L'article de Romaric Godin sur Éric Lombard apporte des éléments très intéressants. Mais il me semble qu'il y a autre chose d'essentiel à ajouter et dont nous avons tout intérêt à nous saisir. Éric Lombard, depuis son ouvrage publié en 2022, sur lequel Romaric Godin s'appuie pour l'essentiel, a régulièrement depuis mis en cause la recherche actuelle de rendement par le capital. Il le fait de façon très contradictoire.
Avant d'expliciter ces contradictions, je soulignerai l'intérêt que nous avons à nous saisir de cette mise à l'ordre du jour de la question du rendement du capital, à la retourner contre la politique macroniste, à placer au cœur de propositions réellement transformatrices la sortie du critère dominant de la rentabilité du capital de pair avec des changements profonds des pouvoirs dans les entreprises des hauteurs de l'économie et dans le système financier.
Pour repérer les contradictions dans la position défendue par Éric Lombard sur le rendement du capital, on peut se référer par exemple à ses interventions lors de l'événement Produrable 2024 (https://www.youtube.com/watch?v=pAdIWoAm1vQ&list=PL3c55ycz01Vubn7TGcgFEDvphRrOdnV2Q à partir de 31 m 27 s à 37 m 28 s, puis de 1 h 01 m 38 s à 1 h 08 m 24 s et de 1 h 23 m 13 s à 1 h 25 m 28 s).
Éric Lombard indique que le capital tend à chercher du 8 % de rendement, ce qui est incompatible avec la transformation écologique nécessaire et facteur d'accroissement insoutenable des inégalités. Il oppose à ce 8 % le 4 % pratiqué par la Caisse des dépôts et consignations, ce qui est possible du fait des ressources collectées par la Caisse et de l'absence d'actionnaires chez elle. Il propose une généralisation de la pratique 4 %. C'est ici que les contradictions apparaissent. Tout d'abord comme Romaric Godin le signale brièvement dans son article le 4 % est délirant et nuisible avec une croissance de 1%. Par ailleurs, pour aboutir à la baisse du rendement du capital qu'il préconise, Éric Lombard compte sur la construction d'un consensus entre l'ensemble des acteurs financiers aux échelles nationale et internationale, ce qui est profondément illusoire. Nous sommes bien dans le rideau de fumée.