DOUTE EN TÊTE D'OUTRE MAÎTRE
Laissant les jours dompter la mort qui les bascule
en la nuit du labeur, de l'aube au crépuscule,
les foules ont sombré sous les immeubles gris
des voitures épris, la vêture assombrie
par les revers du temps, et la couleur se brise
en triste sort glissant sous les yeux dans la crise ...
Les bruits nous font durable ce silence aussi
profond qu'un fracas de torrent soudain grossi
par le dément des maux, ce déluge au débord
infini de non-sens cumulable, à l'abord
si précis du monde toujours nouveau d'un crime
passionnable en série bétonnée vers l'abîme...
Et nous voilà prières, suspendus odieux,
en sermons policés d'inouïs doux adieux
que n'entendit jamais, depuis son vivre encore
tout-à-l'heure, demain, l'an prochain de son corps,
de plaisirs à douleurs, cet enfant interdit,
ce garçon, cette fille à la gaieté verdie...
Alors j'écris sur l'avenir sa feuille de déroute
où je pleure d'une encre indélébile un doute
absolu et certain, où rien répond de tout,
à mon tour, à ma place, ou de tel autre itou...
Nous sommes tous le même, allant par maintes foires
s'étaler de savoir mais de son maître ignare...
Pourtant combien parfois le soleil nous a pris,
nous apprit à s'éprendre, tendrement et sans prix
et du soir au matin et de dons les mains pleines,
comment on ne sait plus, ça ne vaut pas les peines
arracher de l'oubli, mieux cuire l'inconnu
que tenir le malheur comme déjà venu...
L'avenir me poursuit, police du présent
à mes basques, et moi voleur de tout mon temps
perdu à fuir pour fuir, pour aller nulle part
dire être ailleurs, improbable chant du départ
échoué dans les gorges du trac, patatras,
prince d'échecs, à la nasse en déchet extra
Ordinaire travail à l'insu bordel né
des sons d'impur génie, son sang d'avant donné
pour un sucre trempé dans la chartreuse verte
de peur que la souris s'en saoule - elle est experte,
dit la chanson. L'escargot est un chaud lapin.
Il faut le croire et manger cru. Avec du pain.
20 mars 2012
Patlotch, Temps basculés 1er janv - 1er avr 2012