C’est décidé, je vais aller voter, mais croyez-moi, ça n’a pas été facile de choisir, pour ou contre l’Euro ?
Car l’autre jour, il m’est arrivé une mésaventure assez incroyable.
Figurez vous que je marchais tranquillement sur le boulevard, et sur qui je tombe, vous n’allez pas le croire, Marine LEPEN !
Celle là même pour qui j’avais failli voter en 2012.
Elle vapotait tranquillement, à la terrasse du café de Flore, tout en lisant le journal Libération. Sur l’instant, je ne l’ai pas reconnu, il y a tellement de blondes qui se ressemblent dans ce quartier... C’est quand elle s’est mise à rigoler, que j’ai eu la certitude que c’était elle.
Prenant mon courage à deux mains, je lui ai demandé si je pouvais m’assoir à sa table. Elle accepta volontiers. Un peu intimidé, quand même, je ne savais pas trop comment engager la conversation, mais surtout, je ne voulais pas paraitre trop crétin face à une « cantatrice » de la politique.
- C’est la lecture de Libération, qui vous m’amuse tant ? Susurrais-je du bout des lèvres.
- Oui ! Me dit-elle en refermant le journal.
- Mon père lisait l’humanité pour se détendre, moi je préfère Libération pour me muscler les zygomatiques.
- Dites moi, Marine, je suis un peu déboussolé, l’Euro, faut-il en sortir ou pas ?
- Bien sur qu’il faut en finir, et au plus vite. Me dit-elle en haussant le ton.
- La monnaie unique est devenue le symbole d’une politique européenne fédéraliste d’un jusqu’au-boutisme absurde d’élites financières prêtes à sacrifier le peuple sur l’autel de leurs intérêts. C’est un piège mortel pour la France qui commence à son tour à entrer dans le cycle austérité-récession. Le Prix Nobel américain Milton Friedman avait par exemple prédit dès le départ l’échec de l’euro, la crise qui s’en suivrait.
J’étais scotché sur ma chaise, tétanisé par ce que je venais d’entendre, ainsi donc des gens voulaient me sacrifier sur leur autel. Les barbares !
Soudain, je ressenti comme une brulure sur le coté de ma cuisse, je glissais ma main dans la poche de mon pantalon, et oh, surprise, mes pièces en euro étaient devenues incandescentes. Ni d’une, ni de deux, je vidais ma poche sur le trottoir. Je remerciais chaleureusement, Marine, pour son éclairage, tout en lui faisant la promesse que je suivrai son conseil et je m’empressai de prendre congé d’elle.
Je n’avais pas fait 100 mètres, que, oh, surprise à peine croyable, je tombe nez à nez avec Jean-François Copé. Lui je l’ai reconnu tout de suite, question de nez…
La non plus, je n’étais pas trop à l’aise, je venais de l’assassiner dans un petit papier au vitriol, et j’avais peur qu’il l’ait lu.
Visiblement ce n’était pas le cas, il était tout sourire.
-Vous avez deux minutes ? Lui dis-je tout de go, alors qu’il serrait des pinces à la volée.
-Oui, bien sur.
-Juste une question, en tant que président de l’UMP, démocratiquement élu, pensez vous qu’il faille sortir de l’Euro ?
-Surtout pas, sortir de l’Euro ruinerait tous les épargnants et enrichirait les spéculateurs. M’annonce-t-il, le ton grave.
-Ah ! Si je comprends bien, ce n’est pas bon pour tous ceux qui ont un peu d’argent de coté.
-C’est exact, ce serait la fonte pure et simple de leurs économies.
Tout de suite, j’ai pensé à ma tante Germaine, qui, après plus de trente ans au service de l’état, avait réussi à se créer un petit bas de laine de 1845 €.
Non, je ne peux pas lui faire perdre le fruit d’une vie de labeur, en glissant un simple bulletin de vote dans l’urne, je ne pourrai plus jamais la regarder en face cette pauvre tante.
Je remerciais Jean-François, en bénissant le ciel de l’avoir mis sur ma route… Je savais à présent comment j’allais voter.
D’un pas plus Legé, je reprenais ma marche en direction du quartier saint Michel.
Quant un type que je ne connaissais pas m’interpelle.
-Dites jeune homme ( je crois toujours que j’ai 25 ans…) Je vous ai entendu parler avec MR Copé, je me dois de vous mettre en garde.
- Permettez-moi de me présenter, je m’appelle Vincent BROUSSEAU, je suis un économiste de renom, démissionnaire de la BCE.
- Mazette, un économiste de la BCE ! Lui au moins doit savoir de quoi il parle…
- Il nous faut davantage d'autosuffisance, donc d'indépendance, cela implique nécessairement un retrait de la construction européenne, et en particulier un retrait de l'euro. Il ne sera pas possible de retrouver la voie de la prospérité et de la démocratie sans en passer par là. Le choix est simple : ou bien le recouvrement immédiat de notre souveraineté et de notre indépendance politique, ou bien une précarisation et un appauvrissement continu de la plus grande partie de la population. D'ores et déjà, la vie d'une demi-génération a été sacrifiée à l'idéologie destructrice actuellement au pouvoir.
Aïe,aïe,aïe ! Lui aussi parle de sacrifices, Ils commencent à me foutre la trouille tous ces gens.
A moitié groggy, j’accélérais le pas pour me retrouver seul avec moi-même et faire un petit peu le point. La fontaine sur la place, me semble le lieu idéal pour prendre le temps de la réflexion. Adossé sous les pieds de l’Archange Michel, je me repassais dans la tête, les arguments des uns et des autres, quand, malgré des lunettes noires qui dissimulaient en partie son visage, je reconnais DSK. Là, juste à coté de moi, dans la même posture, nos épaules presque à se frôler.
- MR Strauss-Kahn ? Hurlais-je, compulsivement.
- Chut ! Me fit-il en mettant l’index sur ses lèvres et en scrutant frénétiquement toute la place pour voir si, mon cri de surprise, l’avait fait repérer…
- Excusez-moi, mais comment dire, vous êtes mon sauveur, un éminent spécialiste comme vous, va m’apporter la solution.
Un ex-futur président de la république, professeur d’économie de surcroit, doit savoir de quoi l’on parle. C’est ainsi que je lui racontais ma petite mésaventure du jour.
- C’est une bonne question, mon garçon ( je récidive…) Voyez-vous, je vais vous faire un aveu, l’Euro, je m’en contre fou, je ne me fais payer qu’en Dollars.
Sortant une pièce de 1 dollar de sa poche, il la glissa au creux de ma main en disant ;
-La voila, la vraie valeur en quoi je crois !
Et il disparut dans un fameux éclat de rire.
Les bras m’en sont tombés. Le regard hagard, je le regardais s’éloigner tranquillement, en sifflotant.
Je me suis retrouvais seul avec mon dilemme, complètement désabusé. C’est alors que m’est apparue une idée de génie. Cette pièce de 1 dollar dans ma main, voila la solution, c’est elle qui va décider de mon vote.
Pile, c’est OUI, face, NON.
Je l’a jetais en l’air, elle retomba lourdement sans même rebondir. Je m’approchais, baissais la tête pour voir le résultat, et, et...
et merde !!!