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Billet de blog 4 mars 2014

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Venezuela Dossier/ Quand la crise sociale explose.

Publiés et traduits par A l'EncontreLa crise économique et sociale au Venezuela a pris une grande ampleur. Elle constitue l’arrière-fond des affrontements politiques qui ne cessent de s’exacerber depuis le mercredi 12 février. Dès le début février, des manifestations étudiantes ont eu lieu. Le gouvernement Maduro accuse«des groupes fascistes de l’ultra-droite» de répéter «le schéma d’avril 2002», c’est-à-dire une grande manifestation qui déboucha sur un coup d’Etat sans lendemain. Selon le sociologue Carlos Raoul Hernandez de l’Université centrale du Venezuela, cité par Inter Press Service,la situation est différente dans la mesure où «un énorme mal-être croît dans les secteurs propres du chavisme à cause de la gigantesque crise économique et de sa gestion désastreuse». Il laisse entendre que l’analogie avec 2002 a pour fonction de «gouverner au moyen d’un état d’exception». L’historienne Margarita Lopez Maya du Conseil latino-américain de sciences sociales (CLACSO) affirme: «Une fois perdus les enchantements produits par le discours et la présence du leader charismatique (Chavez), la réalité en rien prometteuse est apparue sous son vrai visage et indéniable.» La droite opposée radicalement au «processus bolivarien» mobilise avec force, utilise divers claviers (le «pacifique» Capriles, le «dur» Leopoldo Lopez). Pour l’heure, la hiérarchie de l’armée ne semble pas donner un appui à l’opposition qui se fait virulente. Nous publions ci-dessous deux analyses et prises de position de courants anticapitalistes vénézuéliens. Le premier, Marea Socialista, est partie prenante du PSUV (Parti socialiste unifié du Venezuela). Le second, le Parti Socialisme et Liberté, dont le porte-parole le plus connu est le syndicaliste Orlando Chirino, de la Centrale ouvrière classiste C-cura, se situe en dehors du chavisme et dénie le caractère socialiste du processus bolivarien. Ces deux prises de position permettent de réfléchir au-delà du «chaos événementiel» propre à ce genre de conjoncture. (Rédaction A l’Encontre)Ainsi que :Que se passe-t-il au Venezuela? Par Simon Rodriguez Porras, précédé d’un commentaire de Marc Saint-Upéry, cet article contient un recit et analyse très complet de la situation qui a conduit aux manifestation du 12 février, et de son déroulement réel.Les travailleurs face à la crise économique et sociale : Déclaration du Courant classiste, unitaire, révolutionnaire et autonome (C-cura)

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Publiés et traduits par A l'Encontre

La crise économique et sociale au Venezuela a pris une grande ampleur. Elle constitue l’arrière-fond des affrontements politiques qui ne cessent de s’exacerber depuis le mercredi 12 février. Dès le début février, des manifestations étudiantes ont eu lieu. Le gouvernement Maduro accuse«des groupes fascistes de l’ultra-droite» de répéter «le schéma d’avril 2002», c’est-à-dire une grande manifestation qui déboucha sur un coup d’Etat sans lendemain. Selon le sociologue Carlos Raoul Hernandez de l’Université centrale du Venezuela, cité par Inter Press Service,la situation est différente dans la mesure où «un énorme mal-être croît dans les secteurs propres du chavisme à cause de la gigantesque crise économique et de sa gestion désastreuse». Il laisse entendre que l’analogie avec 2002 a pour fonction de «gouverner au moyen d’un état d’exception». L’historienne Margarita Lopez Maya du Conseil latino-américain de sciences sociales (CLACSO) affirme: «Une fois perdus les enchantements produits par le discours et la présence du leader charismatique (Chavez), la réalité en rien prometteuse est apparue sous son vrai visage et indéniable.» La droite opposée radicalement au «processus bolivarien» mobilise avec force, utilise divers claviers (le «pacifique» Capriles, le «dur» Leopoldo Lopez). Pour l’heure, la hiérarchie de l’armée ne semble pas donner un appui à l’opposition qui se fait virulente. 

Nous publions ci-dessous deux analyses et prises de position de courants anticapitalistes vénézuéliens. Le premier, Marea Socialista, est partie prenante du PSUV (Parti socialiste unifié du Venezuela). Le second, le Parti Socialisme et Liberté, dont le porte-parole le plus connu est le syndicaliste Orlando Chirino, de la Centrale ouvrière classiste C-cura, se situe en dehors du chavisme et dénie le caractère socialiste du processus bolivarien. Ces deux prises de position permettent de réfléchir au-delà du «chaos événementiel» propre à ce genre de conjoncture. (Rédaction A l’Encontre)

Ainsi que :

  • Que se passe-t-il au Venezuela? Par Simon Rodriguez Porras, précédé d’un commentaire de Marc Saint-Upéry, cet article contient un recit et analyse très complet de la situation qui a conduit aux manifestation du 12 février, et de son déroulement réel.
  • Les travailleurs face à la crise économique et sociale : Déclaration du Courant classiste, unitaire, révolutionnaire et autonome (C-cura)

Pour freiner l’offensive de la droite: changer l’orientation et avancer vers la révolution économique

Par Marea Socialista

Le 12 février dernier a débuté la partie violente de l’offensive de la droite. Jusqu’à présent prédominaient la pression économique, l’organisation des pénuries, la spéculation sur les prix et une manipulation de la crise économique ayant une caractéristique de guerre économique. La violence s’ajoute aujourd’hui à la pression politique et idéologique.

Un secteur de cette droite, dont les principales figures sont Leopoldo López et María Corina Machado [qui se revendique de Hayek et Margaret Thatcher], occupe la rue de manière violente pour compléter la prise en tenaille, approfondir l’usure du gouvernement de Nicolás Maduro et chercher à récupérer le contrôle du pays en faveur de la bourgeoisie locale et internationale.

Il ne faut pas s’y tromper: qu’elle soit «négociatrice» ou «violente», la droite politique et la bourgeoisie n’ont qu’un seul et unique plan de gouvernement. Ce plan a été rendu public par un communiqué de 47 économistes de l’opposition à la fin du mois de janvier dernier. Et il repose sur trois axes:

  • flottement du bolivar face au dollar; endettement international avec les centres du pouvoir financier comme le FMI et, avec le prétexte du déficit budgétaire, 
  • application de contre-réformes afin de démanteler les conquêtes politiques, sociales et économiques du peuple vénézuélien. 
  • Tout cela vise également à récupérer le contrôle de PDVSA (entreprise pétrolière d’Etat, NdT). 

Ils veulent tout, et pas seulement une partie des dollars provenant de la rente pétrolière.

Au-delà des deux tactiques de la droite, nous sommes en présence du schéma classique des contre-révolutions. Il consiste à mettre le gouvernement sous pression pour qu’il applique des mesures anti-populaires et perde ainsi sa base sociale, en approfondissant son usure vis-à-vis du peuple bolivarien. Il sera alors forcé de partir, que ce soit de manière violente ou plus «en douceur».

Le gouvernement du président Maduro est en train de commettre une grave erreur en pensant qu’il existe une droite «violente» et une autre «pacifique» avec laquelle on peut négocier et qui serait prétendument respectueuse de la Constitution. Comme dans la vieille combinaison de la carotte et du bâton, ces secteurs convergent en réalité vers un objectif commun: abattre le processus bolivarien.

Mais l’erreur principale du gouvernement réside dans ses oscillations hésitantes qui l’amènent à appliquer les mesures exigées par la droite. Avec l’annonce du «SICAD 2» (système financier de gestion des taux de change, NdT) s’ouvrirait la voie à la libération d’une partie substantielle de la rente pétrolière en faveur du capital et le risque de transformer l’inflation importante actuelle en hyperinflation, accentuant encore plus les problèmes de pénurie de produits. Cette annonce [par le gouvernement Maduro] d’un nouveau taux de change du dollar ne fera qu’augmenter le malaise social ressenti aujourd’hui dans le pays. Et il approfondira la désorientation et le mécontentement du peuple qui vit de son travail.

En tant que Marea Socialista, nous affirmons avec détermination notre engagement en faveur du processus bolivarien contre toute tentative de coup d’Etat, même déguisé avec des mobilisations de sympathisants de la droite dans les rues. Mais nous alertons sur le fait que la poursuite de la voie de l’adaptation aux exigences des capitalistes nous entraînera dans une situation de reculs et de perte de contrôle irrécupérable.

C’est pour cela que nous appelons le gouvernement du président Maduro à rectifier son orientation et à appliquer des mesures anticapitalistes afin de garantir l’approvisionnement en produits, freiner l’augmentation incontrôlée des prix et mettre en œuvre une nouvelle phase du processus bolivarien. Nous proposons en outre les mesures d’urgence politiques et économiques suivantes:

  1. Mettre un terme à l’impunité de la droite. Nous soutenons ainsi l’ordre d’arrestation contre Leopoldo López du fait de sa responsabilité morale et intellectuelle par rapport aux événements violents du 12 février. Mais nous réclamons aussi la détention de Henrique Capriles et de tous les responsables des 11 assassinats du 15 avril 2013.
  2. Nous appelons à encourager et à souvenir la mobilisation et la lutte des secteurs du peuple bolivarien et au-delà qui sont en train de défendre leurs conquêtes. Ceux qui luttent pour les salaires, pour la défense de leur poste de travail, pour leurs contrats collectifs, comme les électriciens et bien d’autres. Nous appelons à encourager et non à criminaliser la protestation légitime du peuple qui vit de son travail. Il faut affronter de manière déterminée la contre-révolution mais en respectant et en stimulant la lutte du peuple travailleur, paysan et populaire et l’orienter afin d’obtenir des mesures anticapitalistes.
  3. Nous insistons sur la proposition d’une participation réelle et effective à la prise de décisions du gouvernement des organisations sociales et politiques du peuple révolutionnaire, de ses syndicats de base, de ses conseils de travailleurs, de ses mouvements sociaux et populaires, afin de garantir qu’on gouverne au service du peuple travailleur et en faveur des intérêts de la révolution.
  4. Nous demandons de soutenir les médias communautaires et alternatifs en tant que réseau national de communication de ceux qui luttent contra la droite et en défense des conquêtes de la révolution. Nous exigeons d’ouvrir immédiatement les médias publics aux débats et opinions de tous ceux qui défendent le processus bolivarien.
  5. Nous appelons à ouvrir les casernes de notre Force Armée Nationale Bolivarienne au débat public avec l’ensemble du peuple révolutionnaire et de ses organisations.

En même temps, nous proposons :

  1. Pas un dollar de plus pour la bourgeoisie. Que l’Etat applique, sous contrôle social et anti-corruption, le monopole du commerce extérieur et soit l’unique importateur des biens essentiels de notre peuple.
  2. Centralisation nationale sous contrôle social de tous les dollars du pays. Que ce soit ceux qui proviennent du pétrole comme ceux qui sont déposés dans des fonds à l’étranger.
  3. Intervention et contrôle étatique et social des travailleurs bancaires, de tout le système bancaire privé qui opère dans le pays, afin de financer le fonctionnement de l’économie. Contrôle centralisé de tous les fonds gérés par la banque publique.
  4. Renforcement urgent de la production alimentaire étatique et en produits de consommation de base. Expropriation sous contrôle ouvrier et populaire des grandes entreprises impliquées dans les opérations d’accaparement, de spéculation ou de contrebande.
  5. Demander aux peuples et exiger des gouvernements d’Amérique latine leur soutien solidaire en aliments et médicaments pour affronter la situation d’urgence.

Il est encore temps aujourd’hui de changer de cap par rapport à l’orientation conciliatrice avec la bourgeoisie et pour impulser des mesures anticapitalistes effectives avec la participation démocratique du peuple qui vit de son travail. Mais demain, il sera peut-être trop tard.

____

Marea Socialista est une organisation anticapitaliste vénézuélienne, active en tant que courant au sein du principal parti chaviste, le PSUV (Parti socialiste unifié du Venezuela). Article paru dans Aporrea, le 14 février 2014, traduction française pour Avanti4.be d’Ataulfo Riera)


«Mobilisation et unité des travailleurs et du peuple!

Contre l’ajustement économique et la restriction des libertés démocratiques!»

Par le Parti Socialismo y Libertad (PSL)

Le 12 février, des secteurs de la MUD [coalition Mesa de la Unidad democratica] ont convoqué à une journée de protestation. Il y a eu des affrontements entre les manifestants d’un côté et groupes para-policiers et membres des corps répressifs de l’autre. Bilan: trois morts, presque 70 blessés et un nombre similaire de personnes arrêtées à Caracas et dans d’autres villes.

Nous n’avons évidemment pas participé à cette mobilisation parce que nous n’étions pas d’accord avec les principaux mots d’ordre et les objectifs des dirigeants qui étaient à l’origine de la convocation, néanmoins nous nous opposons énergiquement à la répression exercée contre les manifestants ainsi que contre le fait d’utiliser des groupes armés en tant que contingents de choc pour disperser des manifestations.

Nous défendons sans restriction le droit démocratique des travailleurs et du peuple à protester et à exercer la liberté de s’exprimer publiquement dans la rue. Dans le cadre des institutions bourgeoises avec lesquelles on nous gouverne, toutes les agressions contre les droits démocratiques qui se concrétisent en ce moment ont été testées contre les travailleurs, les paysans et les indigènes, entre autres contre les travailleurs du pétrole et ceux de Sidor et contre la lutte du peuple yukpa à Perija.

Notre parti exige la libération immédiate de tous ceux qui ont été arrêtés lors de la manifestation du 12 février ainsi que des étudiants et autres personnes détenues pour avoir protesté. Nous exigeons que le Ministère public, celui de la Défense et l’appareil judiciaire entament des enquêtes sur les faits de violence et qu’ils rendent justice aux victimes de ces actes ainsi qu’à leurs familles.

Il est de notoriété publique que les médias étatiques et privés imposent un black-out sur la situation, une situation qui a été dénoncée par les médias sociaux, c’est ainsi que les travailleurs de Ultimas Noticias ont mené un débat en assemblée sur la censure à laquelle ils sont soumis.

Le mécontentement se généralise

Les mesures économiques d’ajustement appliquées par le gouvernement Maduro et l’aggravation des symptômes d’une crise qui a porté l’inflation et la pénurie de biens de base à des niveaux insupportables suite à une politique qui, pendant 15 ans, dont ont largement profité les transnationales, banquiers et importateurs, ont entraîné un énorme mécontentement populaire. C’est cette situation qui explique la participation massive de la population aux manifestations du mercredi 12 février dans différentes villes du pays.

Orlando Chirino, dirigeant du PSL

On est en train d’asphyxier économiquement le peuple travailleur, alors que le secteur des banques et des transnationales ainsi que des grands importateurs et les ripous s’engraissent avec la rente pétrolière. Une preuve de ce festin est, par exemple, le vol de 20’000 millions de dollars à Cadivi (Commission d’administration de devises) à travers des entreprises fantômes, couvert par le voile de l’impunité tissé par le gouvernement lui-même. Des prix extrêmement élevés [taux d’inflation de 56% et de 70% pour les biens alimentaires], une rupture de stocks qui atteint 30% d’après le dernier rapport de la Banque centrale du Venezuela, des salaires de misère au-dessous du montant calculé pour le panier de base et l’application au compte-gouttes d’un ajustement dont la première mesure est la dévaluation appliquée en début d’année, mais qui comprendra certainement d’autres mesures telles que l’augmentation du prix de l’essence, le gel des contrats collectifs, l’augmentation des tarifs des services publics, entre autres. Voilà la situation. Ces faits démentent toute la propagande officielle concernant une supposée «transition au socialisme». En l’absence de Chavez, dont le prestige et le charisme permettaient d’imposer des mesures anti-populaires en suscitant beaucoup moins de résistance, Nicolas Maduro et Diosdado Cabello [président de l’Assemblée nationale depuis janvier 2012] doivent affronter un grand mécontentement y compris au sein de la base chaviste.

Ces mesures économiques appliquées par le gouvernement montrent que celui-ci a décidé de se défaire de la crise sur le dos des travailleurs et du peuple.

Ne devenons pas la chair à canon de la bourgeoisie d’opposition

Les récentes manifestations sont cependant dirigées par Leopoldo Lopez et son parti Voluntad Popular, aux côtés de Maria Corina Machado et de Antonio Ledezma, qui représentent le secteur le plus à droite de la MUD (Mesa de la Unidad Democratica). Or, nous devons être clairs sur le fait que nous refusons que ce secteur s’arroge la représentation de la majorité du peuple qui est mécontent du gouvernement et qu’il manipule les étudiants et des secteurs importants de la population en fonction de sa propre politique pro-impérialiste et pro-patronale, dans le cadre de disputes interbourgeoises avec le secteur de la MUD dirigé par Henrique Capriles, en profitant de l’authentique malaise qui existe parmi les travailleurs et au sein du peuple vénézuélien.

Ce n’est pas Voluntad Popular, Primero Justicia, Accion Democratica (AD), Copei [un parti social-chrétien], l’UNT [Union Nacional de Trabajadores] ainsi que les autres partis qui participent à la MUD, qui vont pouvoir résoudre la grave crise qui pèse sur les travailleurs et sur le peuple. Ces partis sont d’accord de dévaluer, de ne pas augmenter les salaires et de maintenir des entreprises mixtes dans le secteur pétrolier. Ils sont disposés à ouvrir encore davantage l’économie aux transnationales et à poursuivre les juteuses affaires qui ont favorisé les banquiers et les importateurs au cours de ces quinze dernières années.

Pour une politique d’indépendance de classe face au gouvernement et à la MUD

Il est nécessaire d’articuler les luttes des travailleurs et du peuple en fonction de l’organisation d’une alternative indépendante du gouvernement. Celui-ci déclare à tort être socialiste. En réalité, il met en évidence son alliance stratégique avec les capitalistes en permettant aux transnationales et aux patrons d’engranger des bénéfices tout en criminalisant les travailleurs du pétrole et les sidérurgistes de Sidor qui luttent pour leurs contrats collectifs, ainsi que les travailleurs des entreprises privées comme Toyota; qu’il s’acharne contre les yukpa et les pemones (deux peuples autochtones) et qu’il s’oppose à toute initiative de lutte autonome.

Mais une alternative à cette politique doit également être indépendante de la MUD et du secteur de Leopoldo Lopez. Nous avons la certitude que s’ils étaient au pouvoir, ils appliqueraient les mêmes mesures d’ajustement que Maduro. Ce n’est pas pour rien qu’ils sont les continuateurs de la politique de l’AD et de Copei dans le passé de la période du Pacte de Punto Fijo [pacte entre AC, Copei et URD en 1958 suite à la chute du dictateur Marcos Perez Jimenez].

Seuls les travailleurs et la population pauvre pourront donner une réponse à la grave crise économique que nous subissons. Nous devons nous mobiliser de manière indépendante pour exiger une augmentation générale des salaires pour qu’ils soient au moins équivalents au panier de base, et ils doivent être révisés tous les trois mois pour les ajuster à l’inflation; l’élimination de la TVA, contre la dévaluation et la politique fiscale et monétaire qui se traduit par une inflation très élevée; pour la défense des contrats collectifs; pour des logements; pour l’accès à des soins de santé publics de qualité; contre la corruption; contre l’exploitation des ressources fossiles à Perija; contre la criminalisation des protestations sociales.

Nous exigeons la nationalisation à 100% de l’industrie pétrolière, sans entreprises mixtes ni transnationales, et que la rente pétrolière soit mise au service de la satisfaction des besoins les plus urgents de la population et pour impulser le développement d’un modèle économique alternatif, sous le contrôle démocratique des travailleurs.

Pour une Rencontre syndicale et populaire des secteurs en lutte

Dans ce sens, notre parti propose que Unidad de Accion Sindical, où participent Fadess [Frente autónomo en defensa del empleo, el salario y el sindicato], la Unete de Marcela Maspero, C-cura et d’autres courants syndicaux ainsi que le Flec de la côte de Carabobo, Fusbec, Ruben Gonzalez de Ferrominera Orinoco, la Coalition sidérurgique et d’autres regroupements syndicaux et populaires, convoquent d’urgence une Rencontre nationale syndicale et populaire des secteurs en lutte.

L’objectif de cette Rencontre sera de débattre d’un Plan économique et social d’urgence ainsi que d’un plan de mobilisation nationale de défense des droits des travailleurs et du peuple. Nous, les travailleurs, devons élever nos voix et faire entendre nos propositions, indépendamment du gouvernement et de la MUD, en lien avec les organisations collectives, paysannes, indigènes, pour impulser un plan de lutte national qui donne une réponse depuis en bas, sans faux raccourcis, à la grave crise que subit le peuple. (Publié à Caracas le 13 février 2014, traduction A l’Encontre)


Que se passe-t-il au Venezuela?

Publié par Alencontre le 26 - février - 2014

Nicolas Maduro cherche l’apaisement

Par Simon Rodriguez Porras, précédé
d’un commentaire de Marc Saint-Upéry

N’étant pour ma part qu’un pathétique menchevik de gauche, je suis assez loin de partager toutes les positions marxistes-révolutionnaires et trotskystes plus ou moins orthodoxes du petit Parti Socialisme et Liberté au Venezuela, mais bien qu’on puisse discuter certains détails mineurs, apporter ça ou là de nuances ou évoquer des complexités (ou bien encore ne pas être d’accord avec certaines analyses et avec l’horizon stratégique proposé par Rodríguez Porras, membre du Partido Socialismo y Libertad,comme je l’explicite ci-dessous), cette descriptionde la situation sur le terrain parue il y a 48 heures (mais la situation évolue très vite) est une des plus fiables, complètes et instructives que j’ai lues. Et elle est confirmée par de nombreuses sources progressistes et démocratiques de confiance au Venezuela. Ce n’est pas un texte idéal et sans défauts, mais le Venezuela est un pays où la capacité d’unir sobriété analytique et densité informative est extrêmement faible, quel que soit le camp idéologique.

Il y aurait beaucoup à dire sur certains présupposés analytiques et idéologiques de l’extrême-gauche antichaviste tels que les exprime Rodríguez Porras à la fin de son texte. Seulement deux désaccords de fond, qui ne diminuent pas l’intérêt général du texte sur le plan informatif:

 Le problème du chavisme n’est pas qu’il s’est appuyé sur la «bourgeoisie nationale» parce que: a) il n’a guère cherché à le faire vu que Chávez était animé par un ressentiment social profond mais parfaitement provincial, stérile et contre-productif de ce point de vue et n’ayant certes nullement aboli ou dépassé le capitalisme (il a même plutôt approfondi le capitalisme rentier), il a même préféré favoriser les bourgeoisies colombienne et brésilienne, par exemple, que sa propre bourgeoisie ; b) parce que de toute façon il est extrêmement difficile qu’émerge une «bourgeoisie nationale» ayant un minimum de sens de ses responsabilités «développementistes» dans un pays aussi outrancièrement rentier que le «Venezuela saoudite». Il y a des alliances ouvertes et explicites du chavisme avec des secteurs bourgeois concrets, mais elles ont un caractère plus mafieux-opportuniste que stratégique.

 Chávez, Maduro et beaucoup de chavistes croient vraiment et sincèrement qu’ils font du «socialisme», ou vont dans la direction d’un «socialisme». Le problème c’est qu’il s’agit d’un socialisme abstrait, rhétorique, épico-sentimental grandiloquent, hugolien-caritatif-paternaliste (la référence explicite majeure de Chávez pour expliquer son «socialisme» est Les misérables de Victor Hugo), cocardier et passablement caudilliste-militariste qui n’a pas la moindre idée des problèmes et des défis d’une organisation sociale post-capitaliste au XXIe siècle (et encore moins dans une société aux rapports de production aussi tordus et distordus que le Venezuela).

En outre, leur contradiction de fond est qu’ils admirent profondément le modèle cubain (soit un très, très mauvais modèle) tout en sachant fort bien, sans jamais se l’avouer ouvertement, qu’il est impossible à appliquer au Venezuela et serait très massivement et violemment rejeté y compris par la base chaviste. Et d’ailleurs, Castro et les Cubains eux-mêmes ne cessent de leur dire de ne pas appliquer le modèle cubain, justement; ce qui n’empêche pas les Cubains, très pragmatiquement, de s’être très efficacement infiltrés dans l’appareil d’État et surtout dans les services de sécurité vénézuéliens, mais pour contrôler minimalement la situation, pas pour installer un «modèle cubain» au Venezuela. La «solution» de cette contradiction insurmontable, c’est, au lieu d’une politique de réforme sociale structurelle sérieuse, le chaos improvisationnel et la gabegie hallucinante du rentisme redistributeur-compassionnel à la marge, accompagné de la corruption massive et organique et l’impéritie administrative qu’on sait. (Marc Saint-Upéry, 26 février 2014; Marc Saint-Upéry est l’auteur de, entre autres, Le rêve de Bolivar, La Découverte, 2008)

*****

Par Simon Rodriguez Porras

Les images de milliers de manifestants dans les rues des principales villes vénézuéliennes, du déploiement de troupes et des actions de groupes de civils armés ont été diffusées à l’échelle internationale au cours des deux dernières semaines. Elles ont été accompagnées, d’une part, par les déclarations grandiloquentes du gouvernement qui dénonce un coup d’État et, de l’autre, par les allégations de la direction de l’opposition bourgeoise, qui y voit une confirmation supplémentaire du caractère dictatorial du système politique vénézuélien. Quiconque veut comprendre la situation à laquelle nous sommes confrontés ne peut que constater que la présentation des faits est si souvent mêlée à la propagande des factions en présence qu’il est difficile de prendre une position critique. On pourrait dire qu’en elle-même, cette situation n’est pas nouvelle, à 12 ans d’un coup d’État [2002] qui a cristallisé une polarisation politique aiguë. Cependant, l’écart entre la situation actuelle et celle vécue alors est tellement grand qu’à bien des égards, on peut décrire ce qui se passe aujourd’hui comme l’antithèse de 2002.

Victoire électorale, mais 56,2% d’inflation

En décembre 2013, la crise actuelle a été précédée par une victoire électorale du chavisme. S’appuyant sur une campagne contre la spéculation pendant laquelle il est intervenu dans quelques chaînes de magasins, principalement dans le secteur de l’électroménager, le gouvernement a remporté 71,64% des municipalités, obtenant environ 49% des voix, soit près de neuf points de plus que la Mesa de Unidad Democrática (MUD), la coalition des partis de l’opposition bourgeoise. Les dissidents du chavisme ont obtenu 5%, ceux de la MUD un peu plus de 2%, de même que les autres candidatures indépendantes. La MUD avait fait campagne en donnant au scrutin un caractère de plébiscite contre le gouvernement, et elle a échoué en ce sens. Toutefois, la victoire du chavisme est relativisée par l’aggravation de la crise économique.

L’année 2013 s’est conclue sur les indices d’inflation et de pénurie les plus élevés depuis la période initiée en 1999. La fausse promesse du gouvernement selon lequel un «juste prix» des articles de consommation serait consolidé par les interventions des autorités dans le secteur du commerce à la veille des élections a été rapidement et brutalement démentie par la réalité. Sous l’impact des mesures de la Banque Centrale du Venezuela (BCV), qui ont entraîné une augmentation de 70% de la masse monétaire pendant l’année 2013, le taux d’inflation a atteint 56,2%. Pendant les seuls mois de novembre et décembre, en pleine campagne pour le «juste prix», l’inflation a été de 7%. Quant à l’indice de pénurie, d’après la BCV, la moyenne des années 2003 à 2013 était de 13,3%, mais en janvier 2014, elle était de 28% (26,2% dans la catégorie des denrées alimentaires). Entre 2012 et 2013, la surfacturation des importations a dépassé 20 milliards de dollars. Maduro a été obligé d’admettre publiquement que le gouvernement n’avait jamais effectué aucun contrôle a posteriori de l’allocation de devises aux entreprises importatrices. Les réserves internationales ont baissé de 8,017 milliards de dollars en 2013 et se chiffraient  à 21,736 milliards de dollars début 2014.

Face à cette situation, le gouvernement a utilisé le capital politique de sa victoire électorale pour promouvoir des négociations avec la MUD afin d’obtenir son soutien aux mesures d’austérité qu’il souhaitait mettre en œuvre. Dans une volte-face typique du chavisme, dix jours après des élections municipales où il était censé avoir vaincu le «fascisme», Maduro s’est réuni cordialement à Miraflores [palais présidentiel] avec la plupart des maires et des gouverneurs de la MUD. Parmi les diverses propositions discutées à cette occasion a été évoquée une augmentation du prix de l’essence, qui est très fortement subventionnée. Dans un communiqué ultérieur, la MUD a déclaré appuyer cette mesure et annoncé qu’elle mettait «à la disposition de l’exécutif ses ressources techniques et politiques afin d’obtenir le consensus le plus ample autour d’une question d’une telle importance dans la vie des Vénézuéliens» [1]. Au cours de réunions ultérieures avec Maduro et le ministre de l’Intérieur, réunions auxquelles participait le principal dirigeant de la MUD, Henrique Capriles, les autorités régionales et locales ont eu un échange de vue sur la mise en œuvre de plans de sécurité conjoints. De fait, l’impasse qui s’était ouverte avec l’élection présidentielle d’avril 2013, dont la MUD n’avait pas reconnu les résultats, est aujourd’hui surmontée.

Tensions au sein du PSUV et de la MUD

Le 22 janvier, le gouvernement a annoncé une dévaluation de 79% pour les articles d’importation considérés comme non vitaux, ainsi que des quotas de disponibilité de devises pour les personnes voyageant à l’étranger et les achats d’équipement électronique. C’est avec ces mesures qu’a démarré l’ajustement. Malgré le soutien du patronat et de la MUD à une augmentation du prix l’essence, le gouvernement a reporté la mise en œuvre de cette dernière mesure, inquiet de la réaction sociale qu’elle pourrait déclencher. Auparavant, le leadership de Chavez permettait d’imposer des mesures impopulaires avec beaucoup moins de résistance, étant donné son charisme et son prestige personnel auprès d’amples secteurs de la population. Maduro pâtit de handicaps majeurs dans ce domaine, ce qui fait que les négociations avec la MUD et la dévaluation ont été très critiquées par les militants de base chavistes. Dans les luttes entre les factions bureaucratiques du PSUV, des accusations de «droitisation» du gouvernement ont commencé à être lancées publiquement.

Quant à la MUD, sous l’impact de sa défaite électorale, elle a vu s’aiguiser ses rivalités internes. Tandis que l’aile majoritaire dirigée par Capriles et par les partis traditionnels continue à préférer la voie de la négociation et des revendications présentées au gouvernement, l’aile dirigée par Leopoldo López, Voluntad Popular (VP), et par la députée Maria Corina Machado, a lancé le 2 février 2014 une campagne initiée par un rassemblement Plaza Brión, à Caracas, sous l’égide du slogan «la solution est dans la rue».

Fait intéressant, la plupart des mentions de Leopoldo López dans les câbles diplomatiques américains publiés par Wikileaks se réfèrent aux conflits entre le leader de VP avec d’autres dirigeants de l’opposition bourgeoise connus pour leurs liens avec le gouvernement des États-Unis. Les autres participants au rassemblement du 2 février étaient le groupe maoïste Bandera Roja, le maire de Caracas-métropole Antonio Ledezma et le président de la Fédération des Centres universitaires de l’Université centrale du Venezuela, Juan Requesens. Y fut annoncée la convocation d’une manifestation le 12 février à Caracas. Parallèlement, sur l’île de Margarita, un groupe d’activistes liés à cette même tendance organisait une protestation à teneur xénophobe contre l’équipe de base-ball cubain participant au championnat des Caraïbes. Dans le cadre de cette campagne menée par VP, on assiste à partir du 4 février aux premières manifestations étudiantes à San Cristobal et Mérida, villes situées dans les Andes vénézuéliennes. Se présentant comme un secteur plus intransigeant et plus radical, VP et ses alliés au sein de la MUD entendent conquérir la direction de cette coalition et profiter de la situation économique et sociale catastrophique du pays pour gagner des adeptes à une issue réactionnaire à la crise.

Les manifestations du 12 février changent de contenu

Les premières manifestations n’ont été animées que par quelques dizaines de militants, avec un caractère clairement provocateur, comme l’action contre la résidence du gouverneur de Táchira ou les actions armées effectuées  à Mérida. Il y a eu aussi des violences policières, comme à Mérida, par exemple, où un étudiant qui ne participait pas aux manifestations a été grièvement blessé. Des personnes détenues à San Cristobal ont été transférées à la prison de Coro, à 500 kilomètres de distance. Les principaux slogans de ces manifestations visaient l’insécurité, mais au fur et à mesure que s’approchait le 12 février, les appels ouverts à la démission de Maduro ont commencé à se faire entendre.

Parallèlement, le PSUV a commencé à utiliser des groupes de choc parapoliciers pour briser les manifestations, qu’elles soient pacifiques ou violentes, et attaquer des zones résidentielles. Un exemple de ces actions est l’attaque contre la résidence de Mgr Chacón à Mérida, où se déroulait une protestation sous forme de concert de casseroles, et où deux personnes ont été blessées.

Par rapport aux mots d’ordre initiaux, les manifestations du 12 février, qui ont eu lieu dans 18 villes, ont changé de contenu: on y revendiquait la libération des étudiants détenus et la cessation des actions répressives de la police et des groupes parapoliciers. À l’intérieur du pays, où la pénurie et la crise des services publics se font sentir de façon beaucoup plus sévère que dans la capitale, les manifestants ont aussi formulé des revendications liées à ces questions.

Les deux factions de la MUD ont été clairement dépassées par l’ampleur des manifestations, sous-tendues par le mécontentement de larges secteurs de la population face à la crise économique et aux mesures d’austérité mises en œuvre par le gouvernement. Le PSUV a lui aussi organisé des rassemblements et des manifestations le même jour, mais de moindre ampleur.

Opposants à Maduro dans les rues de Caracas le 24 février

À Caracas, on a enregistré des faits qui ont entraîné une évolution majeure dans le développement des protestations. Aux abords du siège du Ministère Public (Fiscalía General), alors que s’était dispersée la manifestation initiée sur la Plaza Venezuela, des groupes d’étudiants et d’activistes ont entrepris d’affronter la police en lançant des pierres et ont provoqué des dommages à la façade de cet édifice gouvernemental. Ils ont été réprimés à balles réelles par la police politique, le Service bolivarien de renseignement national (SEBIN), la Garde nationale bolivarienne (GNB) et des groupes parapoliciers. Le bilan est de deux morts: Bassil Da Costa, un jeune homme abattu par une balle dans le dos,  et Juan Montoya, un membre de la police municipale de Caracas-Libertador (mairie tenue par le chavisme)  qui faisait partie d’un des groupes parapoliciers intervenus contre les protestataires. D’après la famille et les amis de Montoya, c’est un «fonctionnaire» qui lui aurait tiré dessus.

Plus tard, dans un autre quartier de la capitale, l’un des manifestants qui était venu en aide à Da Costa, Roberto Redman, a été assassiné par balles depuis une moto chevauchée par des civils, dont les tirs ont d’ailleurs fait cinq autres blessés. Cette même nuit, dans une rue de l’ouest de Caracas, l’attaché de presse de Provea, une organisation de défense des droits de l’homme [NdT: ayant une large trajectoire progressiste auprès des mouvements sociaux depuis les années 1980], a été séquestré à proximité d’un barrage de police par des hommes armés sans uniforme se présentant comme des agents du SEBIN. Ils lui ont confisqué son téléphone portable et, après l’avoir tabassé et menacé de mort pendant près de deux heures, ont fini par le libérer.

Le quotidien Últimas Noticias, dont la ligne éditoriale est favorable au chavisme, a publié un travail d’investigation documentant amplement les actions du SEBIN aux alentours du bâtiment du Ministère Public et les coups de feu tirés contre un groupe de manifestants qui fuyait la police après la chute de Da Costa [2]. Le président Maduro a commencé par rendre les manifestants eux-mêmes responsables de ces morts, affirmant qu’il s’agissait d’un «scénario» semblable à celui du coup d’État de 2002, mais a ensuite déclaré que les agents du SEBIN avaient agi de leur propre initiative et destitué le chef de ce corps répressif. Il ne fait pas de doute que les actions entreprises par le gouvernement et les groupes parapoliciers le 12 février marquent un tournant. Elles ont entraîné une amplification des protestations, même si Maduro a annoncé ce soir que les manifestations non autorisées par le gouvernement ne seront pas tolérées.

Une analogie non pertinente: 2014, une répétition de 2002

Au moment où j’écris ces lignes, six personnes sont mortes dans les manifestations ultérieures au 12 février, et on estime que près de deux cents ont été blessées par balles et par chevrotines, victimes dans la plupart des cas de l’action des groupes parapoliciers et de la GNB. Quarante personnes ont été détenues. On enregistre de nombreuses plaintes concernant les tortures et les traitements dégradants infligés par les corps policiers et militaires qui participent aux arrestations. Malgré la militarisation de San Cristobal et Mérida, les manifestations se poursuivent, et plusieurs quartiers de ces villes sont paralysés par des barricades [3].

La majorité des informations sur les manifestations circule à travers les médias électroniques, étant donné que les chaînes de télévision privées comme publiques respectent les exigences des autorités de ne transmettre aucune information en direct sur les manifestations, ni aucune nouvelle que la Commission nationale des Télécommunications (Conatel) puisse considérer comme une incitation à la violence.

Vu les difficultés d’accès aux stocks de papier importés, la plupart des journaux privés ont considérablement réduit leur nombre de pages et plusieurs journaux régionaux ont dû fermer leurs portes. En outre, les propriétaires de nombreuses publications privées se sont alignés sur le gouvernement, ce qui a conduit des professionnels des médias, comme dans le cas de la chaîne Capriles, à organiser des assemblées pour s’opposer à la ligne éditoriale de leur direction et à la restriction du droit à l’information. Le gouvernement a même empêché d’émettre plusieurs chaînes internationales par câble et par satellite qui informent sur la situation vénézuélienne.

Le gouvernement a recours à l’expédient de se faire passer pour la victime d’un coup d’État en cours d’exécution et de comparer la situation actuelle avec celle d’avril 2002. Il est toutefois impossible de soutenir rationnellement une telle comparaison. On n’enregistre en effet aucune déclaration contre le gouvernement ni aucune défection au sein des forces armées, dont la hiérarchie – officiers généraux et officiers supérieurs – est complètement alignée sur le gouvernement et sur la fraction de la bourgeoise qui dirige l’État. Cette dernière est principalement constituée par un secteur de nouveaux riches mieux connus par la population sous le sobriquet de «bolibourgeoisie», et dont beaucoup sont d’ailleurs eux-mêmes militaires.

La plupart des dirigeants de la MUD ne partagent pas le mot d’ordre de «démission» impulsé par VP et polémiquent publiquement avec Leopoldo López. L’organisation patronale Fedecámaras n’appelle nullement à la grève, pas plus que la bureaucratie syndicale liée à la MUD. En plein milieu de la crise, le plus puissant capitaliste du pays, Gustavo Cisneros, a annoncé son soutien au gouvernement, tandis que la transnationale Repsol vient de signer un accord de financement de PDVSA de 1,2 milliard de dollars. La hiérarchie de l’Église catholique s’abstient de jeter de l’huile sur le feu et soutient plutôt les plans de «pacification» du gouvernement.

Maduro s’est peu à peu rapproché des positions du gouvernement des États-Unis et, il y a moins d’un an, le ministre des Affaires étrangères Elías Jaua et le secrétaire d’État John Kerry se sont réunis pour annoncer leur intention d’améliorer les relations diplomatiques entre les deux pays. On voit mal comment le fait que Leopoldo López se soit volontairement livré aux autorités, qui avaient ordonné sa capture en tant que responsable des morts du 12 février, peut s’inscrire dans la logique d’une imminente conquête militaire du pouvoir par les armes.

Il est vrai que l’ensemble des dirigeants de la MUD, qu’il s’agisse de l’aile de Capriles ou de celle de López, ont été impliqués dans le putsch de 2002 et que le coup d’État fait partie de la gamme d’options de l’opposition bourgeoise. Mais objectivement, il n’existe aucun indice que ce soit ce scénario qui soit en train de se dérouler en ce moment. En revanche, on peut constater les atteintes aux libertés démocratiques mises en œuvre par le gouvernement, avec l’alibi que lui fournit sa propagande antipustchiste.

Par conséquent, la tâche principale de la gauche et des organisations sociales est de s’opposer à ces violations des libertés démocratiques, tout en continuant à proclamer que la MUD ne représente pas une alternative politique susceptible de résoudre les problèmes dont souffre la majorité de la population.

La jonction entre la question démocratique et le projet social de transformation

L’utilisation par le gouvernement de forces parapolicières pour dissoudre les manifestations est une méthode ultraréactionnaire que nous condamnons. L’exercice de la censure, que ce soit par le biais d’accords entre le gouvernement et les propriétaires des médias ou par la coercition, implique dans tous les cas une violation du droit à l’information. On constate clairement ici l’incompatibilité de ce droit tant avec la propriété privée des médias qu’avec la gestion bureaucratique des médias étatiques.

Le SEBIN, un corps répressif ayant une longue histoire de violations des droits de l’homme depuis sa création sous le nom de DISIP en 1969, doit être dissous et les archives de la répression doivent être ouvertes au public. Toutes les personnes détenues pour avoir protesté doivent être libérées, et une commission impliquant les organisations de défense des droits de l’homme doit être mise sur pied pour enquêter sur la répression et les assassinats commis par la police, l’armée et les groupes parapoliciers à l’occasion des manifestations. Au-delà des protestations, les procès menés contre plus de trois cents ouvriers, paysans et indigènes autochtones en lutte doivent être suspendus. Il s’agit là de revendications démocratiques que quiconque se prétend démocrate ou révolutionnaire doit soutenir et qui s’opposent à la doctrine de sécurité nationale invoquée par Maduro pour placer les intérêts de l’État au-dessus des droits sociaux.

Avec les jours qui passent, la protestation – dont la principale expression est le cacerolazo, concert de casseroles – s’étend aux secteurs populaires de Caracas et d’autres villes, dans des quartiers qui furent longtemps des bastions du chavisme. Le malaise face à la politique d’austérité du gouvernement, qui pèse sur la majorité appauvrie, dépasse complètement la direction du MUD, qui n’a rien à dire à ce sujet. De toute évidence, elle n’a aucune proposition à faire pour la combattre vu son alignement sur le patronat, sur le capital transnational et sur les gouvernements impérialistes des États-Unis et d’Europe.

L’élaboration d’une plateforme de revendications et économiques et sociales, outre les revendications proprement démocratiques, est une tâche que seules peuvent accomplir les organisations sociales et de gauche non alignées ni sur le gouvernement ni sur la MUD. Dans un article intitulé «Venezuela», le fameux chanteur panaméen Ruben Blades a appelé les étudiants vénézuéliens à «s’organiser en dehors de la division stérile créée par le gouvernement et l’opposition» et à «manifester clairement qu’ils n’accepteront pas comme uniques alternatives les options avancées par les deux camps en conflit». Malheureusement, aujourd’hui, le mouvement étudiant est coopté par l’opposition bourgeoise au gouvernement. Il existe toutefois des organisations politiques à contre-courant, dont le Parti Socialisme et Liberté (PSL), qui tentent de faire surgir une perspective autonome face à la crise, tant au sein du mouvement étudiant que du mouvement ouvrier et populaire.

Le désastre économique et social a dissipé les illusions du projet chaviste. La tentative de surmonter les problèmes structurels de notre pays dans le cadre du capitalisme en s’appuyant sur le protagonisme de la bourgeoisie nationaliste, des militaires et d’un parti de type corporatif a échoué et se trouve dans un état de décomposition avancée. Les programmes d’aide sociale mis en place après la défaite du coup d’État de 2002 ont dépassé l’apogée de leur efficacité et sont entrés dans une dynamique récessive depuis 2007. On assiste à une accentuation de la corporativisation des organisations sociales, au renforcement d’un cadre juridique qui restreint le droit de grève et de manifestation et à une utilisation accrue de l’appareil répressif et administratif pour résoudre les conflits sociaux. On a des exemples clairs de cette politique avec l’emprisonnement du leader indigène yukpa Sabino Romero et du syndicaliste Rubén González entre 2009 et 2011 et avec la récente arrestation de dix travailleurs du pétrole qui participaient à une assemblée dans la raffinerie de Puerto La Cruz, dont le secrétaire général de la Fédération unie des Travailleurs du pétrole (FUTPV), José Bodas. Ajoutons à cela une débâcle économique qui n’empêche toutefois pas  les secteurs transnationaux enkystés dans l’industrie pétrolière, la banque privée et les importateurs de s’en tirer à très bon compte. L’utopie réactionnaire d’un «socialisme avec capitalistes» s’est effondrée. Il revient à la gauche révolutionnaire de récupérer les drapeaux du socialisme que le chavisme a utilisé à ses propres fins.

D’après les chiffres officiels, plus de neuf millions de personnes, soit un tiers de la population, vivent dans la pauvreté. Près des trois quarts des travailleurs du secteur public gagnent des salaires inférieurs au coût du panier alimentaire, qui s’élève à plus de deux fois le montant du salaire minimum. C’est seulement chez les militaires que les augmentations de salaires sont supérieures à l’inflation.

Il ne fait pas de doute que la classe ouvrière est susceptible de jouer un rôle décisif pour affronter la politique économique du gouvernement, la régression des droits démocratiques et formuler des revendications telles qu’une augmentation générale des rémunérations, un salaire minimum indexé sur le coût du panier alimentaire, l’élimination de la TVA, une véritable nationalisation de l’industrie pétrolière – sans intervention de joint-venturesou d’entreprises transnationales –, une réforme agraire garantissant l’augmentation de la production agricole et l’accès à la terre pour ceux qui la travaillent, le sauvetage des grandes industries guyanaises et des entreprises d’État, le soutien aux revendications territoriales des peuples autochtones, la suspension du paiement de la dette extérieure et l’abrogation de traités comme celui qui instaure la double imposition avec les États-Unis et d’autres pays, autant d’instruments qui permettent aux multinationales de ne pas payer plus de 17 milliards de dollars d’impôts chaque année. Le PSL promeut pour début mars à Caracas une réunion d’organisations syndicales et populaires pour débattre d’une plateforme unitaire de revendications et d’un plan de mobilisation. Les travailleurs, les étudiants et les secteurs populaires ont la possibilité de parler avec leur propre voix et de se refuser à devenir chair à canon du gouvernement ou de la MUD. (23 février 2014, traduction par Marc Saint-Upéry, les sous-titres sont de la rédaction de A l’Encontre)

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[1] http://www.el-nacional.com/politica/MUD-dispuesta-participar-aumento-gasolina_0_321568006.html

[2] http://laclase.info/nacionales/tiro-limpio-repelieron-manifestacion-del-12f

[3] Le lundi 24 février, José Gregorio Vielma Mora, gouverneur de l’Etat de Tachira, a déclaré: «Je suis contre l’idée qu’on utilise des armes face à des manifestants pacifiques. Tous ceux qui sont en ce moment emprisonnés pour des raisons politiques, qu’on les laisse rentrer chez eux. Y compris Leopoldo Lopez. De plus, il n’était absolument pas nécessaire de faire voler des avions militaires au-dessus de l’Etat de Tachira. C’est une très grave erreur.» Le mercredi 26 février doit se tenir une «conférence nationale pour la paix», convoquée par le président Nicolas Maduro. «Une réunion à l’attention de tous les secteurs, politiques et sociaux du pays». L’invitation au dialogue est adressée à l’Eglise, aux entreprises et à l’opposition. Henrique Capriles l’a refusée. Antérieurement à sa tenue, il exige «la libération de Leopoldo Lopez et des étudiants détenus comme préalable à la paix». (Réd. A l’Encontre)


Les travailleurs face à la crise économique et sociale

Publié par Alencontre le 1 - mars - 2014

Déclaration du Courant classiste, unitaire, révolutionnaire et autonome (C-cura)

Le pays vit des moments de tensions et d’effervescence sociale. La cause fondamentale des protestations et des mobilisations des derniers jours – au-delà du rejet des actions répressives policières, militaires et parapolicières – réside dans le fort mécontentement populaire qui s’est accumulé suite à la grave crise économique et sociale à laquelle le gouvernement de Nicolas Maduro cherche à répondre en appliquant une politique d’ajustement économique qui reporte le poids de crise sur les épaules des travailleurs et du peuple.

La dévaluation appliquée par le gouvernement Maduro se traduit par coup dur contre les déjà maigres salaires des travailleurs, cela dans un contexte d’hyperinflation. Le gel des contrats collectifs dans le secteur public et la non-application des obligations légales et contractuelles par les patrons des secteurs publics et privés s’appuient sur le refus de prendre en considération les syndicats (autonomes) et sur la criminalisation des luttes que livrent les travailleurs en défense de leurs droits.

Des centaines de travailleurs, d’indigènes, de paysans et d’étudiant·e·s doivent faire face à la justice pour fait de manifestation, cela comme un élément d’une escalade répressive qui vise à freiner le processus de mobilisations qui s’est traduit par 15’231 protestations sociales au cours des trois dernières années.

José Bodas

Notre courant syndical – la C-cura – par son engagement inconditionnel pour les intérêts des travailleurs a souffert directement des coups portés par des hommes de main et des persécutions conduites par des patrons du public et du privé. L’attaque la plus récente de la part de la bolibourgeoisie [la bourgeoisie bolivarienne dépendante de la rente pétrolière et de l’appareil d’Etat dans lequel les militaires disposent de positions importantes] et l’ouverture d’un procès contre José Bodas, secrétaire général de la Fédération unitaire des travailleurs du pétrole (FUTPV) et dirigeant de notre courant. Ce procès frappe aussi 9 travailleurs du secteur pétrolier. C’est une action de représailles contre la mobilisation de la raffinerie de Puerto La Cruz, mobilisation défendant la participation du syndicat dans la discussion concernant le nouveau contrat collectif de la branche.

A l’inflation de 56,2% pour l’année 2013 s’ajoute le désapprovisionnement (manque de biens, pénuries) qui se situe, selon la banque centrale, à hauteur de 28% pour le mois de janvier 2014 et à 26,2% pour les biens alimentaires. Toutes les attentes provoquées par le gouvernement sur une prétendue politique de «prix justes» sont apparues comme illusoires. Il s’ensuit que l’inflation ronge les salaires. Durant le mois de janvier 2014, la perte se situe à 3,3%. L’augmentation minimale de 10% décrétée au début de l’année 2014 équivaut à une compensation d’environ 10 bolivars par jour, alors que, selon Elias Eljuri, président de l’Institut national de statistiques, il faudrait au moins 2 salaires minimums pour couvrir les besoins de base d’une famille.

Le mouvement étudiant a développé des revendications démocratiques contre l’utilisation de groupes parapoliciers lors de la répression de leurs manifestations et contre les excès répressifs des corps policiers et de la Garde nationale bolivarienne (GNB). Il est certain que le gouvernement Maduro a affronté les récentes mobilisations en les réprimant à travers le SEBIN (Service bolivarien de renseignement national) et de la GNB [1]. On déplore 10 morts et des centaines de blessés et détenus [dont une partie a été libérée]. Nous considérons que ces revendications démocratiques doivent s’intégrer à un ensemble de revendications sociales et économiques qui offrent une réponse au mécontentement de millions de personnes qui souffrent des conséquences de la crise économique et des politiques d’ajustement du gouvernement.

Mais, aujourd’hui, ils ne se mobilisent pas à cause de la défiance, justifiée, qu’ils ont face aux directions politiques qui composent la MUD (Mesa de Unidad Democrática ; la Table d’unité démocratique), ce rassemblement de forces qui ont déjà gouverné le pays durant la période de l’accord enzre les trois formations bourgeoises dit de Punto Fijo (datant 1958, suite à la dictature) et qui se sont opposées aux aspirations populaires. Ces forces représentent les intérêts patronaux et pro-impérialistes.

C’est pour cette raison que – en toute autonomie face aux deux blocs partisans (les forces dirigeantes du gouvernement et la MUD) qui hégémonisent actuellement la politique vénézuélienne – nous devons unifier les efforts et les forces, depuis le bas, pour rendre visibles nos exigences face aux pénuries, à l’inflation, aux violations des droits des travailleurs, à la crise du système public de santé, aux déficits concernant le logement et à la détérioration des services publics.

De la même façon il s’agit d’incorporer les revendications propres des étudiant·e·s, en instaurant un budget plus juste pour l’éducation, en démocratisant les instances de direction des universités.

Malheureusement la majeure partie des directions syndicales a décidé soit de s’aligner, soit avec le gouvernement Maduro, soit sur la MUD. Cela rend difficile l’expression par les travailleurs et les travailleuses de leurs propres revendications dans le contexte actuel. La marche convoquée par le gouvernement et la bureaucratie, la semaine passée [18 février] pour valider le contrat passé dans le secteur pétrolier en constitue un exemple. De son côté, quelques-unes des directions syndicales qui font partie de l’Unité d’action syndicale ont signé un manifeste pour le dialogue social dans lequel elles rejettent, avec raison, la répression policière et parapolicière, appellent à la dissolution du SEBIN et demandent que cesse la criminalisation des protestations. Toutefois, elles appellent à protéger les intérêts des investisseurs en proposant une alliance entre travailleurs et capitalistes, position qui enlève tout caractère de classe à leur manifeste. Et elles n’avancent, dès lors, aucune exigence sociale et économique. Ce qui est encore plus préoccupant.

Ces différences font que ni la C-cura ni la UNETE (Union nationale des travailleurs) n’ont signé un tel manifeste. Nous sommes en faveur d’une amnistie générale de tous les lutteurs sociaux qui sont déférés devant les tribunaux. Nous demandons une enquête, avec la participation d’organisations de défense des droits de l’homme, qui puissent déterminer les responsables matériels et intellectuels des morts et des blessés, actes commis à l’occasion d’attaques armées contre les manifestations. Nous appelons à la solidarité des responsables des médias et des travailleurs des moyens de communication, qu’ils soient privés ou étatiques, afin de rejeter les pressions du gouvernement pour réduire le droit à l’information.

De même, nous sommes en faveur d’un Plan économique et social alternatif pour que les secteurs populaires ne paient pas la crise et pour la faire payer à ceux qui l’ont provoquée: à la bureaucratie gouvernementale et à ses alliés du secteur patronal. Nous exigeons une augmentation générale des salaires, un salaire minimum couvrant les besoins de base d’une famille, l’ouverture des réelles négociations sur les contrats collectifs arrivés à échéance, l’exécution des engagements non respectés par les patrons, la suppression de la TVA, la nationalisation de l’industrie pétrolière sans entreprises mixtes ni transnationales, le sauvetage de la Corporacion Venezolana de Guyana (complexe de 15 entreprises spécialisées dans l’extraction de minerais) et des entreprises de ciment. Et, enfin, que soient respectés les droits territoriaux des peuples indigènes.

Avec l’unité des travailleurs et des secteurs populaires, il est possible de présenter une alternative depuis le bas face aux options que prétend nous imposer le pouvoir et qui vont à l’encontre des aspirations économiques et sociales de la majorité de la population. Nous appelons toutes les directions syndicales à défendre les intérêts de la classe ouvrière et à impulser un programme autonome de revendications pour l’opposer aussi bien aux choix du gouvernement qu’à ceux de l’opposition patronale. Nous réaliserons une Rencontre syndicale et populaire dans la ville de Caracas durant la première partie du mois de mars, pour déterminer une position autonome face à la crise nationale. Ainsi, dans les faits, nous avancerons vers la refondation du mouvement syndical et nous dépasserons la polarisation stérile qui a affecté l’initiative politique du mouvement ouvrier au cours des dernières années. (Déclaration publiée sur le site La Cl@se Info le 26 février 2014; traduction de A l’Encontre)

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[1] Selon l’AFP, ce vendredi 28 février, la procureure générale du Venezuela, Luisa Ortega Diaz, a admis devant la presse que 27 enquêtes avaient été ouvertes en raison d’exactions supposées des autorités. «Le ministère public ne va permettre sous aucun prétexte que soient violés les droits de l’homme», a-t-elle souligné. Elle a livré un bilan de ces semaines de manifestations, faisant état de 17 morts et 261 blessés. (Rédaction A l’Encontre)

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