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Billet de blog 28 avril 2014

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Bon, après quatre ans débranché, je reviens dans la mare aux canards, me voilà à rebaptiser ce blog, une fois de plus, Tolérance zéro, ça dit ce que cela veut dire.

Donc, je reprends en arrière.

Ben, oui, il faut verbaliser, ça tombe bien, j'ai des choses à raconter.

J'ai pris l'avion, c'était le printemps, arrivé à Paris, il faisait beau.

Un vrai beau. Soleil et tout.

Je ne me souviens plus trop comment je suis arrivé en ville, certainement pas en taxi, j'ai toujours haï les taxis, depuis une expérience à Marseille, après, ces empaffés ont toujours cherché à m'entuber... Donc, je suis arrivé à Paris.

Pas loin de Montmartre, M. m'hébergeait.

Un petit deux pièces sympa, avec un débarras transformé en piaule pour les amis.

Sa copine? Je ne m'en souviens plus. Mais c'était chaleureux, on avait de la couleur et de la lumière dans un cinquième étage sans ascenseur.

Je suis sorti. J'ai marché jusqu'à une sorte de jardin public, en espèce d'escaliers, une bande de quatre ou cinq sénégalais percussionnaient. Non, ils ne faisaient pas la manche, ils répétaient et ça tapait, un rythme d'enfer, les passants s'arrêtaient, un sourire comme on en voit sur les faces de qui ne s'attend pas à rencontrer l'Afrique, comme ça, dans sa journée...

Je me suis assis. Oh, bien deux heures, à la fin, j'avais froid, c'est quand même Paris.

Je suis rentré, M. était affalé sur leur divan défoncé, il fumait, j'ai tiré deux tafs, mais je n'avais pas envie, j'étais déjà trop bien.

M. il est tout petit, grêlé, brun, peau foncée, dans le genre moricaud. Je n'ai jamais su s'il avait de l'arabe ou autre chose, les yeux noirs, un beau sourire, sympa. Je l'avais rencontré avec un pote à lui, très blanc, genre oiseau de nuit, blafard, même gabarit, cheveux longs, le visage en lame de couteau. A l'époque, ils braquaient des banques, des bijouteries, du cash et de l'or. Un flingue au bout du bras, ça vous grandit. Après, l'autre s'était tiré, en fait, je l'ai su bien plus tard, case prison, puis cimetière, c'est ainsi...

M. ne travaillait pas, ce qu'il faisait alors, je ne sais pas, enfin, je me doutais, mais il ne m'a rien dit et je n'ai rien demandé. Il avait choisi la mauvaise voie, depuis toujours, il n'était pas près d'en changer.

Le matin, je suis allé jusqu'au placard. C'est comme ça, quand vous passez en jugement, il faut rentrer la veille, comme cela, si vous écopez, vous êtes prêt à embarquer...

Pour moi, j'ai eu de la veine, je suis sorti.

Je suis retourné chez M., puis j'ai pris l'avion.

M. est venu me voir, je l'ai reçu avec plaisir, pensez! Il était plutôt mal. On a picolé, on a ri, on a fumé un peu, j'ai jamais trop poussé sur le chalumeau, ni même l'alcool, un fond de prudence et d'éducation, certainement...

On s'est souvenu de pas mal de trucs. Il était heureux.Mais il était aussi vraiment mal.

Quelques semaines plus tard, j'ai appris qu'il était mort, lui aussi...

L'héro, ce n'est pas bon.

Faut pas décrocher en retard.

Je vois ses yeux.

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