Des manifestants le 11 novembre qui huent le Président de la République, des bonnets rouges dont aucun expert, d'habitude si prompt, ne parvient à caractériser la nature politique ( bizarre...), un grand média TF1 qui manipule le son des huées, un journal d'extrême droite que personne ne lit et qui fait tout un coup la Une, Harlem Désir étrillé dans une émission de divertissement animé par Descaunes, Apathie et Bougrab, des maires de droite claironnant que eux n'appliqueront pas la réforme des rythmes scolaires comme certains avaient annoncé qu'ils ne célébreraient pas le mariage gay, des restaurateurs qui crient à la hausse de la TVA et qui pourtant n'avaient rien fait de la baisse accordée, des riches qui s'étranglent à l'idée de payer des impôts et d'autres beaucoup moins riches qui pensent appartenir au même monde. Et surtout des plans de licenciements annoncés à longueur de journée alors que le Président et le Gouvernement espèrent l'inversion des courbes du chômage.
Et pendant, cette période folle ( crise régime, vacance de pouvoir, crise politique majeure, le FN à nos portes... a t-on lu ici ou là), Sarkozy, détendu, tout sourire, acclamé même, va au concert de son épouse Carla Bruni à Longjumeau ( ville dont Nathalie Kosusko-Morizet est encore la Maire et députée). Déplacement relayé, encensé, alors que franchement, l'évènement est sans intérêt ( à priori) politique. En tout ca, on ne décèle pas immédiatement en quoi il constitue un début de commencement de réponse à la crise politique telle que gravement décrite par les médias.
Rien ne vous trouble vous?
Tout se passe, comme si en quittant la Présidence de la République, le précédant occupant avait semé ses petits cailloux et que ceux-ci, un an plus tard, commençaient à tracer le chemin de sa reconquête. Malin, ce n'est pas son parti qui organise et porte le feu, mais des associations, des gens venus de nulle part mais en colère, des salariés du dimanche et même des bonnets. Ben voyons... Des patrons qui licencient et des riches qui crient trop d'impôt! Eux qui pourtant en payaient si peu grâce à un système d'optimisation désormais qualifié d'évasion donc d'escroquerie au pays tout entier.
Vous avez compris où je voulais en venir... Même dans cette version simplifiée du propos de classes sociales.
Mais alors me direz vous... Pourquoi François Hollande et le gouvernement de gauche sont-ils si peu, si mal ou pas du tout défendus par les leurs, ceux du 6 mai ? François Mitterrand, en son temps, du lui aussi affronter la réaction, avec par exemple plus d'un million de français dans la rue pour l'école libre. Il se trouva pourtant défendu par son camp, celui qui lui donna la victoire le 10 mai! Parce que sa victoire était synonyme de conquêtes sociales et de libertés nouvelles. Ces conquêtes furent données au peuple jusqu'au tournant de la rigueur et ce peuple les protégea après. Sa ténacité ( celle du peuple) n'aura pas permis de toutes les conserver, mais certaines sont encore là et nous vivons, encore aujourd'hui, avec.
Rien de tel avec François Hollande, aucune conquête sociale n'a accompagné sa victoire du 6 mai . Redressement budgétaire de la France, c'est la condition pour la redistribution plus tard leur a t-il dit. Banco! répondirent pourtant les français le 6 mai. Un tel propos politique ne pouvait pas être un mensonge crurent-ils... Prêts à s'engager dans le Redressement comme d'autres s'engagèrent dans la Résistance, ils virent passer le CICE, l'ANI, le TSCG, la réforme de leur retraite, une baisse de leur niveau de vie par le triple effet des réductions des dépenses publiques, de l'augmentation de leur impôt, de l'annulation des heures supplémentaires, des transferts de charges des entreprises vers leurs foyers...etc .
Si François Hollande apparait seul aujourd'hui, ce n'est pas seulement une question institutionnelle posée par le fonctionnement de la 5ème République mais bien parce que sa politique ne contient aucune raison, aucune conquête à défendre !!!!
Et voilà comment les petits cailloux de Sarkozy se transforment en caillasses pour François Hollande sans que personne ne veuille les ramasser pour les rejeter dans le camp d'en face. Au mieux, ils s'entrouvera pour les jeter dans le camp du FN et encore...
Si le Président souhaite retrouver les siens, il doit alors leur donner ce qu'il leur a , non pas promis, mais proposé lors de sa campagne et que les Français ont accepté en lui donnant la victoire pour le réaliser. Ce n'est pas un changement de cap, mais la reprise du cap du 6 mai qu'il est urgent de retrouver.