Ces dernières semaines, la Grèce et l'Ukraine ont une fois de plus démontré que l'aide financière est souvent liée à des buts politiques.
La Grèce a beau ne pas avoir beaucoup d'argent en ce moment, sa position géographique la rend immensément importante. En conséquence, les États-Unis veulent un gouvernement pro-occidental à Athènes. Washington a poussé pour l'accession de la Grèce à l'OTAN au début des années 1950 afin de contrer l'influence russe dans la région. Aujourd'hui comme alors les États-Unis veulent empêcher la Russie d'étendre son influence en Grèce, particulièrement sur les projets liés à l'énergie. L'Allemagne partage cette vue, mais elle a des besoins différents. Berlin veut faire un exemple de la Grèce.
Dans le même temps, les gouvernements occidentaux donnent la priorité à l'aide financière à l'Ukraine.
En mars, le FMI a annoncé une aide de 17.5 milliards de dollars pour l'Ukraine. De plus, des gouvernements occidentaux et diverses institutions de l'UE aident l'Ukraine à payer ses factures. Les États-Unis ont fourni des garanties de prêt, tandis que l'Union Européenne a promis d'accorder 12 milliards de dollars à l'Ukraine ces prochaines années.L'aide du FMI et des gouvernements occidentaux est cependant loin de combler les besoins de financement de l'Ukraine, qui sont évalués autour de 40 milliards de dollars pour ces quatre prochaines années.
L'Ukraine est l'épicentre de la lutte pour les régions limitrophes de la Russie. Pour l'Ouest, les finances de l'Ukraine sont une question stratégique.
Ainsi, la crise grecque et le conflit ukrainien définissent le paysage géopolitique de l'Europe.
Le Kremlin est impliqué en Grèce, via le gazoduc Turkish Stream et des visites diplomatiques remarquées. La Russie est aussi impliquée dans une confrontation avec l'Ouest sur l'Ukraine. Les gouvernements occidentaux ont dans ces deux cas pour but de contenir la crise; dans le premier en décourageant d'autres membres de l'Union Européenne de suivre l'exemple de la Grèce, et dans l'autre de rassurer leurs alliés le long du bord oriental de l'OTAN.
Pour l'Ouest, empêcher la propagation des troubles sociaux et l'instabilité, en Grèce et en Ukraine, est la clé pour les maintenir dans le camp Occidental.
Pour ceux qui aiment se chamailler sur la propagande ceci, la propagande cela, Poutine est méchant, Non c'est Obama, ces quelques phrases pourront, on l'espère, recadrer un peu le débat, et laisser apercevoir les vrais enjeux.
Ces quelques phrases sont extraites de la dernière livraison de la lettre géopolitique hebdomadaire de Stratfor:
https://www.stratfor.com/geopolitical-diary/greece-ukraine-financial-aid-geopolitical-strategy
Enfin, Stratfor fait aussi de la propagande, c'est à dire de la communication. Ici compte tenu du canal de communication utilisé, l'efficacité est dans le caractère on ne peut plus simple clair et direct du message: la Grèce doit rester dans l'euro, dans l'Europe, sous la surveillance et la supervision des Etats-Unis.