Le type, il arrive, remonté comme une horloge.
Le froid est sec, ils prennent le train pour leur station de ski d'enfoirés.
Hum, c'est ici que ça bouge.
La nuit là, devient douce et enveloppante, une humidité à peine sensible qui vous baigne sans vous glacer.
Autour, c'est la folie.
On se sent bien, sans rien consommer évidemment.
Le type, la came, il la laisse aux paumés. Enfin... Ça dépend, il faut parfois l'ambiance.
C'est comme l'alcool, on ne fait pas mieux pour se faire gauler. C'est bon pour les givrés du stade, embrumés, ils passent à côté de la beauté. Les cons, ils ne sont pas taillés.
Ça craque, cris, chants, bras levés... Mais la musique, pour lui, depuis ce soir, suit un autre tempo.
L'avenue fait un couloir de géant.
Oh! Comme elle est belle, lisse, élevée, elle vous regarde de haut.
Sapins, boules de lumière et guirlandes.
Des ombres dansent et des images glissent, devant et derrière, ça brûle quelque part.
Ça court aussi.
Depuis le temps qu'il travaille son coup de pied de face, c'est du gâteau.
La ruade de côté, c'est bien plus violent, mais on ne mesure jamais ce qu'il peut se passer, en cas de déséquilibre trop important, parce qu'il faut entrer, sinon, on n'est pas maître du mouvement.
C'est dans la hanche, de face aussi, il le sait, après des milliers de bonds sur les tatamis. Et ailleurs.
Les tatamis, c'est dépassé.
Le type respire un grand coup, sans faire vraiment attention, il est déjà parti, vlan!
Coup de talon!
Surtout bien rebondir, gare aux points de suture!
Trois mètres de vitrine descendent en chantant.
Ah! Un coup parfait.
Le type, il est content, il part en courant.
A reculons, un coup de périscope, les autres excités comme des puces sur un chien obèse sont déjà dedans.
C'est la fête! Orange Mécanique, mais sans le sang.
On est déjanté, pas tordu, le matériel, ça peut se remplacer.
C'est la loi du temps, rien ne dure, il faut tout changer, vite, tout est à jeter.
Un petit pas de côté, et rrran! Voilà pour la vitre arrière du bourgeois... Quelle idée de se garer là.
Salopard, comment peut-on se payer une bagnole comme ça?
Ça sonne et ça clignote à tout va, c'est bien, c'est dans le ton.
Le type, il marche à pas rapides, soulève l'arrière du container que l'autre entraîne avec un enthousiasme franc.
Ensemble, ensemble! Ho!
Pas besoin de se concerter, pas besoin de se consulter, droit dans la publicité. Des étoiles partent en pluie sous le réverbère, les sirènes font une musique qui accélère le tempo, jusqu'au final qui vous attend, là-bas, dans l'ombre derrière la bouche de métro.
Hou! Les voilà.
Il se marre.
On dirait des poteaux allumés qui portent les pancartes de leur enfermement. Ils vibrent et mangent l'espace avant de recevoir les premiers jets.
C'est nuages et bangs dans l'air qui se brise alors qu'il bougeait gentiment.
Le type ajuste son foulard, la capuche est bien en avant sur le front, il vaut mieux fiche le camp.
Hé! Lève-toi, gamine, où tu vas payer plus que des genoux écorchés sur du macadam.
Elle a décollé, quand il l'a tirée par le dos de son blouson, ça pleure sous les cheveux lâchés, dans les yeux bouffés par l'allergie, les gaz, ça vous fait cet effet.
Ils courent, elle tousse en le suivant, il sait où il va et pourquoi, choc des regards.
Sourires, complicité.
La nuit est belle, il reste beaucoup à prendre, quand on ne veut plus rien.
C'est tous les jours Noël, si vous rencontrez chaque matin comme un jour de l'an.