"À partir du moment où on n’a qu’un seul monde, et qu’il nous est commun, la question se pose de savoir comment le partager. Cette politique serait donc une politique de partage, parce que nous sommes tous des ayants droit de ce monde. Cela implique la reconnaissance du fait qu’une des conditions premières de la possibilité de mener une existence digne, aujourd’hui, est de pouvoir circuler librement." Achille Mbembe
Il n'est pas necessaire de placer cette idée dans le contexte de la négritude car elle rappelle un article incontestable des droits de l'homme et reste une étape indispensable à franchir encore dans l'humanisation de la société. Bien sûr, l'histoire (colonisation, pillage des matières premières, esclavage, maintien des dictatures, guerre vue comme manne économique) explique les déséquilibres nombreux entre les richesses des différentes régions du monde (auxquels viennent s'ajouter les difficultés climatologiques ou même géographiques) mais la seule richesse d'être né "homme" dans le monde ("qui nous est commun") suffit à ce que nous en soyons chacun les "ayants droit". Il n'existe aucune frontière légitime. Le monde à partager doit être un axiome à partir duquel doivent se définir les politiques économiques, sociales, et non pas l'inverse (la suprématie d'une économie dictant les politiques à appliquer entre les hommes). Agir selon la santé d'un système qui exclu le droit fondamental des hommes participe exactement à ce que l'on peut définir comme une action inhumaine, car qui va à l'encontre de l'intérêt des hommes en particuler et dans leur ensemble. Personne ne peut non plus selon le hasard de la géographie de sa naissance prétendre à jouir seul des progrés de la société humaine (démocratie, progrès de la recherche médicale, scientifique) toutes ces découvertes doivent être bénéfiques à tous les hommes, elles sont universelles car elles sont le fruit du travail et de l'histoire de l'humanité dans son ensemble : il est évident que même la souffrance des esclaves dans les champs de cotons Américains a contribué à la découverte de la pénisiline, car au champs ou au laboratoie, c'est un homme qui vit un destin interchangeable, qui participe également à l'apprentisage de l'humanité, au progrès des idées. Le Français d'aujourd'hui doit honorer le courage des résistants qui donnèrent leur vie pour le maintien de l'idée de démocratie en Europe mais ne peut pas prétendre être le seul homme digne à en bénéficier....
Lorsque une telle idée est comprise est assimilée, le constat est évidement partagé entre le fait qu'elle n'est absolument pas mise en oeuvre dans le monde actuel, et entre l'espoir né des conséquences que son application future pourrait donner comme visage à l'humanité.