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L'implication de Piñera dans les Pandora Papers.
Parmi les nombreuses personnes impliquées dans les révélations des "Pandora Papers" concernant l'évasion fiscale par dissimulation de leurs fortunes et de leurs entreprises dans les centres financiers des paradis fiscaux, figure le président Piñera, qui utilise sa famille comme de prête-nom, ainsi que son ami Carlos Alberto Délano, qui a déjà été condamné pour financement politique illégal dans « l'affaire Penta », affaire de corruption, de fraude fiscale et de financement illégal notamment de l’ Unión Demócrata Independiente (UDI). Les deux hommes ont conclu en décembre 2010 la vente et l'achat, pour un million de dollars, dans l'intérêt de Piñera et de son épouse Cecilia Morel dans Minera Dominga, d’abord un acte notarié à Santiago et ensuite par autre dans le paradis fiscal des îles Vierges britanniques. Et finalement, lors du paiement final lié à une clause restée secrète dans l'accord, comme nous verrons ci-dessous. L'exploitation minière devait avoir lieu dans une zone située à proximité de la réserve nationale des pingouins de Humboldt, qui abrite des espèces protégées. L'installation de cette exploitation minière est contestée par les organisations de protection de la nature.

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Par conséquent, cet achat et cette vente ont été effectués en trois paiements. Le troisième paiement était conditionné au fait que le secteur ne soit pas transformé en zone d'exclusion ou ne devienne pas un parc national ou une réserve nationale, ce qui empêcherait irrémédiablement le développement du projet Dominga dans cette zone, ainsi que la construction d'un port à 50 kilomètres. La modification des conditions détaillées dans le document de vente et d'achat dépendait presque exclusivement de la volonté du président de la République Sebastián Piñera (mars 2010-mars 2014, premier de ses 2 mandats), Piñera étant un parent de l'un des principaux partenaires de la partie vendeuse. Le conflit d'intérêts était énorme et est resté inaperçu jusqu'à aujourd'hui.
L’accusation constitutionnelle contre Piñera.
Bien que l'emplacement de l'entreprise minière Dominga n'ait pas été déclaré zone protégée et que le projet doive encore faire face à d'importants défis pour être approuvé, Piñera a fait face à une accusation constitutionnelle, puisque la transaction dans les îles Vierges britanniques était inconnue, ainsi que la clause du troisième paiement conditionné. L'acte d'accusation a été approuvé par le Congrès le 9 novembre 2021. Cependant, ceux qui ont poussé cette mise en accusation, sont des candidats à l'élection au Sénat, qui a lieu en même moment que les élections présidentielles ce 21/11/2021, et qui souhaitaient se mettre en avant. Néanmoins, les 2/3 du quorum étaient nécessaires pour que l’accusation constitutionnelle soit adoptée au Sénat, ce qui n'était pas assuré. Le Sénat a traité la mise en accusation le 16 novembre 2021. Même la candidate à la présidence, Yasna Provoste, avait estimé qu'il convenait d'éviter une situation d'instabilité politique pour l'exécutif en pleine élection présidentielle ce 21 novembre, mais elle n'est pas intervenue auprès de ses députés DC. En effet, le 16 novembre 2021, le Sénat a rejeté l'accusation constitutionnelle, qui comportait deux chapitres, et deux votes distincts. Le premier pour "avoir ouvertement enfreint la Constitution et les lois", relatif à l'implication de Piñera dans le projet minier de Santa Dominga, dénoncé dans les "Pandora Papers". Ce premier chapitre n'a obtenu que 24 voix pour, sur les 29 requises par le quorum des 2/3, 18 contre et 1 abstention. Et pour le deuxième chapitre : " Ayant gravement compromis l'honneur de la nation en ne respectant pas les normes internationales et en portant atteinte à la réputation de la présidence de la République ", le vote a été de 22 pour, 20 contre et 1 abstention. Ce qui a fait dire à l’historien Sergio GREZ dans un twitter que « le rejet de l'accusation constitutionnelle contre Piñera au Sénat n'était rien d'autre qu'un show pour regagner de la crédibilité, de la part des parlementaires de l'opposition qui l'ont sauvé le 15 novembre [2019, en approuvant l’Accord pour la Paix et une Nouvelle Constitution] et ont soutenu ses lois répressives ».
Piñera, objet d’une enquête du ministère publique chilien sur délit de corruption, pots-de-vin, d'éventuels délits fiscaux.
Vendredi 8 novembre, le ministère public du Chili a ouvert une enquête d'office contre le président Sebastián Piñera. Le procureur national Jorge Abbott a chargé Claudia Perivancich Hoyuelos, l'une des procureures de l'enquête les plus fiables de Jorge Abbott. La même procureure qui, à Valparaiso, est chargée des accusations contre le président Piñera pour les affaires de droits de l'homme suite au 18-O de Valparaiso, une enquête toujours en cours.
"Le procureur national a pris cette décision compte-tenu du fait que les informations de base pourraient avoir le caractère d'un délit de corruption, avec son corrélat de pots-de-vin, d'éventuels délits fiscaux, le tout faisant finalement l'objet d'une enquête", a déclaré Marta Herrera, responsable de l'unité de lutte contre la corruption du bureau du procureur dirigé par Claudia Perivancich Hoyuelos. Jorge Abbott n'a aucune garantie que cette enquête sera menée jusqu'au bout (50).
En fait, dans une conversation avec "CIV noticias", le député Saffirio a déclaré : " Il [Jorge Abbott, procureur national] a été l'expression la plus évidente qu'il protège les groupes de pouvoir ".
Outre Piñera, huit autres capitalistes chiliens figurent dans les "Pandora Papers" : Iris Fontbona, la famille Luksic, Julio Ponce Lerou, Horst Paulmann, Roberto Angelini, Álvaro Saieh, Patricia Angelini et Luis Enrique Yarur, qui ont vu leur fortune augmenter de 73 % en 2020. Et Piñera accumule une fortune totale de 2,9 milliards de dollars.