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Billet de blog 3 août 2015

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Grèce 2015 ; la fin du réformisme !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Trouvé chez Quadrupanni qui lui-même l'a copé du site Italien" Militant "  proche de l'Autonomie : 


Image de solidarité européenne reprise du facebook de Yannis Youlountas

 Le réformisme est un tigre de papier

Ce matin (lundi 13 juillet, ndt), anticipé par un tweet du ministre belge, est arrivé l’accord entre la Grèce et le reste des pays de l’eurozone. Cette fois, devant ce qui peut être défini sans crainte de démenti comme une capitulation sans condition d’Athènes, même les fans les plus acharnés de Tsipras ne pourront réussir à voir le verre à moitié plein… ne serait-ce que parce que les soi-disant « créanciers » de la Grèce se le sont pris aussi. Report de l’âge du départ à la retraire, augmentation de la TVA, libéralisations et privatisations (notamment de l’électricité, ndt), « réforme » du marché du travail (c.a.d démantèlement des protections du travailleur, ndt), coupes dans les salaires. Une chape néo-libérale va s’abattre sur une population déjà martyrisée par des années d’austérité. Il suffira de rappeler comment, justement grâce aux recettes des « créanciers » de 2009 à aujourd’hui, les salaires ont été diminués de 30%, les retraites jusqu’à 48%, les fonctionnaires ont diminué de 30%, les dépenses de consommation sont descendues de 33% et tout cela n’a pu qu’entraîner de lourds effets récessifs sur le PIB qui est descendu durant 18 trimestres consécutifs, avec une perte totale de 27% avec un chômage « officiel » de 27% et 34% de travail au noir. Comme si cela ne suffisait pas, l’eurogroupe a conditionné la mise en œuvre du programme d’ « aides » à la réalisation à marche forcée, très forcée (d’ici mercredi) des premières réformes, et a imposé la constitution d’un fond de garantie en faveur des créanciers de 52 milliards d’euros à réaliser à travers la privatisation de quelques biens publics. En d’autres termes, la Grèce a été mise sous hypothèque et sous tutelle. Tout cela à 7 jours à peine d’un référendum populaire qui, au-delà des interprétations opportunistes et des formulations byzantines, avait dit clairement Non à toute forme ultérieure d’austérité. Mais c’est probablement là le nœud de la question. La partie qui s’est jouée ces derniers mois et qui semble s’être conclue en faveur de Bruxelles, a été une partie politique avant d’être économique. Comme nous l’avons déjà écrit d’autres fois, en termes absolus, la dette grecque c’est bien peu de chose (un peu plus de 300 milliards) et procéder à sa restructuration aurait eu un poids limité sur les économies des autres pays. Mais Bruxelles a voulu envoyer un message par ricochet et le message a été clair et sans équivoque : aucune dérogation n’est possible à l’orientation mercantiliste de l’Union Européenne. A qui, durant la conférence de presse lui faisait remarquer que les termes de l’accord étaient encore plus durs que ceux rejetés par les urnes, Junker répondait, sybillin : « nous l’avions bien dit qu’après le référendum, les conditions empireraient ». Une leçon, donc, qui doit servir d’avertissement pour tous les autres pays, mais une leçon dont nous croyons qu’elle doit être analysée et appropriée par les camarades et par quiconque ne se résigne pas à l’état présent des choses. Les événements grecs de ces derniers mois sont la démonstration in corpore vili, de ce qu’une partie malheureusement encore minoritaire de  notre pays répète depuis longtemps : l’Union européenne n’est pas réformable et à l’intérieur d’elle il n’existe aucun espace pour une quelconque médiation sociale fût-ce-t-elle platement réformiste : la limite stratégique de Tsipras est justement d’avoir cru pouvoir rester dans l’euro et dans l’UE et en même temps, forte de son mandat électoral, de restaurer la souveraineté populaire. Contradiction insurmontable qu’il paie maintenant durement. Et plus que lui, c’est le peuple grec qui paie.

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