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Billet de blog 21 juillet 2015

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Vu qu'on s'approche du 50 ème anniversaire de ce "merveilleux été de l'amour" et qu'en prime Arte nous gratifie d'un programme consacré à cette année mythique, un petit coup d'oeil sur un groupe très particulier de SF ( entendre San Francisco ),  qui lui ne versait pas forcément dans le "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil " ! 

Et au passage un coup de pub pour l'éditeur du livre ( L' echapée ) et pour Article 11 d'où vient ce début d'article !   

" CEUX QUI PIOCHAIENT

Dans « Les Diggers, révolution et contre-culture à San Francisco (1966-1968) », Alice Gaillard revient sur les premiers feux de l’utopie hippie et de l’activisme afférent, ces beaux moments qui ont précédé la grande récupération. Entretien.

«  L’HOMME LIBRE vomit son image et rit dans les nuages parce qu’il est le grand évadé, l’animal qui hante les jungles de l’image et n’y voit aucune ombre. » 
(Extrait d’un tract des Diggers intitulé « Mort du hippie » et rédigé par Richard Brautigan en septembre 1967)

*

Ils proclamaient qu’ils allaient changer le monde. Renverser le système de fond en comble. Imposer l’amour et la paix. Selon eux, c’était écrit : le flower power emporterait la dépouille du capitalisme dans un grand fleuve de joie orgiaque. Recta. Las, cet élan d’optimisme et d’espoir n’a pas vraiment tenu la distance. Et cinquante ans plus tard, le bilan politique des années hippie paraît bien maigre.

Ce qu’il reste de la grande vague contestataire ayant traversé les États-Unis et le monde occidental à partir de la fin des années 1960 ? Pas grand chose : quelques fragrances de patchouli, des envolées musicales et littéraires, des miettes psychédéliques et une flopée de slogans mièvres usés jusqu’à la corde. Rien de concret. La conséquence d’une approche politique distanciée, misant tout sur l’épanouissement individuel et la recherche d’un bonheur béat, hors du monde. Sympathique mais inoffensif.

Ok, la naïve vague flower power a très vite emporté le morceau. Mais pourtant, il fut un temps où les ancêtres des hippies, les Diggers, ont joliment rué dans les brancards, secouant l’Amérique ankylosée des années 1960. Cela se passait à San Francisco, avant Woodstock, avant la marchandisation de l’utopie et l’enlisement consumériste d’Haight-Ashbury1.

Armés d’un slogan aussi basique qu’imparable, « Everything is free, do your own thing », les Diggers dévastent de 1966 à 1968 le paysage de la contestation politique. Tels une horde de Huns, ils le dépoussièrent de fond en comble. Leur nom, qu’on peut traduire par « ceux qui piochent », fait référence à un épisode oublié de l’histoire anglaise (au XVIIe siècle, des paysans en révolte avaient uni leurs forces pour tenter de récupérer des terres spoliées par les puissants2). Ces glorieux ancêtres voulaient se réapproprier les communs, et c’est exactement ce que font les Diggers dès leurs premières actions, à l’automne 1966, alors qu’ils ne sont qu’une douzaine de furieux. Leur objectif : « Libérer les territoires occupés par les gardiens du consumérisme, afin d’abattre les murailles et de créer des espaces ouverts.3 » Juste de grands mots ? Oh que non. Les Diggers multiplient les initiatives culturelles (théâtre de rue, free press, organisation de soirées orgiaques) et sociales (magasins gratuits, distribution quotidienne de repas, soutien aux luttes des populations noires), débordant d’idées et d’énergie. Tout sauf des grandes gueules inconséquentes."

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