Le pouvoir du peuple à travers les assemblées territoriales (II).
Article résumé du mémoire de l'autrice dans le cadre de son Magister à Sciences Po Paris.
Par Pilar Veas Gálvez
La première partie ici.
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La grande participation de la population a non seulement déclenché une vague de manifestations, mais aussi un développement intense de collectifs et d’assemblées territoriales dans tout le pays. A ce jour, le nombre exact d’assemblées créées dans tout le pays à la faveur des mobilisations d’octobre 2019 n’est pas encore connu, on estime néanmoins qu’on peut compter plus de 1200 d'espaces organisationnels.
Des territoires en lutte et en résistance
Pour quelles raisons, à la différence d’autres mouvements sociaux ou de contestation, les gens ont-t-ils adopté les assemblées territoriales comme modèle de lutte et d’organisation ? Les résultats de notre enquête font apparaître que le surgissement de ces espaces est étroitement lié au contexte national, aux dynamiques des territoires eux-mêmes et à l'expérience des participants. Au niveau national, les témoignages concordent et pointent l’incapacité du gouvernement et de l’opposition à offrir une solution à la crise en cours. En effet, aux dires de Ramiro: “Face à la vacance du pouvoir, devant l’incompétence du gouvernement, les gens ont ressenti le besoin de se réunir. le besoin de se retrouver ensemble, ils ont besoin d’une certaine sécurité, d'y voir clair dans ce qu’il faut faire dans ce contexte, leur vie quotidienne commence à être affectée: la vie de leurs enfants, leur travail au jour le jour, leurs déplacements pour aller sur leurs lieux de travail. Ils ont besoin de réponses et l’État leur en donne une seule : la violence ”.
Ces jours-ci, le Bureau d’Unité Sociale, un espace composé de plus de 200 organisations sociales, a lancé sur les réseaux sociaux un appel à constituer des assemblées (cabildos) dans tous les territoires. Lorsqu'on consulte les assemblées existantes, celles-ci expliquent que, même si les habitants et habitantes avaient déjà commencé à se réunir , de nombreuses assemblées et coordinations se sont formées en réponse à cet appel. Mauricio, membre de l’Assemblée Los Alerces et de la Coordination des Assemblées Territoriales de Ñuñoa (CAÑU) raconte : “La CAÑU est née des réunions de l’Unité Sociale de Ñuñoa a qui appelaient à se réunir au Stade National . Dans la plupart des assemblées auxquelles nous assistions, nous n'étions absolument pas intéressés par l’Unité Sociale, cela sentait trop la vieille politique de la gauche. Mais nous y assistions parce que nous savions que nous pouvions y rencontrer des membres d’autres assemblées, et le plus intéressant était ce qui se passait après les réunions car c'était là que nous avions des échanges d'information de personne à personne pour rester en contact ”.
De plus, les témoignages laissent penser que la répression et le couvre-feu semblent avoir renforcé la mobilisation dans les territoires, et les quartiers ont offert un sentiment de sécurité aux manifestants contrairement à ce qui se passait dans le centre de Santiago.
Eric, membre de l’Assemblée Jardín Alto Organizado, déclare : “Je pense que le couvre-feu a fait que la contestation s'est déplacée du centre de Santiago vers les territoires. Les gens sont sortis hors de chez eux, et ce type de phénomène s’est reproduit dans tout le Chili ”. Alejandra, membre de l’Assemblée Las Mercedes de Puente Alto, raconte à ce sujet : “Ce qui nous est arrivé c’est que nous avons pris l'habitude d’attendre le couvre-feu pour sortir manifester. Pendant la journée tout était très tranquille, mais une fois la nuit tombée, les gens sortaient avec leurs casseroles, on faisait des marches territoriales, des barricades et des barrages de rues. Cela produisait une sorte d'effet de catharsis, cet effet qu’on ressent en voyant que beaucoup de monde fait la même chose, et qu'alors on ose le faire aussi. La peur commence à disparaître et on éprouve une sensation de libération ou de révolte”.
D'autre part, cette recherche révèle que les dynamiques territoriales des communes, sur lesquelles porte notre étude, semblent avoir eu une incidence sur le fonctionnement de mouvements sociaux déjà anciens dans les territoires et qui se sont retrouvés ensemble, à l'occasion des manifestations contre les autorités au cours de cette révolte populaire.
La dictature avait instauré un nouvel ordre territorial, celui-ci a perduré des années durant et, avec le temps, de véritables structures de privilèges s'étaient installées en faveur de certains quartiers. Différentes formes de protestation sont nées à la faveur de ces injustices spatiales comme celle du mouvement pour le droit à un logement digne dans les communes de Ñuñoa et Puente Alto, ou la défense de la forêt de Panul dans la communauté de La Florida. Pour leur part, ces luttes ont déclenché la formation de collectifs et d’organisations sociales qui se sont regroupées en vue du soulèvement des assemblées territoriales du 18 octobre 2019. Daniel déclare : “ Nous n’avons eu aucune difficulté à nous organiser à Puente Alto car depuis des années, il y avait là des expériences d’organisation. Même si nous n'étions pas bien nombreux, il y avait déjà sur place un réseau de contacts avec des personnes que nous connaissions. Ainsi, dans les premiers jours, nous avons concentré nos efforts sur la contestation, sur le projet d'aller à Dignidad (dans le centre de Santiago). Nombre de participants venaient de Puente Alto, néanmoins, dès les premières semaines, ceux d'entre nous qui formions le noyau politique actif, qui nous connaissions depuis des années, avons commencé à nous rendre compte que la question importante allait être désormais celle de la création d'organisations dans les territoires eux-mêmes. Nous avons parlé avec plusieurs camarades qui appartenaient aux collectifs féministes, avec des camarades plus âgés du No+AFP Puente Alto. Nous nous sommes tous tombés d'accord pour dire : “La participation est importante, mais il existe une grande dispersion. Créons en commun des instances et des activités afin de rendre visible notre démonstration de force. Nous avons alors organisé une première journée qui a regroupé plus de 200 personnes, c'est de là qu'est née la coordination.”
Tout cela est en relation directe avec des expériences et des liens sociaux préalables. Des Membres de l’Assemblée Latinoamérica Unida soulignent combien il fut important pour eux de créer un lien avec leurs voisins et voisines : “Pour moi, cela a été vraiment émouvant quand je suis sortie dans la rue avec ma casserole et que nous nous sommes retrouvés avec autant de voisins qui étaient dans la même situation. Je pense que sortir de nos individualités pour nous transformer ensuite en assemblée, c’est ce qu'il y a eu de plus remarquable dans notre assemblée et dans toutes les autres”, dit Soledad membre d’une assemblée de La Florida. Marcela, du Cordón Cordillera est d’accord avec elle et ajoute “Lorsque naissent les assemblées, tu te rends compte que les années ont passé et qu'on ne s'était jamais parlé. Alors, une des phrases que les gens répètent le plus souvent c'est « Finalement on s’est rencontré, il ne faut plus se quitter , parce que nous avons réussi à “faire quartier”», et c’est là l’idée, “faire quartier”, vivre ensemble, avoir nos joies et pas seulement vivre pour travailler”.
Bien que l’on ne puisse nier la participation de nombreuses personnes, sorties dans les rues manifester pour la première fois, notre enquête montre que ces assemblées ont été principalement créées à l'initiative de gens déjà engagés dans l’action collective. Ramiro : “Au-delà des caractéristiques des assemblées existant dans chaque commune, toute cette mobilisation est principalement menée par des personnes qui ont déjà de l’expérience. des gens qui ont parfois milité au MAPU, au Frente , au MIR ou dans d'autres types d’organisations de gauche, ainsi que par des personnes qui se sont impliqués activement dans des associations de locataires, dans des réunions à caractère plus communautaire ou par des gens qui ont dirigé des centres communautaires ou culturels. Ce sont ces personnes qui réussissent à faire émerger les besoins de toute leur communauté ou leur territoire”. Au cours de l'entretien, les membres de ces assemblées ont fait savoir qu’ils ne militent dans aucun parti politique et n'entretiennent aucune relation avec ces derniers. Mais la plupart d'entre eux participent aux organisations de base ou aux collectifs. Dans certains cas, ces témoins reconnaissent la présence de militants du Frente Amplio ou du Parti Communiste dans les assemblées, mais en général, ces interlocuteurs semblent se situer au-dessus du clivage classique gauche / droite.
Le pacte pour la paix : une solution pour certains, une faillite pour d’autres
La politique des accords (política de los acuerdos) apparaît le 15 novembre 2019, donnant lieu à un accord national dénommé Accord pour la Paix Sociale et la Nouvelle Constitution, afin de mettre en place un plébiscite et remplacer la Constitution de 1980 créée pendant la dictature. Cet accord a été signé par dix représentants de partis politiques ainsi que par Gabriel Boric qui a signé à titre personnel, sans respecter la coalition à laquelle il appartient et dénommée Frente Amplio [2]. Une fois l’accord signé, la révolte populaire, et en particulier les assemblées territoriales se sont trouvées affaiblies. “Une fois de plus, ce qu'on nous laisse en prime, à nous participants actifs du mouvement, c'est une casse venue d'en haut. Ce sont ceux qui sont au sommet qui décident pour les autres. On a vu tout ce que l’on ne voulait plus voir. Voici ce qu’ils ont fait année après année, voici ce qu'est leur “politique de transition”, leur politique de négociation qui n’avait rien à voir avec l’esprit de ce qui se passait dans les rues et dans les territoires, leur logique d'une transition conditionnelle, où on agit “dans la mesure du possible”, constate Mauricio.
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L’accord a provoqué une grande controverse dans les assemblées à cause de la manière dont il a été mené et aussi parce qu'il n'incluait pas dans le plébicite l’option d'une Assemblée Constituante. Les témoins tiennent, dans une mesure plus ou moins large, un discours de refus envers “le pacte pour la paix”, car ils le définissent comme un processus illégitime et vicié à l'origine. Néanmoins, ils ont divergé dans la manière d’affronter cet épisode. Une première position laissait entendre que l’accord prétendait seulement protéger le cadre institutionnel et que tout ce qui surgirait de cette “cuisine constituante” devait être vigoureusement refusé. La deuxième position soutenait que même si cette voie avait été imposée par le canal institutionnel, le plébiscite représentait une occasion unique d'exprimer le refus de la Constitution actuelle et que cela redonnerait des forces au mouvement social.
Le résultat? L’accord politique a divisé les assemblées en deux tendances distinctes: ceux qui ont soutenu le processus constituant par des campagnes et même la présentation de candidats, et ceux qui ont décidé de faire un pas de côté et continuer à se consacrer au travail territorial. Daniel souligne que “les points de vue étaient divisés quant à l'appréciation de ce pacte”. Alejandra, membre de l’Assemblée Las Mercedes, partage sa position : “Les gens croyaient qu’une révolution pouvait advenir par le vote et nous savons comment tout cela s'est terminé. Et maintenant les gens croient qu'on pourra changer la Constitution et transformer leur vie grâce au changement de Constitution par voie électorale mais aucun signe n'augure d'une telle issue". Indépendamment de la position adoptée, les témoins constatent que la participation a diminué dans les assemblées et beaucoup d’entre elles ont cessé de fonctionner.
Un reflet du pouvoir populaire ?
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Les assemblées territoriales ont modifié l’espace et ouvert la voie vers un scénario de résistance et de communauté citoyenne. Même si dans une première étape, ces organisations ont réalisé des actions directes pour défier le couvre-feu, la mobilisation s'est tournée vers d’autres formes d’expression et d’activités. Les rumeurs de pénurie alimentaire ou de suspension de l'approvisionnement en eau dans certains quartiers a fait en sorte que les assemblées se sont mises au service des besoins des habitants. Dans ce sens, les témoins ont signalé que la mobilisation a ouvert une fenêtre pour exercer une pression et produire des changements non seulement au niveau national, mais également au niveau local. De fait, il y a plusieurs témoignages qui expriment le besoin de reconstruire le tissu social dans les territoires et de créer un pouvoir populaire pour promouvoir des changements dans le système actuel. Afin de comprendre quelles sont les intentions ou les objectifs des assemblées territoriales, il est nécessaire de prêter attention à ces concepts.
Quand bien même il n’existe pas une définition exacte de la notion de pouvoir populaire ou de tissu social, la littérature académique relève sa présence dans différents mouvements sociaux et dans des événements de l’histoire du Chili. Gabriel Salazar, par exemple, considère que nous pouvons trouver une trace de l'exercice d'un pouvoir populaire dans les “congrès nationaux” de travailleurs et dans les sociétés ouvrières (mancomunales) qui promurent la mobilisation des travailleurs au début du XX siècle [3]. Nous trouvons des expériences de ce type sous le gouvernement de Salvador Allende, arrivé au pouvoir en 1970. Elles se caractérisaient par la création d'organisations diverses sur les lieux de travail ou dans les territoires, comme les comités coordinateurs, les “cordons” industriels ou les commandos communaux. À cette époque, certains proches de “l’Unité Populaire” voyaient le pouvoir comme partie intégrante du gouvernement et du programme d’Allende. En revanche, d'autres situaient le pouvoir populaire dans une perspective indépendante et alternative, à distance de l’État [4]. D’autre part, le concept de tissu social a principalement été associé à un réseau de structures sociales qui s'est construit et fortifié dans les territoires [5].
À court et moyen terme, les assemblées territoriales ont créé différentes commissions pour améliorer leur fonctionnement, les plus fréquentes étaient la “commission d’articulation”, chargée d'établir des liens avec d’autres assemblées et d’autres organisations, ainsi que la “commission de communication” chargée de transmettre l’information parmi les participants et en direction de la communauté. Une des premières activités à se développer dans les quartiers furent les instances d’autoéducation. Les personnes se réunissaient dans l'espace public pour parler d' un sujet important de façon approfondie. Celles-ci ont abordé le sujet de la constitution , mais le programme de discussion a inclus progressivement des sujets tels que le féminisme, les droits humains, la défense personnelle et l’autonomie territoriale. Selon certains des membres de ces assemblées, cette orientation éducative a contribué à construire une pratique alternative qu'il n'est pas possible de retrouver dans les établissements éducatifs traditionnels. Outre les activités éducatives, les assemblées ont effectué différentes activités culturelles comme des cycles cinématographiques, des expositions photographiques, des lectures de poésie, des concerts en direct, avec pour objectif de permettre de réfléchir à la situation du pays, mais aussi de renforcer les liens avec des habitants de ces quartiers grâce à l'usage d' espaces publics.
Bien que la pandémie ait eu un impact négatif sur ces organisations, car elles ont complètement dû abandonner l’espace public, plusieurs assemblées ont mis en place des réseaux d’approvisionnement qui consistaient à acheter des aliments en grande quantité afin de les distribuer aux habitants. Marcela, membre du Cordón Cordillera, signale que cette activité constitue une figure de pouvoir populaire: “Nous nous sommes rendu compte que le besoin d’organisation existe. C’est un besoin transversal: avoir accès à la nature, à la place, à la mise à disposition d'un lieu de détente, à l'existence de dispensaires de qualité, à des écoles décentes, et à la possibilité pour les enfants de ne pas avoir à traverser toute la ville de Santiago pour se rendre dans une bonne école, tout cela. C’est pour cette raison que nous devons continuer à avancer vers le pouvoir populaire. Aujourd’hui, on nous a fait croire que ce concept est nettement politique, mais c’est une forme élémentaire d’organisation dans laquelle tout doit être horizontal et juste pour tous”. Il existe même des assemblées et des coordinations qui intègrent ces concepts dans leur déclaration de principes. C'est le cas de la Coordination des Assemblées Territoriales (CAT) qui s'appuie sur le principe de pouvoir local, compris comme “espace pour coordonner les assemblées territoriales et avancer vers la construction du pouvoir populaire”. Il y a d’autres espaces qui n’utilisent pas ces concepts dans leur définition. Toutefois, ils mettent l'accent sur l’importance du travail territorial , tel est le cas de l’assemblée Jardín Alto Organizado qui explique que son objectif est de “ renforcer le quartier et de créer du commun”.
Daniela, membre de l’Assemblée WAF, reconnaît l’existence de pouvoir populaire dans quelques expériences d'assemblée, mais elle ne pense pas que ce soit la forme la plus appropriée aujourd’hui: “Le terme de pouvoir est remis en cause dans de nombreux espaces organisationnels. Les candidats constitutionnels eux-mêmes ne s’arrogent aucun pouvoir sur quoi que ce soit ni sur quiconque. Je crois que le concept est désormais dévalué et que les expériences mêmes d’organisation horizontale et néanmoins patriarcale, nous éloignent de l'idée de pouvoir et nous orientent davantage vers l’idée d’une organisation populaire, et de transformation. Le pouvoir est mauvais, il en sera toujours ainsi, qu'il soit populaire ou pas”.
Bien que le débat sur le pouvoir populaire dans les assemblées territoriales soit encore ouvert, tous les témoins mettent l’accent sur la pertinence du travail territorial. Daniel, par exemple, souligne que l’organisation est l'essentiel: “Ce qu’il faut faire, c'est avoir un ancrage à la base, dans les territoires, afin que ceux-ci constituent une base d'appui. Si nous ne sommes pas capables de comprendre que les processus de changement, par-delà une révolte, par-delà un mécontentement, doivent passer par une organisation, tout en clarifiant et en renforçant nos bases, nous ne pourrons jamais accomplir de grandes transformations”.
Malgré certaines périodes de démobilisation depuis le 18 octobre 2019, les témoignages concordent pour considérer que la lutte ne s'achève pas avec un changement de constitution, mais qu'il est nécessaire d'avancer vers des changements structuraux comportant une vision à long terme. En réalité, quelques assemblées continuent à fonctionner aujourd’hui, et elles ont même été réactivées pour répondre à la conjoncture.
Dans d'autres cas, on a fusionné ou créé de nouveaux espaces comme c'est le cas pour l’Assemblée d’organisations sociales et territoriales du District n°12 qui compte 5 communes de Santiago et qui continue de fonctionner activement.
La question qui reste donc à poser est la suivante: Quel sera l'avenir de ces espaces d’organisation et de lutte? Il reste à voir si ces organisations pourront subsister au-delà du processus constitutionnel. Tout indique que les assemblées sont là pour durer.
NOTES
[1] Unidad Social, Universidad de Chile, Universidad Católica del Norte, Universidad de Tarapacá, Universidad de Tarapacá, Universidad Arturo Prat, Universidad de Santiago, Universidad Tecnológica Metropolitana, Universidad de Valparaíso, Universidad de Concepción, Universidad de La Frontera, Universidad de Los Lagos y Universidad Austral de Chile. (2021). Demandas prioritarias y propuestas para un Chile diferente : sistematización de 1.233 cabildos ciudadanos . Disponible en https://doi.org/10.34720/wk9d-dp94
[2] El acuerdo fue firmado por Fuad Chaín, en representación del Partido Demócrata Cristiano (PDC); Álvaro Elizalde, por el Partido Socialista (PS), Jacqueline van Rysselberghe, representando al partido Unión Democrática Independiente (UDI); Catalina Pérez, presidenta en ese momento del partido Revolución Democrática (RD); Heraldo Muñoz, en representación del Partido por la Democracia (PPD); Mario Desbordes, ex presidente del partido Renovación Nacional (RN); Luis Felipe Ramos, por el Partido Liberal (PL); Hernán Larraín Matte, ex presidente del partido Evolución Política (EVOPOLI); Carlos Maldonado, por el Partido Radical de Chile (PR); Javiera Toro, ex presidenta del partido Comunes y Gabriel Boric a título individual.
[3] Salazar, G. (2012). Los movimientos sociales en Chile. Trayectoria histórica y proyección política (Uqbar Ediciones).
[4] Gaudichaud, F. (2004). Poder popular y cordones industriales: testimonios sobre el movimiento popular urbano, 1970-1973. Lom ediciones.
[5] Garcés, M. (2017). Los pobladores y la política en los años ochenta: Reconstrucción de tejido social y protestas nacionales. Historia 396, 7(1), 119–148.