Bon, il faut se détendre, la 14 juillet, après tout, c'est férié.
Donc, je fais mon tiercé, saine habitude pour le tiroir-caisse des grands bourgeois, que j'ai perdue voici des années, je crois que c'était en 1983 ou en 1984, il faut dire que je n'étais pas intoxiqué.
Au début, on joue avec des amis, au rendez-vous du dimanche matin, au PMU du coin, après la fête du samedi soir...
Temps bénis.
Puis quelques mois plus tard, on se retrouve dans un troquet course par course, pour sacrifier au rite dominical.
Alors, je ne sais pas qui les a trouvées, mes savantes compositions, à l'époque, j'ai tout laissé sur la table, tickets, journal de chevaux et pince, mais j'ai payé ma consommation.
Le jeu vous prend comme les années, sans y faire attention. D'un seul coup, on réalise le montant de l'addition.
Depuis je n'ai plus jamais joué, si ce n'est un loto de temps en temps, mais c'est vraiment sur les doigts de la main que l'on peut aligner mes bulletins.
Comprendre ses faiblesses, c'est se renforcer.
Donc, mon premier, c'est le grand bourrin vicieux, plus large que haut, c'est certain, François plan-plan, mais qui fait mal.
Après j'ai un petit qui monte, qui monte, outsider autrefois, il est revenu de très loin, il est placé. Un castalan du tonnerre, un peu raide, c'est vrai, même cassant, Manuel le robot, s'il ne sait s'assouplir...
Mais il a des muscles de fer et une volonté inoxydable, pas toujours quand il faudrait. Enfin...
En couplé, je peux les jouer gagnants.
J'ajoute Montebourg l'effarouché, il hennit joliment, a l'oeil mouillé ce qu'il faut et le jarret fringant.
Avec ces trois, mon tiercé est posé.
Il me faut un quatrième...
Hum... Je connais une jument, dure à cuire... Cuir épais, joli minois autrefois, belle dans la maturité, mais surtout un souffle diabolique et elle sait calculer, Ségolène l'impératrice, du coeur, elle va se placer.
Voilà les quatre qui peuvent arriver sur la ligne.
Je me demande qui va pouvoir les doubler.
J'aurais pu faire un quinté.