02.12.2007
La vérité coule de source
Il en est de la vérité comme de l'eau.
Incompressible.
Comprimez, opprimez, ça éclate, se répand.
Des torpilles, un feu nourrit d'attaques ? Elle bouillonne, siffle, s'évapore.
Mais de lourds nuages se forment, et elle vous retombe dessus en pluies.
Étouffez le feu. Mais elle...
On lui barre le chemin ? Affabulations ?
Alors accumulation, puis débordement d'énergie, l'artifice cède, elle s'emporte et emporte tout.
La force des gendarmes, la terreur par les armes, il en restera toujours les larmes.
L'évacuer, mais ce n'est qu'un transfert.
La contenir, l'enfermer, mais gare aux fuites. Même une gourde la conserve.
Tel un ru, qui sourd, et que d'autres rejoignent, voilà un fait, que les médias relatent, que la rumeur commente, comme une rivière tortueuse qui enfle, polluée, encore loin de tout aval.
En remontant en amont, s'y trouve source unique et claire.
La détourner, la dévoyer, en faire un délit ?
Mais elle est partout chez elle. Elle se refera un lit.
Vous pouvez la colorer, la charger de boue, l'empoisonner. Le temps fera son oeuvre, les résidus à nu.
L'ignorer, s'en priver, c'est mourir, se suicider.
Trouble ? Alors suspecte, imbuvable, même pas potable.
Parfois au compte-goutte, elle vous parvient goutte à goutte, alors elle se recueille.
La vérité est neutre, sans parfums et sans spectacle.
Tout comme l'eau est insipide, sans odeur et sans saveur.
Elle ne s'adresse pas aux sens, mais au sens. Et coule toujours dans le même sens, avec gravité.
Rien à signaler ? Méfiez vous de l'eau qui dort.
J'en entends un hoqueter : "In vino veritas" Mettez de l'eau dans son vin.
Le premier jet est le vrai.
Elle soutient et désaltère le "bois", mais coule et altère sa langue.
On ne peut jongler avec.
A chacun sa vérité ? Elle seule est partagée, universellement, parce que vitale.
Elle reflète, sans jamais se mirer.
Elle confond le faux et ne craint pas la faux.
La vérité est ma source.
Ah ! J'oubliais !
Il en est de la vérité comme de l'air.
Qui traverse les filets, ne s'enchaîne pas, et tend la voile de l'histoire.
Souflles après souffles...
Patrice Hénin