Patrice Charoulet

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Billet de blog 20 juillet 2024

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Aimable réponse

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Sur un blog littéraire, j'avais demandé qu'on me cite un auteur français vivant écrivant mieux qu'un autre auteur qui me semble écrire mieux que personne. Aimable réponse :

En réponse à la question de Patrice Charoulet :

Connaissez-vous Claude Louis-Combet ? Du Sens de l’absence vient d’être réédité (en mars de cette année), on le trouve peut-être encore dans les bonnes librairies : vous pourriez en lire quelques pages.

Un peu moins âgée, Danielle Mémoire (ouvrages les plus récents : Quelque Membre de notre Cercle ; Noms, prénoms titres et sobriquets).

À la génération suivante, Pierre Lafargue (La Fureur, Le Jeu de la bague, La grande épaule portugaise, etc.) Attention : ses livres sont la preuve que le grand style n’interdit pas une fantaisie débridée.
Ces deux-là ont certainement beaucoup lu Saint-Simon (le mémorialiste).

Moins déconcertant, d’une lecture plus facile, L’Ange incliné (roman) de Pierre Mari — dont l’essai En pays défait me semble tout à fait remarquable (et remarquablement d’actualité).

Reste évidemment à savoir ce que vous entendez par « bien écrire » — une sorte d’hypercorrection non fautive, un registre invariablement soutenu, tel ou tel fait de style fétiche ? De la « copie d’ancien » comme en ébénisterie ?
Certains se pâment mécaniquement en présence d’imparfaits du subjonctif ou de phrases longues (auxquels je ne suis ni allergique ni insensible), et s’en contentent — d’où quelques réputations assez facilement usurpées. Tout faiseur habile et un tant soit peu cultivé passe auprès d’eux pour « grand écrivain », « merveilleux styliste ».
Cette superficialité de jugement se trouve d’ailleurs souvent conjuguée à une très grande frilosité vis-à-vis de toute forme d’expérimentation et de renouvellement des procédés d’écriture ou de construction des textes.

Or il y a plus d’une tradition, plus d’un « héritage » à défendre ; ceux de Rabelais mais aussi du 18ème siècle (Diderot, inspiré par Laurence Sterne) se retrouvent, entre autres, dans les extraordinaires romans et essais de Pierre Senges — d’une verve, d’une inventivité, d’une intelligence jamais démenties (j’ai une prédilection pour Fragments de Lichtenberg). Prose non pas drapée dans le marbre (trop d’énergie pour cela), mais tout à fait « tenue » (grandes richesse lexicale et variété de tours). Et beaucoup d’humour, ce qui ne gâte rien.

Je m’aperçois que j’ai oublié Jean-Loup Trassard, ou Judith Schlanger (philosophe dont l’écriture m’enchante).
Et Florence Delay ? L’Insuccès de la Fête, quelle merveille.

Anne Serre, peut-être.

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