Contre la démocratie ? Oui, du moins contre l’idée fantasmatique que le terme évoque désormais et qui permet d’habiller à peu près n’importe quoi d’une aura de légitimité, quand la réalité est insoutenable, économiquement et politiquement.
Credo numéro un à exploser, la démocratie ne défend pas la liberté.
Les premières démocraties se sont développées et ont duré dans des sociétés esclavagistes.
Credo numéro deux, la démocratie ne défend pas l’égalité.
La plupart des démocraties ont toujours été des ploutocraties, sinon de droit, au moins de fait, par la capacité financière des électeurs et des élus. Électeurs et élus appartenaient aux classes économiquement favorisées, ou hyper favorisées.
Credo numéro trois, la démocratie ne défend pas la fraternité.
La solidarité au sein des peuples, évoquée par la plupart des démocraties, n’a jamais été le soutien dans la lutte contre la pauvreté ou les méfaits du déclassement social, mais l’association de forces pour défendre des intérêts précis, la plupart du temps basés sur la propriété ou l’impérialisme, ceci dans à peu près toutes les démocraties dites libérales, comme celles dites populaires.
Liberté, égalité, fraternité ne sont pas des principes démocratiques, mais républicains, dans une forme de démocratie particulière, en France, sanctionnée par le droit qui la constitue.
En ce qui concerne les démocraties dites populaires, le terme démocratie, qui exprime bien évidemment aussi s’appuyer sur la souveraineté du peuple, est encore plus précisément cerné.
On demande bien au peuple de s’exprimer et de décider, mais une seule fois.
C’est à l’occasion de la révolution et de l’installation du régime, ensuite, on décide pour lui, pour toujours, en son nom.
Donc, cette démocratie, fumeuse et contradictoire avec les valeurs des droits de l’homme et de la femme, de l’enfant et de l’animal, on doit au minimum s’en méfier.
Il faut viser un régime, peu importe lequel, qui soit effectivement installé sur un droit qui soit clairement affirmé.
Le socialisme répond de son côté à un principe simple, la lutte contre les inégalités sociales.
Il ne s’agit pas de transférer ces inégalités, en modifiant les publics frappés par l’exploitation, ou changer leur désignation, mais bien de veiller à ce que quiconque, au sein de la société, ait accès au moyen de vivre dignement et confortablement.
Comme on le comprend bien, l’éventail des possibilités du fonctionnement socialiste est extrêmement large.
Il n’est pas forcément égalitaire, ni communiste, ni autoritaire. La prétention qu’on peut lui trouver est de garantir à chaque individu le bénéfice du progrès social.
On ne peut pas faire l’économie du droit en société.
C’est la base qui va déterminer l’équilibre de l’ensemble.
Les acquis et les dégradations du progrès social se reconnaissent exclusivement dans la manière dont s’exerce le droit.
Si des privilèges sont accordés à telle ou telle classe de la société, en rapport du droit commun, on commence à mettre en danger l’équilibre de l’ensemble.
Il faut être extrêmement attentif au modèle de société socialiste que l’on désire, d’où l’importance des valeurs qui vont légitimer et nourrir le droit.
Avec le modèle de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de la république française, on ne peut pas se tromper. Sauf sur l’inaliénabilité de la propriété, qui mérite une considération particulière.
On peut imaginer un régime socialiste qui soit démocratique, peut-être républicain, établi sur ces valeurs, qui fasse feu des nouveaux privilèges et des errements et amendements du droit actuel.
En France, le débat sur la sixième république, entre parfaitement dans cette préoccupation et cette logique.
Contrairement au discours du parti socialiste actuel, qui a déjà plusieurs fois renié son nom, en même temps que ses fondements, cette sixième république, pour être moderne, juste, et répondre aux principes de la devise républicaine, devrait être socialiste.
Le régime de la propriété privée, à l’heure où la situation de la planète pose des questions de survie pour le vivant, ne peut pas éviter d’être examiné, d’une façon élargie et non dogmatique, dans un sens ou l’autre, au feu de l’expérience des trente dernières années.
En effet, la concentration des richesses est devenue une cause évidente de destruction et d’impossibilité d’agir sur l’inversion du phénomène d’appauvrissement général, en même temps que d’épuisement des ressources.
Le challenge pour l’humanité du troisième millénaire sera donc vraisemblablement de gérer à la fois les crises, écologique, économique, morale et politique, mais aussi philosophique et idéologique qui sous-tendent l’avalanche de crises ponctuelles et systémiques.
Une réponse est socialiste.