A l'approche de la COP21, les discours se multiplient et se superposent. On y entend souvent les mêmes appels à l'action individuelle, qui faute de mieux, pourrait favoriser un retournement du désastre écologique attendu.
Cela me fait marrer : l'action citoyenne individuelle et inorganisée, bien que souhaitable, faute de mieux, ne sera, dans le contexte actuel, jamais suffisante pour désamorcer les conséquences de déséquilibre de « l'écosystème Terre ».
Les choix de vie alternatifs sont :
- compliqués, par défaut d'organisation de l'information, de la formation, par défaut d'organisation des applications, de la distribution des moyens, méthodes...ou pire, il faut tout fabriquer soi-même, ou être en capacité de détourner l'existant pour l'utiliser autrement.
- plus coûteux, car s'adressant à une minorité, ils ne bénéficient pas des économies d'échelles de fabrication et sont souvent conçus de manière plus onéreuses pour des raisons éthiques.
- énergivores et chronophages, dans l'organisation actuelle de la société.
- peu rentables, car pas assez distribués ou reconnus, et donc difficilement « professionnalisables » : ils ne génèrent que peu d'emplois...
- voire illégaux (désobéissance civile, non-conformité réglementaire, légale)...
Ils ne s'adressent donc, à ce jour, qu'à la partie de la population qui a les moyens économiques, ou culturels, ou intellectuels, ou relationnels, ou organisationnels, ou créatifs, ou temporels ou rebelles de se les permettre : une minorité de la société française, pour ne pas parler du monde.
Or, il apparaît de plus en plus sûrement que « l'écosystème terre» a besoin d'une évolution rapide des activités humaines.
Agir vite, c'est agir collectivement, majoritairement, vers des alternatives socio-économiques efficientes.
L'organisation socio-économique de la société est le rôle du pouvoir politique. La compréhension et l'adhésion à des actions nouvelles au niveau de la population est le devoir du pouvoir politique.
Seules des décisions politiques majeures peuvent donner une chance à l'humanité de redresser la barre, en nous donnant les moyens pragmatiques de devenir terrien, en impulsant et soutenant les actions socio-économiques capables de dessiner des alternatives aux manières actuelles. Dans le cadre de l'intérêt général avant tout. Dans la compréhension qu'à partir du moment où tout le monde va bien, je vais bien, forcément.
Le politique, c'est aussi nous qui le poussons vers ce que nous souhaitons. Et pour que les gouvernements entendent et inclinent vers ce que le peuple veut, il faut que le peuple se fasse entendre massivement, collectivement. La pression vient du nombre agissant au même moment ou dans la même direction. Les actions individuelles, si elles ne se rencontrent pas dans un même élan collectif, n'auront jamais assez de poids pour faire sens.
Alors, nous pouvons être critique sur la COP21, désabusés avant qu'elle ait eu lieu…
Ou alors, utiliser ce moment pour faire collectivement et massivement savoir à nos gouvernements que nous voulons devenir terrien, et que nous lui en demandons les moyens.
Les 28 et 29 novembre prochain, la coalition21 (HTTP://COALITIONCLIMAT21.ORG) organise des marches dans de nombreuses villes de France et une autre à Paris, le 12 décembre.
Si la population française rejoignait massivement ce mouvement, pour faire savoir qu'elle est concernée par cette question, qu'elle veut des alternatives rapidement, ne serait-ce pas mieux qu'un sondage ou un juste « râlage » ?