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Billet de blog 9 juin 2012

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Non, à l'apologie de Pinochet !

Ce dimanche 10 juin 2012, l’anachronisme politique dans lequel vit encore une minorité aisée de chiliens enrichis par les privatisations durant la dictature de Pinochet, les conduit à apparaître à nouveau et revendiquer la période dictatoriale 1973-1990, en organisant un hommage apologétique à Pinochet ( voir video, ci-dessus) dans le théâtre  Caupolican de Santiago, cinq ans et demi après sa mort tranquille.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce dimanche 10 juin 2012, l’anachronisme politique dans lequel vit encore une minorité aisée de chiliens enrichis par les privatisations durant la dictature de Pinochet, les conduit à apparaître à nouveau et revendiquer la période dictatoriale 1973-1990, en organisant un hommage apologétique à Pinochet ( voir video, ci-dessus) dans le théâtre  Caupolican de Santiago, cinq ans et demi après sa mort tranquille.

« Il y a un secteur incrusté dans les pouvoirs économiques, politique et médiatiques que considère que le régime militaire fut nécessaire et que les crimes [de la dictature] se justifiaient, dans la mesure où ils pouvaient s’interchanger par une croissance économique » signale le sociologue Manuel Antonio Garreton à Santiago.

Lorena Pizarro, présidente de l’AFDD (Asociacion de familiares detenidos-desaparecidos) pour sa part a déclaré que “la transition [vers la démocratie], basée sur la  politique de consensus [entre les héritiers politiques de Pinochet et les partis institutionnels qui ont gouverné après Pinochet], n’a pas défini depuis l’Etat une politique de droits de l’homme qui génère une conscience du « plus jamais ça » ».

L’AFDD a fait appel aux tribunaux de justice pour empêcher cet acte apologétique. La Justice chilienne a refusé cette demande et a autorisé la réalisation de cette réunion. L’AFDD a appelé à « funar » (manifestation pacifique de dénonciation) cet acte. Des parlementaires et l’Institut National de Droits de l’Homme, ont répudié l’organisation de l’hommage-apologie.

L’organisateur de cette apologie de la période pinochetiste est Juan Gonzales, ancien lieutenant de l’armée chilienne, qui préside la Corporation 11 septembre (date du putch). Il a été reçu dans les medias du Chili où il a développé les thèses révisionnistes en relation aux crimes commis par le terrorisme d’Etat appliqué par les forces armées chiliennes. Le comble, c’est que sa propre sœur Francisca Gonzalés a été torturée, et a déclaré « l’entendre me blesse ».

Guillermo Garin, collaborateur du régime et vice-président de la Fondation Pinochet, se référant aux personnes assassinées par la dictature, a affirmé que « cette quantité de personnes, si on la compare avec des confrontations passées dans d’autres pays, en particulier pendant la guerre froide (…), est négligeable ». Un « détail de l’histoire » comme dirait J-M Le Pen, dont sa fille Marine Le Pen, est officielment invitée par les organisateurs à participer à Santiago dans cet ignominieux hommage au bourreau des travailleurs et intelectuels chiliens.

A Paris, cette après midi du 9 juin 2012 sur l’esplanade de Droits de l’Homme à Trocadero des étudiants chiliens à Paris, des exilés politiques chiliens ont manifesté leur condamnation de cet hommage ignominieux, en compagnie de membres de la Commission éthique contre la torture-France ainsi que de l’Association d’ex-prisonniers politiques chiliens en France, dont vous pouvez trouver leurs communiqués distribués cette a.m., après la lettre envoyée au Président chilien Piñera par les asociations chiliennes qui conservent la mémoire des crimes du régime qui a mis en place le néo-liberalisme au Chili, en l'utilisant comme laboratoire pour le metropoles capitalistes.


Santiago le 6  Juin, 2012


M. Sebastián Piñera Echeñique
Président de la République du Chili.

 
Nous souhaitons vous exprimer ce qui suit: Le 10 Juin 2012, la « Corporation 11 Septembre » réalisera au Théâtre Caupolicán de Santiago, une cérémonie en hommage au dictateur Augusto Pinochet, semblable à celle qui s'est tenue au « Club Providence » en l’honneur du  violeur des droits de l'homme, Miguel Krassnoff Martchenko.

En tant qu’organisations des droits de l’Homme nous tenons à vous rappeler que permettre de telles cérémonies, en tant que Président de la République et gouvernement, est en contradiction avec l'essence même d'un régime démocratique, qui doit se caractériser par la défense et la promotion des droits de l'homme et par la sanction judiciaire, sociale et morale de ceux qui ont commis ou sont responsables de crimes contre l'humanité, comme ce fut le cas du dictateur Augusto Pinochet Ugarte. Certes, ce devoir n’est plus respecté à partir du moment où le gouvernement n’a pas voulu  rejeter et interdire cette grave violation à la mémoire, à l'intégrité physique et psychologique des familles des victimes et à l’Etat de Droit lui-même.

Monsieur le Président,  rendre hommage à un dictateur, est un acte de violence extrême qui porte atteinte à  l'histoire récente de notre pays, qui souffre encore des blessures des crimes commis et du manque de vérité et de justice. Pire encore, prétendre  par cet hommage, mettre en valeur des éléments anti-démocratiques, tel que l’autoritarisme, la terreur d'État, la suppression des libertés, constitue un affront envers ceux qui défendent et soutiennent  la démocratie.

Un élément qui aggrave les faits, c'est que cette activité a été conçue depuis la prison de Punta Peuco par Alvaro Corbalán Castilla, condamné, emprisonné, mais qui jouit de la liberté d'organiser cette honteuse initiative revendiquant  le terrorisme d'État. Ce seul fait est suffisant pour exiger son interdiction.

Pour justifier cet affront, on a utilisé un argument fallacieux celui de l’égalité morale de deux camps.  Nous disons, Monsieur le Président, que les criminels sont des criminels et leurs victimes sont de notre famille, donc nous ne sommes pas égaux. Ils sont sur le côté de la criminalité, nous, du côté de la justice.

Cette stratégie de déformation de l'histoire et de la mémoire ne peut être acceptée dans une société où récupérer l’Etat de droit a coûté des milliers de vies et d’innombrables souffrances. Vous savez que le gouverneur de la région de Santiago, Mme Cecilia Perez, a le pouvoir d'interdire cette activité, nous espérons qu’il en sera ainsi. Ne pas le faire signifierait que n’importe quel criminel organise depuis la prison un hommage à un trafiquant de drogue, un voleur ou un  meurtrier, ce qui serait inacceptable.

Nous affirmons que la démocratie doit nous protéger contre les actes qui l’outragent, que nous devons en prendre soin comme un bien social permanent, que nous avons tous le devoir de séparer clairement et sans ambiguïté ceux qui ont commis des crimes de ceux qui défendent la vie, comme les organisations signataires de cette lettre.

Pour ces raisons, nous demandons que, en votre qualité de Chef de l'Etat vous preniez une position claire et que vous utilisiez tous les outils juridiques et administratifs pour interdire cet hommage, car il porte atteinte à notre mémoire, aux droits de l'homme et, finalement, à la démocratie que jour après jour nous essayons d’approfondir.
Si la « Corporation  11 Septembre », avec la collaboration  du criminel Alvaro Corbalán Castilla, a l'intention de poursuivre cette activité, nous avons un devoir moral devant l'histoire, les victimes de la dictature et la démocratie elle-même, d'exprimer publiquement notre refus.

Signataires :

Agrupación de Familiares de Ejecutados Políticos.
Agrupación de Familiares de Detenidos Desaparecidos.
Corporación de Promoción y Defensa de los Derechos del Pueblo.
Corporación Parque por la Paz Villa Grimaldi.
"Colectivo 119, familiares y compañeros".
Londres 38, espacio de Memorias.
Corporación FORJA.
Fundación 1367 José Domingo Cañas.
Marineros Antigolpistas de 1973.
Comisión Ética Contra La Tortura . Commission Ethique Contre la Torture - France
Movimiento de Integración y Liberación Homosexual (Movilh).
Corporación Paine, Un Lugar Para la Memoria.
Agrupación de Familiares Detenidos Desaparecidos de Paine.
Memorial Nido 20.
Estadio Nacional, Memoria Nacional



Commission éthique contre la torture-France

Communiqué

Le Secrétariat européen de la  Commission éthique contre la torture, face à l’hommage à Pinochet programmé dimanche prochain à Santiago du Chili, se doit d’informer  l’opinion publique sur la dite démocratie chilienne.

En effet, quelques mois après un hommage réalisé à Santiago à l’un des chefs de la DINA , la Gestapo de Pinochet, un autre aura lieu ce dimanche 10 juin, cette fois-ci pour célébrer la mémoire du dictateur lui-même.

Cela peut nous stupéfier, mais au Chili ceci est cohérent et révélateur de la démocratie verrouillée depuis sa mise en place en 1990 : elle a été le fruit d’un véritable pacte par lequel  la classe politique s’est engagée à pérenniser la constitution de Pinochet, l’impunité aux criminels, et la continuité du néolibéralisme sauvage instauré  à sang et à feu par la dictature.

Que la droite parvenue au gouvernement revendique ainsi le terrorisme d’Etat cela va de pair avec l’application des lois pinochetistes pour réprimer et criminaliser les mouvements sociaux, alors que juste une poignée des plus grands criminels de la dictature sont emprisonnés (dans une prison de luxe) et d’autres bénéficient de réductions de peines scandaleuses. Les lois anti-terroristes créés jadis pour annihiler la résistance sont appliquées aujourd’hui pour réprimer les populations autochtones qui se battent pour leurs terres, les étudiants qui luttent pour une éducation accessible à tous (les études au Chili sont parmi les plus chères au monde), les simples citoyens qui tentent de faire valoir leur droits dans un pays où règne une inégalité extrême, où les forêts, les montagnes et la mer sont saccagées par les multinationales auxquelles les gouvernement successifs ont bradé le pays.

L'hommage à Pinochet est une provocation indécente, intolérable, non seulement  pour les  familles de ses victimes et les survivants de ses geôles, mais pour tous ceux qui ont subi la violence du régime.

Ce cauchemar est à nos portes, la violence de la paupérisation que subissent les populations en Europe, la répression qui s’installe, sont les conséquences d’une dictature économique mondiale. Protester contre cet hommage c’est affirmer notre refus d’une société basée sur l’escroquerie et l’injustice. Faisons chœur avec les citoyens révoltés de l’extrême sud du Chili qui scandaient tout récemment  « Ton problème c’est mon problème » !

A Paris, le 8 juin 2012


 Association d’Ex Prisonniers Politiques Chiliens - France

Paris, 8 Juin 2012

L’hommage au dictateur Pinochet constitue un grave défi, non seulement à la PAIX et à la TRANQUILLITÉ démocratique de notre pays, mais il représente une flagrante provocation à l’opinion publique chilienne qui, dans son immense majorité, a toujours répudié les crimes de ce sinistre personnage.

L’acceptation de cette odieuse manifestation de la part du gouvernement chilien n’est pas un signe de tolérance démocratique ni de respect des libertés politiques. NON. Ceci constitue une complicité coupable, ou dans le meilleur des cas, la démonstration d’une inquiétante faiblesse institutionnelle. Ceux qui ont le devoir d’assurer la paix et la tranquillité citoyennes manquent gravement à leurs responsabilités en permettant ces actes de désordre revanchard.

Notre association, qui réunit des victimes directes de la terreur pinochetiste, dénonce la grossière nostalgie de ces sbires et la banalisation des crimes commis par une dictature représentant la période la plus sombre et terrifiante de notre histoire.

Il semble incroyable que dans notre pays,

  • Il y ait des personnes qui pensent que TUER des milliers de citoyens constitue un acte normal et patriotique.
  • Il existe des individus pour qui la séquestration, la torture, la disparition forcée et les assassinats d’autres chiliens soient des actes justifiables.

Ce sont les mêmes qui continuent à défendre la mémoire de criminels comme Hitler ou Franco, qui continuent à justifier le régime nazi ; qui pensent encore que les six millions de morts de l’holocauste étaient justifiés. Ces gens iront au Caupolicán encourager le crime et rendre hommage à la mort.

NON aux criminels et à leurs complices !

NON à l’hommage aux tortionnaires et aux assassins !

NON à l’exaltation de la barbarie !

Association d’Ex Prisonniers Politiques Chiliens - France

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