Voilà maintenant quelques jours que nous entendons, dans nos familles, chez nos amis ou (pour les militants) sur les marchés, en porte à porte, que le vote pour Jean-Luc Mélenchon séduit et que peut-être ou déjà sûrement, certains (de plus en plus nombreux) iront voter pour lui dès le premier tour.
Nos arguments de vote utile restent, malgré l’expérience du 21 avril, un peu en rade face au réveil d’une conscience de gauche combative, dynamique et déterminée porté par Jean-Luc Mélenchon.
Ce réveil vient de loin : des « déçus de la gauche », des votes « non » au référendum et de tous ceux qui désespèrent de la plus grande crise de ce siècle et qui la vivent jusque dans leur chair.
Les uns s’ajoutant aux autres au fil des années, ils provoquent une grande manifestation politique. Et sans doute, un élan de vote pour JLM dès le premier tour.
Si nos arguments de « vote utile » restent fades c’est qu’ils font face à un vote d’envie ou de désir. Et comme toute envie, même politique, elle échappe à la nécessité, aux besoins et à la raison.
Et nous voici, à quelques semaines du premier tour, dans la pire des situations quand il devrait s’agir de rassembler:
Celle où le vote de raison et celui de coeur nous déchirent les uns des autres. Mais aussi parfois chacun d’entre nous dans son for intérieur.
« Vous n’avez qu’à faire envie » nous disent les militants du Front de Gauche. « Vous n’avez qu’à être raisonnables et votez utile » répondent ceux du Parti Socialiste.
En opposant les deux votes, nous ne faisons qu’obliger les électeurs à choisir. Ils choisiront. Seul le résultat du 22 avril nous dira qui de la raison ou du cœur l’aura, alors, emporté.
Au regard de la catastrophe politique qu’un tel choix pourrait engendrer, il est temps de réunir chez l’électeur de gauche les deux moteurs de sa mobilisation -le coeur et la raison- sur un seul et même vote.
Convaincre qu’en votant François Hollande, dès le premier tour, ils voteront et avec leur tête et avec leur cœur ?
La victoire contre la droite et l’extrême droite. Voilà pour la raison !
La construction d’une société de partage et de justice, où l’espoir serait incarné par sa jeunesse plutôt que par ses stocks option. Voilà pour le cœur !
Nous souhaitons tous la défaite de Nicolas Sarkozy et l’écrasement de son propre avatar, l’extrême droite.
Cette bataille, nous l’avons commencé avec les trois millions de votants des Primaires. Beaucoup d’entre eux étaient présents avec les manifestants du 18 mars.
Prenez la Bastille, si vous y tenez, mais pas avant d’avoir fait le travail.
La droite et l’extrême droite sont nos adversaires et ennemis, nous devons, ensemble, maintenant, les combattre dans le cadre de la campagne présidentielle pour leur interdire l’accès à la Présidence de la République Française.
Ce barrage ne se lèvera face à eux que si François Hollande emporte avec force l’épreuve du premier tour.
Notre candidat n’est assuré de rien. Il est, comme nous, en campagne.
Ce n’est pas faute, de sa part, de le répéter.
La raison lui commande de nous rappeler que ce sont d’abord des millions de votes en sa faveur qui nous permettront de construire, une fois l’épreuve de l’élection gagnée, la société que nous commande notre cœur.
Dans le cas contraire, ni la raison, ni le cœur ne sera victorieux. La droite ou l’extrême droite sera installée à la Présidence
Nous n’aurons plus, alors, que nos larmes. C’est le risque quand il manque au coeur, la raison et à la raison, le coeur.