, la question du droit international, la question humanitaire des peuples palestiniens qui vivent l'exil forcé, la persécution, ou l'oppression, font un ensemble de problèmes aussi explosifs que difficiles à résorber.
Sur ces points, on peut chacun apporter un regard particulier.
L'Etat d'Israël depuis sa fondation est l'allié privilégié des américains, pour un certain nombre de raisons qui tiennent principalement à la guerre froide, quand USA et Urss s'affrontaient par le biais de leurs alliés, dans une région hautement stratégique.
Les développements de la situation au Moyen-Orient et l'apparition de l'islamisme radical anti-occidental et anti-américain ont renforcé les liens.
Ensuite, la présence d'une communauté juive influente aux Etats-Unis, qui soutient le droit à l'existence d'Israël, ajoute à la solidité de l'amitié américano-israélienne.
Cette communauté, comme bien d'autres sur la planète, voit sans être unanime, en l'Etat d'Israël, à tort ou à raison, le rétablissement dans ses droits historiques, du peuple d'une diaspora exilée depuis des millénaires.
Cette approche est sacralisée par les conditions de la fondation d'Israël, à la fin de la dernière guerre mondiale, à l'aide d'une immigration née directement du traumatisme indicible de la Shoah.
A partir de ces constats, je vais tordre le cou à des conceptions qui me semblent non seulement infondées, mais qui de plus nourrissent dans les opinions nationales de nombreux pays, dont la France, un complotisme minoritaire, heureusement, qui s'appuie sur des éléments décontextualisés, pour prôner l'existence d'un axe américano-sioniste, qui passe aussi par les grandes nations occidentales.
Quant aux ennemis mortels de l'Etat d'Israël, ou des Etats-Unis, il ne faut pas attendre de mesure ou d'équilibre dans leurs jugements.
Que Dieudonné relaie ces idées de complot, ou non, c'est son affaire, je ne suis pas d'accord, même si je pense que l'on n'a pas le droit de l'empêcher d'avoir ses idées et encore moins de pratiquer son métier.
Si les Etats-Unis soutiennent Israël, ce n'est pas au nom de l'intérêt des Israéliens, mais à celui du peuple américain. La réalité de l'intérêt du peuple américain, compris visiblement comme celui de ses élites, est un problème qui regarde la démocratie des Etats-Unis.
Cependant, on comprend bien l'intérêt d'avoir un allié inconditionnel, puisque sa survie a dépendu et dépend encore directement de la puissance de son allié, dans une région aussi proche des associés de l'Amérique dans l'exploitation du pétrole, ainsi que l'importance de pouvoir réaliser une pression tactique sur ceux qui ne le sont pas.
Israël est donc une pièce essentielle sur l'échiquier stratégique dans le jeu des Etats-Unis, comme d'autres nations, avant et depuis l'émergence de la question islamiste radicale. L'axe n'est pas américano-sioniste, mais bien américano-américain. Israël ne fait que bénéficier d'être utile.
C'est la fragilité de sa position, complètement subordonnée aux USA, avec le débat pour éviter sa dépendance qui fait rechercher à ce pays le maximum d'appui partout où il peut en trouver.
Ensuite, sur la position des communautés juives dans le monde, le soutien attendu par et donné à, Israël, se comprend très bien dans cette dimension.
On n'a pas affaire à un monstre gigantesque, internationale de sionistes dominateurs et de leurs complices, qui mènerait un complot mondial, mais bien à un pays qui a commis beaucoup d'erreurs dont quelques unes criminelles, qui tente de survivre comme il peut.
Et la radicalité de ses positions actuelles naît directement de la terreur d'être détruit, pas d'un souci de dominer le monde, comme des manipulateurs qui cherchent à exister, porteurs de nationalismes rétrogrades et racistes ou antisémites, tentent de nous le faire avaler.
Voilà mon idée.