Revoir Quai des orfèvres en plein 'après Weinstein' est venue éclairer ce film sous un angle un peu décalé : car ce qui est au fondement de l'intrigue est l'habitude d'un riche producteur de jouer de son pouvoir économique, professionnel pour mettre sous emprise des femmes (jeunes) cherchant à se faire leur place dans ce milieu artistique. Extraordinaire actualité de ce film qui fête ses 60 ans!!
Cet "après Weinstein" comme on le qualifie est un moment capital.
Capital en ce que des violences, jusque là tues, sont dites. La violence vécue peut être révélée. Et c'est essentiel.
Capital en ce que des violences le plus souvent subies dans l'intimité et la solitude peuvent être mises en commun. La parole créé un collectif et une capacité d'agir.
Mais cela ne suffit pas; et la parole ainsi "libérée" et la violence faite aux femmes ainsi discutée à longueur de journée peuvent aussi fragiliser toutes les femmes blessées, atteintes, pour qui ces récits multiples viennent réactiver, réveiller les douleurs et les souffrances vécues. Il manque alors la parole des hommes. Car ces femmes atteintes l'ont été par des hommes. Et ce qui s'entend pour le moment du côté de la parole masculine c'est surtout le déni des uns ou des autres face à des accusations dont ils se retrouvent faire l'objet. A quand les mots des hommes qui ont exercé et exercent ces violences? A quand leur capacité à se penser comme tels?
"La France ne doit plus être un de ces pays où les femmes ont peur" a dit le président Macron? Mais à quand un président qui annonce "La France ne doit plus être un de ces pays où les hommes se pensent autorisés à faire peur, à exercer une violence symbolique, psychologique ou physique sur une ou des femmes?"