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Billet de blog 26 juillet 2014

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Aujourd'hui, Gaza, demain, le monde...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Voir tant de garçons, d'hommes, de fillettes, de femmes et de vieilles gens, courir et tomber sous les bombes et les obus.

Voir les maisons s'écrouler, au son du cliquetis des chenilles et du tonnerre des avions de chasse interroge, pour le moins.

Le tableau est rapidement brossé, une société dans la crainte des fusées, qui tuent deux ou trois fois l'an, avec sa vie civile marquée de périodes d'armement personnel, où le quidam devient tout à la fois bourreau, policier, héros, ou simple oppresseur, suivant l'idée de celles et ceux qui se pressent à un quotidien particulier.

L'un qui voudrait se croire normal, se rythme à l'ignorance des cris, pas très loin, de mères et de soeurs, qui enterrent un petit être qui n'a su de la vie, pendant quelques années, que la souffrance, la haine et la peur, le goût de vouer aux gémonies un monstre de fer et de feu, ogre des temps nouveaux qui vient prendre sa part de chair.

Gaza n'est pas une guerre, c'est une façon de vivre.

Il faut bien comprendre l'originalité du phénomène, à nul autre pareil.

On a des confits plus meurtriers, plus violents, plus horribles, sur le fond et la forme, ou une famille partie faire son marché, éclate en morceaux en raison d'une voiture ou d'un camion piégé, dont on ne saura jamais ce que pensait vraiment le chauffeur.

On a vu, en Afrique, en Asie et ailleurs, le crime habituel régner, il s'étend et prospère, depuis des années.

Mais Gaza n'est comparable à aucun autre.

C'est que nous avons en ce lieu le laboratoire du monde nouveau qui s'installe pour on ne sait combien d'années.

Une armée moderne de la pointe émergée de la civilisation technologique la plus avancée, la plus intellectuellement éclairée, écrase des millions de gens.

Le projet de domination et de conquête est clair. On expulse et on remplace par d'autres des gens qui vivaient chez eux, on abat au propre et au figuré le droit et les innocents, en allant contre ses propres engagements et sa participation à la forme de civilisation qui se veut la plus développée.

On sait que les droits humains n'entrent pas dans les abattoirs.

Mais à Gaza, la population n'est pas animale, elle n'existe pas. C'est un souci de la vie normale que l'on gère au mieux de ses intérêts immédiats. Gaza est le jardin d'enfer que l'on cultive par la mort et le deuil, pour en cueillir des fruits doux et juteux aux assassins.

Les loups entre eux sont féroces, mais ils ne se poseront jamais la question d'être injuste ou violent avec l'agneau, sa position est naturellemnt désespérée en face de leurs crocs.

C'est ainsi de la grande confrérie des dirigeants du monde, ils n'ont que des partenaires, à leur niveau. Pourtant ils sont héritiers d'un système que l'on appelle démocratie, mais ils savent comment le transformer en outil de domination.

Gaza leur explique tous les jours une nouvelle manière. Curieux et intéressés, ils observent et tirent les leçons sur comment gouverner avec une telle opposition.

Ils voient qu'en suscitant ce qu'il faut de coupables, qui servent d'alibi à étayer  de bonnes raisons leur projet, pour la communication médiatique, on peut beaucoup. Bush l'avait formidablement réussi aux Etats-Unis.

Le réel est nié, foin de légitimité, nul besoin de vérité, il suffit que l'on manie les leviers pour justifier l'indicible aux yeux du monde développé, ainsi que de sa propre majorité aveuglée.

Alors, on tue à Gaza, au nom de la paix... Au nom de la sécurité, on enterre l'ennemi et, comme la guerre, c'est aussi un accident, soi-disant, on extermine les familles des belligérants.

Tous coupables, on ne reconnaît plus de statut à l'innocent, c'est qu'il n'existe pas, dans la nouvelle philosophie, qui ressemble comme deux gouttes d'eau, se regardant en miroir, à l'ancienne.

Tuez les tous!

Dieu reconnaitra les siens, s'ils tombent, c'est que sa colère le voulait.

Et les autres se coucheront, tétanisés par la peur  ou trop abîmés pour se lever.

Argument, valeur, principe, qui permettent de voir un groupe restreint exploser de puissance, voilà les tueurs qui règnent au service des exploiteurs.

Alors Gaza exprime la fabuleuse démonstration du monde d'aujourd'hui, en dessinant celui qui sera demain.

Un groupe décide, selon sa loi, de la vie et du destin de tous, il a besoin de soutien.

Or, nos valeurs ont évolué au cours des siècles.

Peu importe, il suffit de les détourner.

Et il trouve des complices actifs, engagés exactement dans le même type de de gouvernement, à qui il démontre l'efficacité de son système. On ment et si le mensonge ne passe pas,  on épuise, on persécute, on tue, jusqu'à ce qu'enfin la loi du plus fort continue de prévaloir, mais en silence.

Gaza, c'est la loi du plus fort et le silence sur les cris des mourants.

Et nous sommes donc passionnés normalement, nous, les tenants d'une humanité reconnue à la fois comme un fait et comme un droit, par cette expérience de massacre, réussie depuis tant d'années, avec la victoire et la floraison du non-droit, appuyés sur la violence, en face de la légitimité et de l'innocence.

Là-bas, c'est ici. Parce que dans tous les pays civilisés, qui ne le sont pas devenus n'importe comment, leur gouvernement a instauré un raisonnement dévoyé du discours autrefois si élevé, les dirigeants ne croient plus depuis longtemps en l'égalité.

Et ils ont raison avec la force, contre la justice.

Une population voit émerger une résistance armée de fusées, qui tuent trois personnes par trimestre, pendant que son ennemi fait tomber une centaine de femmes, d'hommes et d'enfants, par journée, si l'on refuse le compte mathématique du sang, celui des principes, en face des faits, doit pourtant bien s'imposer.

Le silence des pays vendeurs d'armes est éloquent, Gaza, c'est une façon de gouverner... L'exemple parfait que la violence fonctionne contre le droit, que le mensonge marche très bien comme mode d'éducation.

Et c'est ainsi que sur la terre des souffrances, mais aussi des beautés, chacun doit entrer en résistance, contre les bourreaux de Gaza et contre leurs complices.

Sinon, un jour nous aurons, nous aussi, à nous cacher dans nos caves, sous les bombes.

Nos enfants ou nous mêmes, dans quelques temps, aurons à se serrer dans les zones concentrationnaires, où les exclus du partage, non pas sous le fait de la religion, mais sous celui de l'origine sociale, seront parqués.

Le nouveau monstre n'est plus fasciste, s'il en use des moyens, l'usage de la violence, comme autrefois.

Il s'affirme clairement démocratique. Et bien, il est temps de comprendre.

A Gaza, c'est une démocratie qui se comporte exactement comme les dictatures.

Et celle qui nous régit, la dictature qui vide de sons sens le choix des urnes, en apprend la méthode de nous gouverner demain. Sur l'intoxication des faits, elle en sait assez, il ne lui reste plus qu'à enfermer ou tuer ceux d'entre nous qui dérangent.

Gaza, c'est le rêve ou le cauchemar, avec l'avenir, des dirigeants et des peuples.

Aujourd'hui, là-bas, demain, partout.

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