Amoureux de l’Humanité, Bonjour.
Quel avenir pour nos valeurs ? Suite au scandale des propos tenus par Claude Guéant, Ministre de l’Intérieur disant que « les Français, à force d'immigration incontrôlée, ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux » (LeFigaro.fr, 18/03/2011), c’est au tour de l’Espagne d’afficher une tendance ouvertement raciste, d’après les résultats alarmants des élections municipales et régionales du Dimanche 22 mai 2011.
Paru dans Libération le mercredi 25 mai2011 (n°9340), un article attire mon attention sur une évolution de la pensée espagnole sur le plan politique : « La Catalogne, dernière victime du discours anti-étrangers ». En effet, s’affirmant de plus en plus depuis quelques années, le mouvement identitaire Plataforma per Catalunya, dirigé par Josep Anglada s’impose littéralement lors des municipales de dimanche dernier. Défaite importante pour le PSOE, la Plataforma per Catalunya s’en sort plus que victorieuse avec 67 élus, soit 50 de plus que précédemment. Ce parti se présente ouvertement raciste et milite pour une « catalogne propre ». D’après l’article de Libération, parmi les propositions de la Plataforma per Catalunya figure le retrait des subventions aux étrangers, l’annulation des bourses d’études aux enfants d’immigrés et une demande de paiement aux consulats du Maroc et du Pakistan pour toute dépense engendrée par chacun de leurs ressortissants (L’arrivée de marocains et pakistanais à Barcelone augmente significativement depuis quelques années).
Toutes les composantes de la crise espagnole actuelle ne suffiraient pas à expliquer cet attrait soudain pour une politique anti-étrangers. Il est vrai que le contexte économique et social actuel de l’Espagne donne forcément naissance à des virements politiques majeurs. Illustrons ce contexte : de la crise économique débutée en 2008 à l’augmentation plus que significative du chômage, surtout parmi la jeunesse (40% des jeunes de moins de 25 ans sont chômeurs), de l’échec du gouvernement de Zapatero dans la gestion de cette crise à la révolte des « Indignados » (Chômeurs, Mileuristas, toutes classes d’âge confondues), la situation tend vers un changement radical de l’Espagne.
La question qui se pose alors est la suivante : Dés lors que la situation actuelle en Espagne semble profiter aux partis identitaires comme la Plataforma per Catalunya, peut-on associer l’échec général du PSOE dans la gestion de la crise économique espagnole à sa politique de l’immigration ? Sachez que dans certains quartiers Barcelonais comme Artigas-San Roc, les socialistes avaient mis en place des « Unités de Bonne Coexistence » (UCO), animées par des médiateurs qui patrouillaient afin de réduire les tensions et conflits entre les catalans et les minorités résidentes. La solution du dialogue et de l’entente a-t-elle réellement échoué ? Ou parle-t-on plutôt de l’opportunisme des partis identitaires qui jouissent du sentiment d’abandon dont tous les espagnols sont habités ? Il faudra chercher plus loin.
Les étrangers établissant domicile dans nos pays ne sont pas des virus ou parasites qu’il faut absolument éradiqués. Une politique intensive anti-étrangers préconisant la réduction de la présence immigrée sur le sol espagnol ne peut pas (doit pas) être la réponse à donner à un peuple qui veut que les choses changent (Los Indignados) ! Nous parlons de l’Espagne qui a tourné le dos à la dictature franquiste voilà plus de trente ans et où les partis d’extrême droite ont été bannis. Il donc est impensable que sur le long terme, une politique d’extrême-droite puisse amener le pays à une stabilité sociale et économique lorsque l’on voit combien l’Espagne a su renaître des cendres du franquisme ! Pourtant, ces partis racistes ont fait leur route jusqu’à occuper une place dans l’esprit des espagnols, en ces élections de 2011. A savoir, le parti socialiste (PSOE) dirigeait la mairie de Barcelone depuis 32 ans, soit depuis 1979, années de l’après-franquisme. La transition du régime franquiste vers la démocratie s’est fait selon un « pacte de l’oubli », une rupture avec les 36 années qu’a duré le régime (1939-1975). Cette transition est le symbole de la liberté et du développement social et culturel. L’Espagne n’a pas besoin de franchir les barrages du passé. Place à la Parole jeune et moderne !
Dans l’attente de la suite des événements, toute mon attention et toutes mes pensées vont vers la jeunesse révoltée espagnole, dans l’espoir que leur indignation portera ses fruits.
J’appelle fortement au soutien de #SpanishRevolution (Twitter), afin que leurs voix soient entendues.
Amis de l’Humanité, Bonsoir.
Patricia Duranté Pascual